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mardi 24 septembre 20246 min
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24/09/2024 16:36:17 1 9 5362 23 0 C'est la Sucrière, à Lyon, qui accueillera l'événement @ Google Street View 2324 4823 4999 CHRONIQUE. (94) Tribunal de Créteil : « Ils disent que c'est votre visage sur les caméras »

A la suite d’une rixe entre des jeunes de deux villes voisines, un prévenu est jugé en comparution immédiate. On l'accuse d'avoir exercé des violences sur un jeune d’une vingtaine d’années avec une machette : il clame pourtant son innocence, la couleur de son t-shirt à l’appui.  

Le jeune prévenu entre dans le box des accusés. Le président du tribunal détaille les faits pour lesquels Stéphane (les prénoms ont été modifiés) comparaît : des violences commises avec « une arme blanche de type machette, ou un objet tranchant ». Le juge précise que celui-ci aurait agi en état de récidive légale, ayant déjà été condamné cette année, par le Tribunal correctionnel de Paris, dans une affaire de stupéfiants. Interrogé quant à sa position sur les faits, Stéphane maintient sa version : il n’a « pas commis les faits qui lui sont reprochés ». 

Le juge se tourne vers la victime, William : « Il semblerait qu'il y ait quelques différends entre les habitants de la Queue-en-Brie et les habitants d'une autre commune… » - « Moi, en particulier, je n'ai jamais eu quelconque embrouille avec les habitants de la Queue-en-Brie. Après, c'est sûr qu'il y a peut-être eu des embrouilles, mais moi j'étais pas dedans ».

Des messages retrouvés dans le téléphone

Le juge évoque des messages trouvés dans le téléphone de William : « il s'est passé quelque chose, il vaudrait mieux que ça ne se reproduise pas », et « il faut faire comprendre aux autres qu'on est aussi forts qu'eux ». William insiste : il « n’est pas dans tout ça », lui.

Mais le juge aimerait savoir ce que faisait la victime à La-Queue-en-Brie ce soir-là : « Vous y allez souvent, là-bas ?

-       Non.

-       Et pourquoi vous y étiez ce soir-là ?

-       J'étais avec mon ami.

-       Et pourquoi vous êtes allé là-bas ?

-       Parce qu'on allait voir des personnes.

-       Pour leur dire quoi ?

-       Rien de spécial, c’était des gens qu’on connaît. »

Le juge n’obtiendra aucune confession sur de potentielles intentions belliqueuses dans le déplacement du jeune homme à La-Queue-en-Brie. William décrit l’altercation ayant abouti à sa violente agression : « dès que je suis arrivé à la Queue-en-Brie, devant la place de la mairie, on s'est retrouvés face à un groupe. C'était des personnes que je ne connaissais pas. C'est parti directement en embrouille, et j'ai pris un coup ».

« On », c’est la bande de William - qui habite à Chennevières-sur-Marne - ; ils étaient huit, affirme-t-il. Le groupe qu’ils ont croisé et qui a voulu les intimider était en revanche composé d’une quinzaine de personnes, avance-t-il. William est myope et l’agression a eu lieu la nuit, alors il n’a pas pu discerner qui lui a porté le coup, dit-t-il. Interrogée par l’avocat du prévenu, la victime indique donc être incapable de reconnaître le prévenu comme étant son agresseur. 

« Rose ou orange ? »

Le juge détaille ensuite le contenu des procès-verbaux établis. Les policiers déclarent avoir reconnu Stéphane sur les images de vidéosurveillance comme l’auteur du coup de machette. Les enquêteurs expliquent aussi avoir trouvé le vêtement correspondant à celui que l’on voit sur les images, lors de la perquisition menée à son domicile. Le juge fait également état de l’identification de son numéro de téléphone portable, qui aurait « borné » à proximité des lieux de l’échauffourée.

Le juge demande au prévenu : « Comment expliquez-vous ces nombreuses coïncidences ? Vous avez été reconnu.

-       Excusez-moi, vous avez dit que la police a dit que j'avais un t-shirt orange ?

-       Ils disent que c'est un t-shirt rose.

-       Rose ou orange ?

-       (le juge, quelque peu agacé) C’est… ils disent que c’est votre visage, donc voilà, point. »

L’avocat de Stéphane prend la parole. Il cite un passage lu par le juge : « ‘Constatons la présence d’un individu de type africain, vêtu d’un t-shirt orange, d’une veste blanche et d’un bas noir’, c’est ce que vous avez dit.

-       C’est exactement ce que j’ai dit.

-       Ce à quoi on pourrait… 

-       Laissez votre client répondre, maître, merci. »

Le prévenu explique alors que son t-shirt « rose », insiste-t-il, celui saisi par la police, il ne l’avait « pas porté depuis des mois », alors c’était impossible qu’il l’ait porté ce soir-là. Mais aujourd’hui, il le porte sur lui – il le montre même à l’assistance. Un t-shirt orange ? Il n’en a jamais porté !

Et en ce qui concerne son téléphone, Stéphane affirme qu’il est passé près du lieu où a eu lieu la bagarre, mais qu’il n’y était plus, au moment où elle a eu lieu, peu après 22h.

Toujours est-il que l’itinéraire de Stéphane au cours de la soirée coïncide étrangement avec les lieux où a eu lieu l’agression. Le prévenu semble alors se livrer un peu plus : « Je vais pas vous mentir. Mon petit frère m’a appelé, il m’a dit qu’il y avait une bagarre à la mairie. Je suis parti de chez moi jusque là-bas, et j’ai vu qu’il y avait déjà la police »

La juge s’étonne également du fait que son téléphone ait été éteint puis rallumé plus tard dans la soirée, mais Stéphane explique qu’il l’a « mis sur ‘ne pas déranger’ », pour pouvoir dormir.

« Ce n’est pas un jeu ! »

Lors d'une courte intervention, l’avocat de la partie civile précise pour sa part que si elle se constitue comme telle, la victime, qui s’est vu attribuer 15 jours d’incapacité de travail en raison de sa blessure à l’abdomen, ne demande pas d’indemnisation. « On y verra un souci d’apaisement, ou la peur de représailles », complète-t-il. 

De son côté, le ministère public va aborder d'autres aspects de l’affaire, et notamment la garde à vue de huit mineurs, qui après avoir été entendus, ont été mis hors de cause et relâchés. Elle parle aussi du cas d’un deuxième protagoniste identifié via la vidéosurveillance, mais qui après enquête, s’est avéré être à Paris ce soir-là. 

Mais concernant le cas de Stéphane, la procureure estime que le tribunal possède plusieurs éléments à son encontre. « On pourra jouer sur les mots, orange ou rose, je tiens seulement à dire qu’on a des policiers qui, lors de la perquisition, identifient ce t-shirt. Moi ça ne me choque pas, vu la luminosité dans la nuit, au moment des enregistrements. C’est filmé sous la lumière des lampadaires, cela ne me semble pas illogique qu’on ait un petit changement de teinte ».

Pour l’avocat de la défense, « ce n’est pas un jeu ». « Si on exploite des caméras, si on entend des témoins, si on fait des investigations et que des enquêteurs disent telle couleur et que telle couleur ne correspond pas, c'est important que ce soit indiqué dans les débats, et c'est important de considérer qu'il s'agit d'un élément à décharge », tempête-t-il. L'avocat mentionne également des témoignages discordants, décrivant un auteur des coups « entièrement vêtu de noir », tandis qu'un autre évoque une veste blanche, qui n'a pas été retrouvée chez Stéphane. Et ajoute qu'aucune des personnes arrêtées n'a mis en cause Stéphane.

Un raisonnement qui semble convaincre le tribunal. Alors que le parquet avait requis trois ans de prison ferme, l’accusé est relaxé intégralement.

Etienne Antelme

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