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Début février, l’Ordre des Experts-comptables a lancé un programme gratuit d’accompagnement à la création d’entreprises : « Business Story ». Ce dispositif, qui réunit déjà plus de 3 000 cabinets volontaires, propose des conseils aux futurs créateurs, loin de la traditionnelle image du comptable derrière son tableau Excel. Arnaud Debray, vice-Président de l’ordre, a dirigé le développement du projet. Il l’explique et décrypte pour le Journal Spécial des Sociétés les changements dans la profession.
Journal Spécial des Sociétés : L’Assemblée générale de la Chambre de Commerce et d’Industrie France s’est tenue mardi 23 février. Selon un sondage Opinionway commandé pour l’occasion, 14 % des Français ont l’intention d’entreprendre, mais seulement 4,5 % passent à l’acte. Vous avez lancé Business Story, un dispositif d’accompagnement à la création d’entreprises. Comment fonctionne ce dispositif ?
Arnaud Debray : Il y a 19 500 experts-comptables en France. Ils accompagnent la création d’entreprises depuis toujours, ils sont tous à même de le faire. Jusqu’à présent, chacun le faisait dans son cabinet sans qu’il y ait de dispositif fédérateur qui permette, d’une part de la cohésion, et d’autre part de se faire identifier, de communiquer, de le faire savoir. « ‘Business Story’ votre projet a rendez-vous avec un expert-comptable ! », le nouveau dispositif que nous avons lancé début février au Salon des entrepreneurs, a fait l’objet d’expérimentations dans plusieurs régions depuis plusieurs années. Dans huit régions dont la Bretagne, la Normandie et la Bourgogne, un dispositif, qui n’était pas tout à fait le même, a été mis en place il y a six ans avec satisfaction. Nous l’avons généralisé en l’unifiant.
Le fonctionnement est simple. Les experts-comptables volontaires s’inscrivent et donc disent, à tous créateur ou repreneur d’entreprise, « je vous offre trois rendez-vous gratuits ». Le site internet dédié permet à l’entrepreneur de choisir sur une carte de France un professionnel près de chez lui. Ensuite, ils sont directement mis en relation par mail et se rencontrent.
Au cours de ces trois rendez-vous, l’expert offrira une ou plusieurs des douze prestations proposées. Elles correspondent en fait au cheminement logique d’un créateur d’entreprises : entre le projet et sa mise en place. Les étapes peuvent différer selon le profil du créateur.
J.S.S. : Combien de cabinets se sont portés volontaires jusqu’à aujourd’hui ?
A.D. : Ce dispositif « Business Story » a été lancé auprès des experts-comptables mi-janvier ; auprès du grand public et des créateurs les 3 et 4 février au Salon des entrepreneurs. Ils étaient 3 110 cabinets volontaires lors du dernier décompte ce matin (cette interview a été réalisée le 2 mars). En moins d’un mois, 850 créateurs ont demandé un contact pour bénéficier de cet accompagnement.
Il faut préciser que nous ne demandons aucune contrepartie. A la fin, si l’entrepreneur s’est bien entendu avec l’expert-comptable en question, il pourra continuer avec lui s’il le veut. Mais il n’y a aucune obligation, aucun engagement pour continuer à travailler avec le même professionnel.
J.S.S. : Est-ce de nature à rassurer les entrepreneurs qui n’osent pas se lancer dans l’aventure d’une création de société ? Quelle est la spécificité de votre profession dans cet accompagnement ?
A.D. :Nous savons que les experts-comptables ont cette image un peu austère et trop chère, qui est en fait fausse. Il y a probablement une réticence à franchir la porte d’un cabinet d’experts-comptables. Nous pensons que ce dispositif peut faciliter les démarches d’un créateur qui, par ce biais, va pouvoir se faire épauler par quelqu’un de compétent.
La spécificité, c’est que nous sommes des généralistes. Vous pouvez parler à un membre de notre profession de gestion, de comptabilité, de droit social, de forme juridique, de fiscalité, de recherche d’aide, d’exonération ou de financement, vous aurez un seul interlocuteur.
J.S.S. : La loi Macron du 6 août 2015 consacre l’extension du périmètre d’exercice de votre profession. Philippe Arraou avait déclaré à ce sujet : « Dorénavant nos missions de conseils ne seront plus l’accessoire d’une mission comptable principale. Parmi ces missions de conseils des cabinets d’expertise-comptable, la plus importante est sans conteste la mission sociale ». Cette extension change-t-elle réellement le métier d’expert-comptable ou est-ce une simple reconnaissance ? Comment exercez-vous concrètement cette nouvelle expertise sociale au sein des entreprises ?
A.D. :Jusqu’à la loi Macron, nous avions des missions principales fixées par l’article 2 de l’ordonnance de 1945 qui nous régit et des missions accessoires fixées par l’article 22 de cette même ordonnance. Mais il était dit que certaines missions ne pouvaient être faites qu’à titre accessoire d’une mission principale de nature comptable. Cette notion d’accessoire en matière de conseils a disparu. Dorénavant, les experts-comptables peuvent réaliser des missions d’autres natures qui auparavant nécessitaient une mission comptable préalable. Cela nous ouvre de nouveaux horizons.
La mission sociale cela peut être des travaux basiques comme l’établissement des bulletins de paie ou le suivi des charges sociales. Mais cela peut être le sujet des contrats de travail, la mise en place des contrats d’intéressements, ou encore la question des représentants du personnel, s’il y en a. Tout ce qui tourne autour du droit social et des ressources humaines.
J.S.S. : Est-il prévu de nouveaux modules pour l’examen du diplôme de comptable afin de former aux nouvelles compétences d’expertise sociale ?
A.D. :Non, parce qu’on assurait déjà ces missions avec la compétence nécessaire. Le fait qu’on nous autorise maintenant à les faire sans la notion « d’accessoire » ne nécessite pas pour nous de formation complémentaire.
J.S.S. : Ne craignez-vous pas de rentrer dans le champ de compétence d’autres professions au sein de l’entreprise ?
A.D. :Il arrive depuis toujours que sur certains terrains, et notamment juridique, nous soyons sur des domaines d’activité que d’autres professions du Droit exercent aussi. L’essentiel c’est que le chef d’entreprise y trouve son compte. (...)
Les 12 prestations proposées (en bleu les plus couramment choisies) :
Prise de connaissance du projet :
Identification des prérequis et des contraintes du projet
Information sur les tendances et perspectives du marché
Viabilité du projet :
Définition des besoins et ressources financières
Etablissement des prévisions financières
Recherche de financement :
Identification des aides
Assistance dans la démarche d’obtention de financement et dépôt de demandes de dossiers d’aides
Statut juridique, fiscal et social :
Aide au choix de la forme juridique
Aide aux choix fiscaux et sociaux
Accomplissement des formalités d’enregistrement et de publication de l’entreprise
Mise en place de l’organisation et de la gestion de l’entreprise :
Répartition des rôles, information sur les obligations légales
Organisation administratives et comptables
Mise en place de tableaux de bord
Victor Bretonnier
Retrouvez la suite de cet article dans le Journal Spécial des Sociétés n° 23 du 23 mars 2016
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