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La
biométrie est constituée d’un ensemble de techniques de traitement de
l'information qui visent à reconnaître automatiquement un individu à partir de ses caractéristiques physiques biologiques, voire comportementales. Sandra
Cremer, de la division Digital Identity and Security chez Thales, nous explique les bases de cette science.
En France, la biométrie des
empreintes digitales fait son apparition à la fin du 19e siècle sous
l’impulsion d’Alphonse Bertillon (1853-1914). Dans la 2e moitié du 20e siècle, des
systèmes d'identification, digitaux, vocaux, faciaux, s’automatisent. Au 21e
siècle, ces technologies apparaissent dans des standards internationaux comme
les passeports. Ces 10 dernières années, elle se sont démocratisées au point
d’être intégrées dans les appareils du quotidien, par exemple les téléphones
mobiles.
Les informations biométriques
sont des données personnelles, donc sensibles. Leur utilisation est encadrée
par des autorités administratives telles la Commission nationale de
l'informatique et des libertés CNIL en
France, et des règlements (le RGPD pour l’UE). Il est interdit de les exploiter
en Europe sans le consentement de la personne mesurée.
La technique emprunte
différentes modalités s’appuyant sur les empreintes digitales, le visage, l’iris, etc. Elle est utilisée pour s’authentifier.
D'autres méthodes existent, par exemple à partir de ce qu'on sait (mot de
passe), ou à partir de ce que l'on possède (une clé). Toutefois, un mot de
passe s’oublie et une clé se perd. En biométrie, une caractéristique humaine est
intéressante à étudier si elle possède quatre qualités, récapitule Sandra
Cremer, de la division Digital Identity and Security chez Thales : l'unicité (elle est propre à chaque individu) ;
l’universalité (tout le monde la possède) ; la mesurabilité (elle
s’acquiert facilement) ; l’invariabilité dans le temps.
Actuellement, l'empreinte
digitale reste la modalité biométrique la plus utilisée, mais la reconnaissance
faciale et la reconnaissance de l’iris se développent rapidement, indique la
spécialiste. Ces trois périmètres sont les plus précis. Ils servent dans les
applications qui nécessitent un haut niveau de sécurité. L’Inde a diligenté le
plus vaste des projets biométriques lancés à ce jour. Initié en 2009, l’AADHAAR
vise à acquérir pour chaque Indien – plus d’1,2 milliard d’individus – ses
empreintes digitales, son iris et son visage.
Le
procédé biométrique se scinde en quatre phases
Parmi les quatre phases du
procédé biométrique, premièrement, l’acquisition de l’empreinte se pratique avec
un capteur ou avec une caméra. Il est important d'assurer la haute qualité des mesures
enregistrées car elle conditionne directement les performances de
reconnaissance, souligne à ce titre Sandra Cremer. Le système doit vérifier que
les données sont réelles, qu’il ne s’agit pas d’un faux visage ou de fausses empreintes.
Deuxièmement vient, selon une logique admise, l'étape d'extraction des
caractéristiques quantifiées propres à chaque individu. Elles sont insérées dans
un gabarit standardisé qui représente la personne.
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Troisièmement, la comparaison
se pratique entre gabarits. Deux cas arrivent. On confronte l’acquisition soit à
un seul gabarit, c’est une vérification, soit à une multitude de gabarits, et
c’est une identification. La comparaison biométrique ne délivre jamais un
résultat binaire. Elle calcule un score de similarité et laisse encore une quatrième
étape, celle de la décision à prendre. Celle-ci obéit à un seuil fixé de
similarité. Statistiquement, des erreurs se produisent. Elles se classent en faux
positifs, et en faux négatifs. La valeur d’un algorithme de comparaison
biométrique se juge à la faiblesse de ses taux d’erreurs. Un institut
gouvernemental américain, le NIST, rend
périodiquement compte de leurs performances.
Les
fabricants visent une fiabilité optimale
Le taux de fausse acceptation
– les faux positifs – correspond au pourcentage de comparaison d'imposteurs qui
sont authentifiés à tort, explique Sandra Cremer. Ces personnes passent pour
quelqu'un d'autre. A l’opposé, le taux de faux rejets – les faux négatifs –
indique le pourcentage de comparaisons vraies qui sont rejetées à tort. Donc ces
personnes ne sont pas reconnues par le système. Même avec des taux très
faibles, le nombre d’erreurs n’est pas négligeable quand les dispositifs réalisent
des comparaisons sur des populations qui se comptent en millions d’individus,
souligne la spécialiste.
Imaginons par exemple, dans
un pays de 50 millions d’habitants, un équipement régalien qui ne se trompe
qu’une fois sur un milliard. Si 10 000 demandes d’identification ont lieu
quotidiennement, cela entraîne 10 000 x 50 000 000 = 500 milliards
de comparaisons, et, statistiquement, 500 erreurs. C’est pourquoi, en cas de
suspicion du résultat proposé par un système de reconnaissance, la décision finale
revient toujours à un opérateur humain.
Votre
gabarit personnel est dans votre passeport biométrique
En biométrie, l’enrôlement
correspond à l’acquisition initiale des données d’un individu, celles qui génèrent
le gabarit associé à son d'identité. Cette information de référence est
enregistrée dans une base centrale ou insérée dans un titre d'identité
(passeport). Elle permet ensuite l’authentification ou l’identification. C’est sur
ce principe que fonctionnent les sas Parafe au passage rapide des frontières
extérieures dans les aéroports.
C2M
À propos des empreintes digitales
Une empreinte digitale est
constituée de lignes noires et blanches, les stries et les vallées. Les lignes
ont des singularités nommées minuties. Ce sont soit des fins de ligne, soit des
bifurcations. La position et l'orientation des minuties est unique, propre à
chaque individu. Ce sont les informations qui sont employées dans une empreinte
digitale pour définir le gabarit spécifique à une personne. Ce standard
international constitue la base pour les fabricants de systèmes de
reconnaissance d’empreintes. Ils l’enrichissent parfois d’autres données
(texture, pigmentation,…).
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