Entretien avec Marc Binnié, Président et cofondateur d’APESA


dimanche 1 juillet 20182 min
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Marc Binnié, greffier au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) est, avec Jean-Luc Douillard, psychologue clinicien, le cofondateur d’APESA Aide Psychologique pour les Entrepreneurs en Souffrance Aiguë. Partant du constat d’une nette augmentation, depuis la crise de 2008, du nombre d’entreprises en difficulté dans les tribunaux de commerce, il a créé, en septembre 2013, ce dispositif venant en aide aux dirigeants souffrant d’une détresse morale. Il a accepté de revenir, pour le Journal des Sociétés, sur les missions de l’APESA, les dispositifs mis en place et les solutions venant en réponse aux situations de souffrance dans lesquelles se trouvent certains chefs d’entreprise.

 

Pouvez-vous revenir sur votre parcours ?
Je suis greffier associé au tribunal de commerce de Saintes (Charente-Maritime) depuis 1994. Je suis également chargé de cours à l’université de La Rochelle. Après des études littéraires à Bordeaux, j’ai suivi des études de droit à l’université de Poitiers

 

Pourquoi avez-vous créé l’APESA ?
Dans le cadre de mes fonctions, j’ai été confronté, et ce problème concerne d’ailleurs de nombreux professionnels du droit et du chiffre, à des personnes non seulement ruinées financièrement mais aussi moralement, en très grande souffrance, voire avec « des idées noires ». Le remplacement du mot faillite en droit des procédures collective, n’a pas supprimé la ruine sociale. La souffrance est un dommage collatéral de l’échec. J’ai pu alors constater que même si je n’étais pas indifférent à ces situations, je n’étais ni préparé à les affronter, ni formé à venir en aide efficacement. Dans de telles circonstances, les seules règles de droit et de procédure et même la bienveillance naturelle, sont inefficaces, le seul respect, insuffisant. La crise économique est venue amplifier et rendre criant le phénomène, mais la reprise économique ne fera pas disparaître la possibilité de l’échec consubstantielle à l’acte d’entreprendre. Il fallait donc innover pour être efficace, tendre la main de manière humaine mais professionnelle à ces hommes et ces femmes, qui n’ont pas démérité malgré l’échec de leur entreprise et peuvent être tentés par une délocalisation dans un monde meilleur !
Dans les difficultés, l’entrepreneur est souvent seul. Il rencontre pourtant, et également pendant le temps judiciaire des procédures, de nombreux interlocuteurs (greffiers, juges, mandataires et administrateurs judiciaires, avocats, experts-comptables, commissaires- priseurs…). Autant de personnes  dont  le domaine de compétence n’est pas la psychologie mais qui peuvent percevoir la détresse, démontrer qu’elles n’y sont pas indifférentes et

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