Enquête sur la profession comptable : les professionnels du chiffre confiants en l’avenir


mercredi 22 août 20184 min
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Alors que le projet de loi PACTE a été présenté en Conseil des ministres le 18 juin dernier, tous les regards des professionnels du chiffre restent rivés sur l’une de ses mesures phares, le relèvement des seuils d’audit des PME, qui impliquerait une suppression de plus de cent cinquante mille mandats. Dans ce contexte incertain, ECF, instance représentative des experts-comptables et commissaires aux comptes de France, a souhaité interroger ces derniers sur l’orientation du métier, leurs attentes et leurs craintes.


Les résultats de l’enquête [Sondage réalisé en ligne en mai 2018 auprès de six cents experts-comptables]  ont été présentés lors de l’ouverture du Congrès National ECF à Lyon le lundi 18 juin dernier. Recueillis auprès de six cents professionnels, ils mettent en lumière la prise de conscience de toute une profession quant à sa nécessaire évolution pour accompagner les entreprises de façon pertinente dans un cadre toujours plus changeant.


Un modèle économique qui aurait atteint ses limites ?


Selon l’étude menée par ECF, les professionnels interrogés sont près de 65 % à constater une baisse de la rentabilité de la mission traditionnelle comptable. Une tendance qui risque de se poursuivre dans les mois à venir pour presque autant de répondants (63 %), certainement dans l’appréhension du passage de la loi Pacte et de la mise en application du relèvement des seuils d’audit des comptes des PME.


Dans le prolongement de ce constat, 40,4 % des professionnels sondés estiment ainsi que la mission récurrente va être en diminution au cours des prochains mois alors que, jusqu’à présent, le modèle économique classique des cabinets d’audit et d’expertise-comptable reposait en majeure partie sur cette dernière.


« L’environnement des cabinets d’audit et d’expertise-comptable est en pleine mutation et nous faisons face à de nombreux défis. De ce fait, nous devons réfléchir ensemble à un nouveau modèle économique qui prendra en compte les évolutions futures, qu’elles soient réglementaires ou commerciales, mais aussi, et surtout, les nouvelles attentes des entreprises. Notre raison d’être ne saurait se limiter à la seule mission d’audit et ce constat doit nous pousser à réinventer notre métier », a expliqué Jean-Luc Flabeau, président d’ECF.


 


Une nécessaire remise en question de la profession


Ainsi, si plus de 90 % des professionnels restent favorables à un véritable audit adapté à la taille de l’entreprise, ils sont 85,3 % à souhaiter que la mission d’audit légal permette d’émettre des recommandations à l’entreprise auditée, signe que la profession est tout à fait consciente de la nécessité de redéfinir les contours de son champ d’intervention pour répondre aux besoins des PME.


« Ces chiffres nous prouvent que les professionnels du chiffre ont déjà amorcé cette remise en question. Pouvoir proposer un audit adapté et simplifié avec un coût réduit et présentant une meilleure utilité pour les entités et leurs dirigeants doit être une priorité. Mais pour cela, les cabinets réclament plus d’agilité », ajoute le président du syndicat.


Si la spécialisation sectorielle des cabinets apparaît comme une des solutions pour permettre à ces derniers une maîtrise plus pointue des enjeux de leurs clients, la majorité des professionnels (75 %) n’est pas favorable à sa réglementation.


 


Nouvelles technologies et formation : les priorités de demain


Afin de relever ces futurs challenges, commissaires aux comptes et experts-comptables placent en haut de leur feuille de route la nécessité d’acquérir une pertinence technologique ainsi que la formation, clé de voûte pour la sauvegarde de l’attractivité de la profession.


Selon l’enquête, 72 % des sondés plébiscitent les rapprochements stratégiques avec d’autres acteurs du conseil, notamment ceux spécialisés dans l’intégration des nouvelles technologies. Objectif : tirer le meilleur de l’intelligence artificielle, du big data et des approches prédictives pour fournir des solutions plus précises aux entreprises et être dans l’anticipation de leurs besoins.


Enfin, interrogée sur la pertinence de son diplôme, la profession estime, à 63 %, que la formation continue est la plus adaptée pour répondre aux besoins des cabinets tandis qu’elle reste plus mitigée sur l’initiale (50,1 %).


Par ailleurs, l’enquête relève que 71 % des répondants rencontrent actuellement des difficultés à recruter, soulignant l’urgence pour les professionnels du chiffre de se concerter pour un diplôme mieux maîtrisé, afin d’en assurer l’adaptation rapide et permanente aux besoins du marché.


Bien que consciente des importants chantiers à mener pour faire bouger les lignes de la profession, commissaires aux comptes et experts-comptables restent tout de même optimistes, ils sont d’ailleurs plus de 60 % à déclarer avoir confiance en l’avenir.


« Les professionnels du chiffre l’ont bien compris : même chétifs, ceux qui ne cessent de s’adapter surclassent généralement jusqu’aux plus robustes. Mais il nous faudra aussi compter sur le collectif pour trouver les réponses : nous rassembler, partager nos expériences – échecs et réussites – confronter nos points de vue et mettre en commun nos moyens. Seul on va plus vite... ensemble on va plus loin ! » a conclu Jean-Luc Flabeau.


 


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