Droit

La France en retard dans le traitement des violences intra-familiales


mardi 22 avril3 min
Écouter l'article
22/04/2025 08:52:11 1 8 6313 23 0 17988 5602 5799 (91) « Empêcher des situations dangereuses » : le couvre-feu pour les moins de 13 ans débute demain à Viry-Châtillon

La mesure sera appliquée à ces mineurs de 22h à 6h dans certaines rues de la commune. La municipalité justifie également avoir pris l’arrêté qui la prévoit pour « responsabiliser les parents ».

Une manière efficace de lutter contre les rixes, ou une « mesure d’affichage » ? L’arrêté pris par la municipalité de Viry-Châtillon, qui instaure un couvre-feu pour les mineurs de moins de 13 ans et sera appliqué dans quatre quartiers de la ville dès ce samedi 19 avril, a en tout cas pour objectif de « protéger les mineurs en ne les laissant pas divaguer dans les rues », communique le maire de la commune de l’Essonne, Jean-Marie Vilain (Les Centristes). Avec cette mesure, annoncée il y a quelques jours, l’édile entend aussi « responsabiliser les parents, puisque l’enfant sera systématiquement reconduit à son domicile ».

« La décision n’a pas forcément été prise pour arrêter les rixes, précise Jean-Marie Vilain, joint par le JSS. C’était surtout pour empêcher les enfants de se retrouver dans des situations dangereuses. Ils n’ont pas à se retrouver dehors en pleine nuit. Parfois, les règles de bon sens sont oubliées par les parents. Il ne s’agit pas de stigmatiser, ni de punir ».

« Des atteintes significatives aux libertés publiques »

Pour la députée de la 7e circonscription de l’Essonne, Claire Lejeune (La France insoumise), l’arrêté n’est qu’une opération de communication : « Un tel couvre-feu ne contribuera pas à l’objectif de protéger les mineurs, tout en portant des atteintes significatives aux libertés publiques (…). »

Bien qu’elle reconnaisse la nécessité d’agir « structurellement et sérieusement » contre le phénomène des rixes, Claire Lejeune s’exprime, dans un communiqué diffusé jeudi 17 avril : « Multiplier les passages au commissariat d’enfants de moins de treize ans nous paraît dangereux et délétère. (…) De plus, l’application de cet arrêté risque de surcharger les équipes de police sur des tâches dont la nécessité et l’efficacité n’est aucunement prouvée. »

La députée rappelle que le département a récemment réduit les budgets dédiés aux éducateurs de rue, en première ligne contre la prévention des tensions entre jeunes qui peuvent dégénérer. Elle annonce aussi que « l’introduction d’un référé est à l’étude pour interroger la justice sur la légalité de cette mesure ».

De l’avis du maire toutefois, l’arrêté ne constitue en aucun cas une mesure « liberticide ». « Les réactions des habitants ont plutôt été ‘c’est dommage d’en arriver là’ », ajoute-t-il, tout en précisant que d’autres actions en faveur de la sécurité sont menées par la municipalité, comme le déploiement de la vidéoprotection ou le recrutement de nombreux policiers municipaux.

Les collèges de la ville sont tous dotés d’un médiateur du département. « Et le service jeunesse est également très actif envers les jeunes, poursuit Jean-Marie Vilain. Ils mettent en place des ateliers de coaching, des activités sportives… Ils font en sorte que les jeunes pensent à autre chose qu’à se bagarrer ».

« Un phénomène de société »

Les habitants de Viry ont vécu un véritable « traumatisme », après la mort de Shemseddine, 15 ans, tué par trois mineurs et un majeur le 5 avril 2024 dans un règlement de comptes. Un an après le drame, le 5 avril dernier, la ville a planté un olivier en son souvenir, et installé une plaque commémorative.

L’Essonne serait le département le plus touché par les rixes, bien qu’elles soient difficiles à quantifier. « Un phénomène de société, plus qu’un phénomène de Viry », soutient Jean-Marie Vilain. « Nous avons été réunis par la préfecture à ce sujet, avec d’autres maires du territoire. Nous avons demandé plus de présence policière pour éviter les débordements et pour plus de dissuasion. »

L’arrêté ne concerne que quelques rues à Viry ; « mais avec le département et les autres villes, quand on peut se donner un coup de main, on le fait ».

Mylène Hassany

 

Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.