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Les collections publiques de l’Hexagone renferment quantité d’objets venus de toute la planète, en particulier du continent africain. Longtemps après leur arrivée - parfois de façon contestable -, s’impose régulièrement une question : sommes-nous fondés à les conserver ?
Mi-novembre, l’institut Art & Droit a organisé une discussion sur les restitutions spécifiques au Bénin. Étaient notamment présentes à cette conférence, son excellence Corinne Amori Brunet, ambassadrice du Bénin en France, Géraldine Bannier et Anne Brugnera, toutes deux membres de la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale. Le président de l’association, Gérard Sousi, a rappelé en introduction que ce sujet polymorphe fait sporadiquement l’objet de débats parlementaires. Ainsi depuis le texte du 23 juillet 2023, il n’est plus nécessaire de voter une loi pour sortir des collections publiques les œuvres spoliées dans le contexte des persécutions antisémites. Plus récemment, le 13 novembre, une commission paritaire mixte a adopté la proposition de loi sur la restitution des restes humains appartenant aux collections publiques.
S’agissant du Bénin, Gérard Sousi cède la parole à José Pliya, Chargé de mission Tourisme Arts et Culture du président de la République du Bénin. « Ancienne colonie française, le Bénin est indépendant depuis 1960. Le pays compte plus de 12 millions d'habitants et se situe entre le Togo et le Nigeria. A l'origine des restitutions, il y a Le président Talon lorsqu’il a décidé de s'engager dans la course à la présidentielle en 2016. Il a alors défini un programme avec des piliers de développement. Il y avait évidemment l'agriculture, parce qu’au Nord, on a un climat extrêmement favorable. On a également une activité commerciale intense grâce au port de Cotonou qui permet d'accueillir des marchandises et de desservir les pays enclavés comme le Burkina Faso ou le Niger. Et puis, à la surprise générale, il a introduit un pilier inattendu qui est le tourisme. Bon, ça a beaucoup étonné. Mais il avait une vision assez claire. Le Bénin a un potentiel touristique colossal qui n'a jamais été mis en valeur. Au Nord, nous avons le dernier grand parc animalier d'Afrique de l'Ouest. Au Sud nous avons l'océan Atlantique propice à l’installation d’hôtels. »
Entre ses deux pôles favorables au tourisme, le territoire est riche d’un art antérieur à la colonisation occidentale. Il témoigne de la culture laissée par le royaume du Dahomey et les premiers envahisseurs du Bénin. « La dynastie des rois d’Abomey a régné sur le pays pendant trois siècles. Elle a imposé une langue, le fon, une religion, le Vaudou. Elle a favorisé la production des artistes de cours. » L’offre touristique doit aussi s’appuyer sur la culture béninoise. C’est pourquoi quatre grands projets muséaux sont imaginés : le musée d'Abomey pour retracer l’épopée des rois et des amazones, le musée d'art contemporain à Cotonou, le musée du Vaudou et le musée de l'esclavage à Ouidah, port d’où environ 2 millions d'esclaves sont partis autrefois.
Mais à propos du musée d’Abomey, quand s’est posée la question de savoir quoi y exposer, il est apparu que beaucoup de pièces emblématiques du pays se trouvaient dans des collections en France. Comment ? Parce que par exemple, en 1894, après deux ans de combat, l’armée du roi Gbéhanzin qui s’opposait à la présence sur ses côtes des comptoirs français est défaite par les troupes ennemies. Le commandant du corps expéditionnaire français, le général Dodds, envoie en France « le butin » de la campagne. C’est ainsi que 26 objets royaux parfaitement identifiés étaient exposés au musée des arts premiers, quai Branly.
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