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La mesure sera appliquée à ces mineurs de 22h à 6h dans certaines rues de la commune. La municipalité justifie également avoir pris l’arrêté qui la prévoit pour « responsabiliser les parents ».
Une manière efficace de
lutter contre les rixes, ou une « mesure d’affichage » ? L’arrêté
pris par la municipalité de Viry-Châtillon, qui instaure un couvre-feu pour les
mineurs de moins de 13 ans et sera appliqué dans quatre quartiers de la ville
dès ce samedi 19 avril, a en tout cas pour objectif de « protéger les
mineurs en ne les laissant pas divaguer dans les rues », communique le
maire de la commune de l’Essonne, Jean-Marie Vilain (Les Centristes). Avec cette
mesure, annoncée il y a quelques jours, l’édile entend aussi « responsabiliser
les parents, puisque l’enfant sera systématiquement reconduit à son domicile ».
« La décision n’a pas
forcément été prise pour arrêter les rixes, précise Jean-Marie Vilain,
joint par le JSS. C’était surtout pour empêcher les enfants de se
retrouver dans des situations dangereuses. Ils n’ont pas à se retrouver dehors
en pleine nuit. Parfois, les règles de bon sens sont oubliées par les parents.
Il ne s’agit pas de stigmatiser, ni de punir ».
« Des atteintes
significatives aux libertés publiques »
Pour la députée de la 7e
circonscription de l’Essonne, Claire Lejeune (La France insoumise), l’arrêté
n’est qu’une opération de communication : « Un tel couvre-feu ne
contribuera pas à l’objectif de protéger les mineurs, tout en portant des
atteintes significatives aux libertés publiques (…). »
Bien qu’elle reconnaisse la
nécessité d’agir « structurellement et sérieusement » contre
le phénomène des rixes, Claire Lejeune s’exprime, dans un communiqué diffusé jeudi
17 avril : « Multiplier les passages au commissariat d’enfants de
moins de treize ans nous paraît dangereux et délétère. (…) De plus,
l’application de cet arrêté risque de surcharger les équipes de police sur des
tâches dont la nécessité et l’efficacité n’est aucunement prouvée. »
La députée rappelle que le
département a récemment réduit les budgets dédiés aux éducateurs de rue, en
première ligne contre la prévention des tensions entre jeunes qui peuvent
dégénérer. Elle annonce aussi que « l’introduction d’un référé est à
l’étude pour interroger la justice sur la légalité de cette mesure ».
De l’avis du maire toutefois,
l’arrêté ne constitue en aucun cas une mesure « liberticide ».
« Les réactions des habitants ont plutôt été ‘c’est dommage d’en
arriver là’ », ajoute-t-il, tout en précisant que d’autres actions en
faveur de la sécurité sont menées par la municipalité, comme le déploiement de
la vidéoprotection ou le recrutement de nombreux policiers municipaux.
Les collèges de la ville sont
tous dotés d’un médiateur du département. « Et le service jeunesse est
également très actif envers les jeunes, poursuit Jean-Marie Vilain. Ils
mettent en place des ateliers de coaching, des activités sportives… Ils font en
sorte que les jeunes pensent à autre chose qu’à se bagarrer ».
« Un phénomène de
société »
Les habitants de Viry ont
vécu un véritable « traumatisme », après la mort de Shemseddine,
15 ans, tué par trois mineurs et un majeur le 5 avril 2024 dans un règlement de
comptes. Un an après le drame, le 5 avril dernier, la ville a planté un olivier
en son souvenir, et installé une plaque commémorative.
L’Essonne serait le
département le plus touché par les rixes, bien qu’elles soient difficiles à
quantifier. « Un phénomène de société, plus qu’un phénomène de Viry »,
soutient Jean-Marie Vilain. « Nous avons été réunis par la préfecture à
ce sujet, avec d’autres maires du territoire. Nous avons demandé plus de
présence policière pour éviter les débordements et pour plus de dissuasion. »
L’arrêté ne concerne que
quelques rues à Viry ; « mais avec le département et les autres
villes, quand on peut se donner un coup de main, on le fait ».
Mylène Hassany
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