Baromètres Ernst & Young et Fiducial - Deux baromètres pour deux visions


vendredi 2 juin 20175 min
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Le cabinet d’audit financier Ernst & Young, devenu EY, publie la 16e édition de son baromètre sur l’attractivité de la France. Les résultats de cette étude sont « porteurs d’espoir », selon le président Jean-Pierre Letartre, qui y voit des « signaux positifs ».

Du côté du moral des dirigeants, le traditionnel baromètre des TPE commandité par Fiducial et réalisé par l’Ifop révèle un 2e trimestre 2017 terne, « où le pessimisme » a primé. Cette 66e enquête de conjoncture montre une forte destruction d’emploi et n’est pas plus optimiste du côté de l’investissement des TPE : « faible », selon elle. Malgré tout, quelques chiffres permettent de se réjouir.


Baromètre Ernst & Young


Un vent d’optimisme semble enfin souffler dans le monde des affaires en France. Selon le 16e baromètre EY, en 2016, la France a connu une forte augmentation des implantations et des extensions annoncées par les investisseurs étrangers. Les 779 projets prévus correspondent à une progression de plus 30 % par rapport à 2015, et représentent la création de 16 980 emplois (+24 %).


Avec 1 144 projets, le Royaume-Uni conserve la première place des pays européens préférés des investisseurs, devant l’Allemagne (1 063 projets accueillis). Mais l’étude observe un « effet Brexit » et une légère inflexion de la croissance britannique. L’Europe, dans sa globalité, s’en sort bien également. Avec 5 845 projets et près de 260 000?emplois créés dans 43 pays, « l’attractivité européenne atteint un niveau historique, et est encouragée par une reprise désormais durable », selon l’étude.


De lourds freins de compétitivité subsistent


Pour 50 % des décideurs interrogés, l’innovation est le 1er avantage compétitif de la France. D’ailleurs, avec 51?centres de recherche et développement, l’Hexagone se place quasiment à égalité avec l’Allemagne et le Royaume-Uni. « Longtemps malmenée par une attractivité et une compétitivité en berne, l’image de la France doit désormais être utilisée comme un levier prioritaire pour fixer l’attention des investisseurs sur son nouveau visage et révéler sa dynamique récente. La politique de promotion commence à payer : 41 % des décideurs estiment qu’elle est "efficace" », selon le baromètre EY.


Cependant, de nombreux handicaps de compétitivité persistent. La fiscalité, le droit du travail et le coût du travail restent de lourds freins aux yeux des dirigeants. Les investisseurs étrangers attendent également une réforme visant à simplifier les démarches. Autre point noir, les investissements engagés restent peu créateurs d’emplois : en moyenne 22 par projet, contre 44 en moyenne en Europe. Concernant les sièges sociaux, le baromètre tire la sonnette d’alarme. En effet, l’accueil de sièges sociaux (16 en 2016, soit 7 fois moins qu’au Royaume-Uni) reste à un niveau très insuffisant, et la France ne se classe qu’au 5e rang européen. Les perspectives de transfert liées au Brexit ne suffiront pas à régler la question stratégique des fonctions décisionnelles.


Un grand potentiel


La politique de développement des start-up est saluée par 58 % des dirigeants interrogés, qui lui reconnaissent un potentiel important lié au digital. La reconnaissance d’un entrepreneuriat à la française se développe en 2016. L’étude montre qu’« innovation, partage de la valeur, hypercroissance et promotion de nouveaux modèles sociaux sont les mots-clés de la communauté des start-up, qui parvient de mieux en mieux à faire rayonner la France à l’international ». La visibilité de la France à l’international s’est également accrue. Ainsi, 41 % des dirigeants interrogés apprécient l’Hexagone.

 


Baromètre FIDUCIAL


Incorrigibles optimistes, passez votre chemin… Ce baromètre Fiducial pourrait vous faire changer d’avis ! « Une situation de l’emploi qui se dégrade à nouveau », « comme un condensé du quinquennat : tous les indicateurs en berne », « un pessimisme immuable », etc. La 66e vague de cette célèbre enquête, qui concerne le 2e trimestre 2017 (et qui a été réalisée auprès d’un échantillon de 1 003 dirigeants de TPE de 0 à 19 salariés, hors auto-entrepreneurs) est très morose. Ainsi, au sujet du climat général des affaires, elle révèle un taux de pessimisme des dirigeants de TPE à 71 %, soit une progression d’un point, et de plus de la moitié (54 %) en ce qui concerne leur propre activité. Le baromètre Fiducial met en évidence un net recul de la confiance sous le quinquennat de François Hollande. En moyenne l’optimisme est de 10 points inférieur que durant le quinquennat de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy.


La création nette d’emploi s’érode


Selon les derniers chiffres du chômage, le mois de mars 2017 a connu une forte hausse avec 43 700 demandeurs d’emploi supplémentaires. Du côté de la création nette d’emploi (c’est-à-dire la différence entre les créations d’emploi et les suppressions de poste), les chiffres ne sont pas meilleurs. L’enquête observe une baisse de 0,5?point. L’an dernier, à la même période, la progression était de +2 points. « Les TPE ont longtemps résisté en dépit d’une fragilité structurelle de leurs finances. Pendant plusieurs décennies, elles ont malgré tout compensé, en partie tout au moins, les suppressions d’emplois des grandes entreprises. Mais l’atonie économique, amplifiée par des erreurs politiques du pouvoir exécutif, les a contraintes à reconsidérer leur politique de l’emploi. C’était pour beaucoup une question de survie. Au cours du quinquennat de François Hollande, les TPE en activité ont donc détruit plus d’emplois qu’elles n’en ont créés », selon Jean-Marc Jaumouillé, directeur des techniques professionnelles de Fiducial.


Un faible recours à l’investissement


Entre janvier et mars 2017, seules 11 % des TPE ont réalisé un investissement de plus de 5 000 € (64 ?900 € en moyenne). Des disparités fortes apparaissent toutefois dans les montants : 66?% ont investi moins de 50 000 euros tandis que 13 % ont engagé des sommes comprises entre 50 000 et 100 000 € et 13 % plus de 100 000 €.


Ces investissements visent prioritairement l’acquisition de matériels de transport (31 %), d’agencements (25 %), de machines-outils (21 %) et de matériels informatiques ou de bureau (17 %). Ils ont été financés principalement par emprunt bancaire (43 ?%) et par crédit-bail ou location financière (33 %). Les patrons de TPE ont également eu recours, dans 23 % des cas, à l’autofinancement et, dans 17 % des cas, à un apport personnel ou à des emprunts auprès de leurs proches.


 

La situation financière se redresse


Le baromètre Fiducial des TPE donne quand même quelque raison de se réjouir. En effet, certains chiffres sont encourageants. Ainsi, l’indicateur de situation financière progresse sensiblement, passant de 18 à 13 entre février et avril 2017. La situation de trésorerie des TPE semble elle aussi plus favorable : 18 % seulement des patrons interrogés disent être en déficit contre 24 % lors de la dernière vague d’enquête. En revanche, elles ne sont plus que 24 % en excédent (7 points), la majorité se situant juste à l’équilibre (58 %, +13?points).


Les prévisions de vente sont stables par rapport au trimestre précédent, 36?% des dirigeants anticipant une hausse (42 % dans les services aux entreprises), 42 % une stagnation et 18 % une baisse (22 % dans l’industrie).

 

Victor Bretonnier


Retrouvez plus d’article dans le Journal Spécial des Sociétés n° 43 du 31 mai 2017

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