Créer un droit des nuages, une idée pas si haut perchée

Sur l’esplanade des Invalides à Paris le 27 mars, non loin de l’Assemblée Nationale, une classe de seconde du lycée Michelet à Vanves et l’écrivain Mathieu Simonet sont réunis devant Basile, leur enseignant d'un jour. Armé d’une bouteille, le doctorant en sciences du climat démarre une démonstration : « On met de l’eau à l’intérieur. Ensuite on comprime l’air pour chauffer. Après, en décomprimant brutalement l’air, la vapeur d’eau présente dans la bouteille refroidit et se condense en gouttelettes. Ainsi on arrive à fabriquer un nuage. »

La professeure d’histoire-géographie qui a convié sa classe à la présentation mène un « projet d’éducation artistique et culturelle » sur les nuages qui allie différentes disciplines : la géographie, la littérature, mais aussi… la géopolitique. « Au début, les élèves étaient un peu surpris, mais maintenant ils s’intéressent au droit des nuages. On a parlé des questions de manipulation, de vol de nuages, ce que ça induit comme tensions, comme désaccords entre les pays. »

Les nuages constituent en effet une ressource précieuse pour les pays qu’ils survolent, notamment en précipitations. Et les Etats ne se sont pas privés pour tenter de voler ceux de leurs voisins. Plutôt que de les saisir dans un filet pour les ramener chez soi, le chapardage de nuages consiste à faire tomber leur pluie artificiellement avant qu’ils ne quittent l’espace aérien domestique. En 1946, les Etats-Unis, forts de quelques années de recherches sur le sujet, auraient manipulé les nuages afin de produire des précipitations destinées à enrayer la sécheresse qui sévit alors dans l’Etat de New-York. En réaction, le Canada voisin revendique très