La valeur ajoutée comptable est-elle la matérialisation de notre recherche d'excellence ?

Philosophe et écrivain, Éric Sadin se présente comme l’un des penseurs majeurs des technologies numériques, de leurs caractéristiques, de leurs ressorts économiques et de leur impact social, politique et civilisationnel. Il s’est récemment exprimé sur la notion de valeur.

Auteur de plusieurs essais, dont La vie algorithmique : critique de la raison numérique (2015), La Silicolonisation du monde : l’irrésistible expansion du libéralisme numérique (2016), ou encore L’intelligence artificielle ou l’enjeu du siècle : anatomie d’un antihumanisme radical (2018), Éric Sadin évoque la notion de « valeur » à l’occasion du congrès « Les ingés osent » organisé par CINOV Ingénierie à la Maison des Polytechniciens à Paris mi-octobre.

La notion de valeur est un « champ de réflexion assez nouveau pour [lui] », et, lors de cette conférence, il précise que l’enjeu de sa réflexion porte à la fois sur « les voies » et « les joies » de « l'excellence ». Et puisqu’il reste assez rare, dans le cadre d’un congrès, de réfléchir à une telle notion – puisqu’on préfère en général s’y pencher sur des modes de management vertueux, ou encore sur les responsabilités sociales des entreprises ou sur les enjeux écologiques – l’intellectuel décide de conduire sa pensée point par point, par « progression logique ».

Il rappelle d’abord la définition classique de la valeur ajoutée, qui la décrit comme la différence entre la valeur finale de la production et la valeur des biens consommés par le processus de production. En ce sens précis, la valeur ajoutée se réduirait donc à la valeur produite au cours d’un processus. Mais pour Éric Sadin, cette définition « très comptable et très utilitariste » ne peut être suffisante.

La valeur ajoutée