Le nombre de démissions à un niveau historiquement haut


lundi 5 septembre 20223 min
Écouter l'article

 

La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (Dares) a publié les chiffres de démission pour le dernier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. Le nombre de ruptures volontaires de contrat est à un niveau très élevé. Il faut remonter à la crise de 2008 pour retrouver un tel niveau.

 



La France vit-elle les prémices d’une « Grande Démission » ? Fin 2021 et début 2022, le nombre de démissions dans le pays a atteint un niveau historiquement haut, à près de 520 000 par trimestre, dont environ 470 000 ruptures de CDI. Le record précédent datait du 1er trimestre 2008, avec 510 000 démissions, dont 400 000 pour les seuls CDI. Le risque d’une démission de masse est désormais évoqué en France, à l’image de la situation du marché du travail américain courant 2021 : après les premières vagues de la crise du Covid, le nombre d’employés quittant volontairement leur poste a nettement augmenté aux États-Unis, que ce soit pour changer d’entreprise, chercher un autre emploi ou se retirer de la population active.

 

 


Un taux de démission élevé, mais pas inédit

Afin de tenir compte des fluctuations de l’emploi, la Dares propose de rapporter le nombre de démissions à celui des salariés. Le taux de démission ainsi obtenu atteint 2,7 % en France au 1er trimestre 2022. Il est au plus haut depuis la crise financière de 2008-2009, mais reste en deçà des niveaux qu’il avait atteints juste avant, début 2008 (2,9 %). Sur les seules entreprises de 50 salariés ou plus, le taux de démission est actuellement parmi les plus élevés depuis 1993 : avec 2,1 %, il est toutefois inférieur à celui observé au début des années 2000 (2,3 % au 1er trimestre 2001).

Aux États-Unis, le taux de démission est également important fin 2021, sans pour autant être inédit : 3,0 % au mois de décembre, son plus haut niveau depuis l’an 2000. Mais dans l’industrie manufacturière, ce taux est actuellement similaire à celui atteint au début des années 1950, ainsi que dans les années 1960 et 1970.

« Le taux de démission est un indicateur cyclique. Il est bas durant les crises et il augmente en période de reprise, d’autant plus fortement que l’embellie conjoncturelle est rapide », assure la Dares. Lors des phases d’expansion économique, de nouvelles opportunités d’emploi naissent, incitant à quitter son job.

Dans le contexte actuel, la hausse du taux de démission apparaît donc comme normale, en lien avec la reprise qui suit la crise du Covid-19. Elle n’est pas associée à un nombre inhabituel de retraits du marché du travail. Des indicateurs complémentaires sont d’ailleurs rassurants de ce point de vue : en particulier, le taux d’emploi est lui aussi plus élevé qu’avant crise et continue de progresser pour toutes les tranches d’âge fin 2021 et début 2022, en dépit de la nette augmentation du taux de démission. Une partie de la hausse récente du taux d’emploi provient des indépendants et des alternants. En les excluant, au premier trimestre 2022, ce taux dépasse néanmoins légèrement son niveau d’avant crise.

  

 


Le nombre de démissions par trimestre en France


Partager l'article


0 Commentaire

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Abonnez-vous à la Newsletter !

Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.