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Dans son essai Surveiller et punir : naissance de la prison (1975), dans lequel il explique comment la prison moderne a peu à peu remplacé les châtiments et supplices en vigueur autrefois, le philosophe Michel Foucault s’interroge déjà sur la pertinence de la réclusion comme moyen de punition : « Les prisons ne diminuent pas le taux de la criminalité : on peut bien les étendre, les multiplier ou les transformer, la quantité de crimes et de criminels reste stable ou, pis encore, augmente ». Devant ce constat, comment expliquer que la détention soit considérée, depuis 150 ans, comme préférable à toute autre option, alors même que ce système connaît de nombreux dysfonctionnements ? L’écrivain et professeur au Collège de France va plus loin dans sa réflexion : les établissements pénitentiaires, du fait de leur « inutilité », sont amenés à disparaître. Sans aller jusque-là, en 2017, Adeline Hazan, contrôleure générale des lieux de privation de liberté, dans le rapport d’activité 2016 de l’institution rendu fin mars, s’inquiète du recul des valeurs et libertés substantielles en France : « En réaction à des coups de plus en plus rudes [les attentats terroristes], des lois de plus en plus restrictives des droits fondamentaux ont été votées ». Restrictions des libérations conditionnelles, perpétuités dites incompressibles, périodes de sûreté élargies… constituent, pour elle, autant d’obstacles qui empêchent la prison « d’assurer la mission de réinsertion que la loi lui assigne ». En outre, dans un contexte de urpopulation carcérale et d’insuffisance du personnel, et étant entendu que la construction de nouvelles places de prison « ne constituera jamais, à elle seule, une réponse satisfaisante au problème », n’est-il pas temps d’appliquer aujourd’hui les alternatives à l’enfermement, introduites depuis longtemps dans la législation, mais qui suscitent peu d’enthousiasme de la part des magistrats ? Une position également partagée par les divers intervenants qui se sont exprimés au cours de la formation intitulée « Droit pénitentiaire », organisée au Conseil national des barreaux le 26 avril dernier. Son objectif : mettre en lumière les avantages de ’aménagement de peine comme facteur déterminant d’une meilleure réinsertion du détenu dans la société.
Maria-Angélica Bailly
Retrouvez ce dossier dans le Journal Spécial des Sociétés n° 37 du 10 mai 2017
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