Éric Dupond-Moretti à la barre pour son procès devant la Cour de justice de la République


lundi 6 novembre 20233 min
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Ce lundi s’ouvrait, au palais de justice de Paris, le procès du ministre de la Justice. « Une infamie », a fustigé Éric Dupond-Moretti, mais aussi « un grand soulagement » de pouvoir s’expliquer. Représentant le ministère public, Rémy Heitz s’est lui aussi félicité « de pouvoir enfin aborder publiquement le fond de ce dossier ». Résumé d’une première après-midi de procès dans un climat plutôt serein, à quelques exceptions près.

« Monsieur Dupond-Moretti, pouvez-vous décliner votre identité ? » « Monsieur Éric Dupond-Moretti, né le 20 avril 1961 à Maubeuge. » Cette audience commence comme n’importe quel procès banal. C’est pourtant une situation inédite qui se déroule cet après-midi, puisque le procès d’Éric Dupond-Moretti  toujours ministre de la Justice  pour prise illégale d’intérêt vient de s’ouvrir devant la Cour de justice de la République (CJR), seule institution habilitée à juger les ministres pour des actes commis au cours de leurs fonctions, ce lundi 6 novembre à 14h. Ce, sous l’œil attentif des députés Danièle Obono, Julien Bayou, Bruno Bilde et Philippe Gosselin, la CJR étant composée de 15 juges, dont 6 députés et 6 sénateurs.

Après appel des 23 témoins qui seront appelés à la barre jusqu’au 17 novembre – parmi lesquels l’ancienne ministre de la Justice Nicole Belloubet, l’ancien procureur général près la Cour de cassation François Molins, l’ancien Premier ministre Jean Castex, le directeur des services judiciaires Paul Huber, et le Premier président de la cour d’appel de Versailles Jean-François Beynel, chef de l’inspection générale de la justice au moment des faits –, le président de l’audience Dominique Pauthe procède à la lecture de l’arrêt de renvoi qui a saisi la Cour de justice de la République, et se lance dans un rappel des faits extrêmement détaillé. Pendant ce temps, Éric Dupond-Moretti, assis à une table bordée d’une nappe bleue, écoute religieusement et prend des notes, lunettes sur le nez.

Le président de l’audience explique ensuite le fonctionnement de celle-ci, faisant également le rappel de l’article 68-1 de la Constitution, qui débute ainsi : « Les membres du Gouvernement sont pénalement responsables des actes accomplis dans l'exercice de leurs fonctions et qualifiés crimes ou délits au moment où ils ont été commis. » De quoi mettre d’emblée l’église au milieu du village.

« Vingt minutes après ma nomination, on m’a déclaré la guerre »

À la suite de son discours de plus de 75 minutes, Dominique Pauthe donne la parole à Éric Dupond-Moretti. Le ministre commence son discours d’un air grave. « J’appartiens à la génération qui utilisait l’expression désormais désuète d’infamie. Pour moi et ma famille, ce procès est une infamie », pointe le prévenu. « Mais c’est un grand soulagement aussi », explique celui qui « attend sereinement de pouvoir [s]’expliquer ».

« Vingt minutes après ma nomination, on m’a déclaré la guerre. J’ai été avocat 36 ans. Certains avocats m’ont reproché de ne plus l’être, et certains magistrats de l’avoir été », fustige Éric Dupond-Moretti. Il poursuit : « Durant trois ans et demi et jusqu’à ces dernières heures, on a piétiné la présomption d’innocence, avec des carricatures, des approximations, des mensonges et des injures. On m’a aussi prêté des intentions qui n’étaient pas les miennes. »

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