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Suite aux affaires récentes
sur les pratiques de gestion de certains groupes privés lucratifs d’EHPAD, le
gouvernement a annoncé des mesures en faveur du bien vieillir à domicile et en
établissement. Ces secteurs sont en effet sous tension et confrontés à des
problèmes structurels source d’inquiétude pour la pérennité économique des
structures, notamment privées non lucratives, et le maintien de la qualité de
l’accompagnement.
Améliorer les conditions de travail
de leur personnel
Les acteurs sont confrontés à la
nécessité de voir s’améliorer les conditions de travail de leur personnel afin
de réduire l’absentéisme élevé du secteur, résoudre les difficultés de
recrutement et de non-remplacement, de former les professionnels aux besoins en
évolution de la population accueillie dans les établissements, dans des locaux
adaptés. Les organisations doivent être d’autant plus agiles pour maintenir
l’efficacité auprès de l’usager que leurs ressources financières sont très
fortement contraintes (ressources publiques et reste à charge des familles).
Le modèle des EHPAD, pensé il y a
plusieurs décennies, doit aujourd’hui répondre à une prise en charge globale de
la personne de plus en plus dépendante avec une organisation et un financement
découpé entre le soin, la dépendance et l’hébergement. Ce découpage nécessite
un suivi comptable analytique, chaque partie étant restituée séparément à
différentes tutelles selon des logiques budgétaires propres. Le mécanisme de
financement est donc complexe et nécessite une parfaite traçabilité des informations.
Or, l’information transmise par l’EHPAD à ses tutelles n’est pas certifiée
conforme avec la comptabilité générale de l’établissement.
Le contrôle de tous les EHPAD avec
des exigences de qualité
Le gouvernement annonce le contrôle de tous les EHPAD
dans les deux ans par l’Agence régionale de santé (ARS) et la parution d’un
nouveau référentiel d’évaluation qualité. Ces mesures sont nécessaires et
appropriées, car le bien-être de la personne et la qualité de l’accompagnement
ne peuvent être limités à de l’analyse budgétaire. En effet, coût et qualité ne
vont pas toujours de pair. La nutrition est un élément important dans le
bien-être de la personne. Si le coût des repas a une incidence financière, son
contenu, sa fréquence et son incidence sur l’évolution du poids des résidents
ne sont pas retranscrits budgétairement. Un suivi du terrain et des pratiques
professionnelles est essentiel dans un secteur touchant à des personnes
fragiles. Il faut compléter la logique actuelle du contrôle de moyens par un
contrôle de résultats auprès de l’usager. Une certification qualité semblable à
celle des hôpitaux pourrait contribuer à la mise en œuvre de cette logique.
Les mesures à mettre en place
D’autres mesures comme la mise en
œuvre d’une plateforme de signalement de maltraitance, un dispositif de
médiation en cas de litige et la publication auprès des familles de dix
indicateurs clés pour améliorer la transparence visent à restaurer la confiance
des familles. Si la plateforme de signalement et la médiation permettent de
sortir des institutions, les difficultés en vue de les prendre en charge et les
résoudre, la publication des nouveaux indicateurs ajoute une nouvelle
contrainte administrative aux structures pour une valeur toute relative. Il
semblerait qu’une certification qualité, selon un référentiel national comme
dans les établissements de santé, serait plus appropriée. Le risque est que les
indicateurs soient des outils de communication pour attirer des résidents et
non un gage de qualité. Les indicateurs n’ont de valeur que s’ils sont
clairement définis, contrôlés et certifiés.
La formation des professionnels à la
bientraitance est une mesure qui semble décalée dans le contexte des EHPAD. En
effet, rares sont les acteurs qui organisent consciemment la maltraitance. Ces
situations résultent plutôt de dysfonctionnements notamment en termes
d’organisation du travail, de charge de travail et de pression sur les coûts.
Or les acteurs qui seront formés ne le seront pas sur la résolution de ces
problèmes. Cette mesure semble peu impactante sur la qualité d’accueil.
Enfin, un renforcement des outils
juridiques et comptables doit être défini pour mieux réguler les pratiques des
groupes privés commerciaux, afin de garantir le bon usage des fonds publics. Ce
renforcement se fera en partie grâce à des attestations d’informations autres
que les comptes annuels d’ensemble des groupes par les commissaires aux
comptes. Ces derniers ont une lecture d’ensemble de l’activité des groupes,
mais également des flux entre entités et entre sections budgétaires. Le
commissaire aux comptes peut donc apporter une sécurité sur la conformité
financière et réglementaire des informations transmises aux financeurs publics.
Il peut être le garant de
l’information financière en complément aux informations de terrain relatives à
la qualité et la performance de la prise en charge des résidents d’EHPAD. La
performance des prises en charge doit être prochainement définie par la Haute
autorité de santé.
Aude Maresq,
Expert-comptable et commissaire aux
comptes,
Associée Talenz Audit
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