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« (…) Les victimes du terrorisme ne sont pas des victimes parmi les autres, mais sont au cœur de notre fraternité nationale et de notre mémoire ». Lors de la cérémonie annuelle d’hommage aux victimes du terrorisme, le 19 septembre dernier aux Invalides, Emmanuel Macron officialisait la mise en chantier – vraisemblablement à Paris – d’un musée-mémorial en leur hommage, quelques jours après la remise d’un rapport par le comité mémoriel missionné par le gouvernement.
Si certains, comme le porte-parole de l’association « Life for Paris », ont salué l’initiative dans les médias, chez d’autres, cela ne passe pas. À l’instar de Chloé Verlhac, compagne du défunt Tignous, qui a qualifié le projet de « bêtise absolue » dans L’Humanité, « parce que ce n’est pas de mémorial qu’on a besoin, mais de rassemblement ». Pour Anne Muris et Marek Andrieu, respectivement présidente et secrétaire général de Mémorial des Anges, c’est la ville envisagée qui est dans le viseur. « Paris ne fait pas que briller plus que ses cadettes, elle s’accapare aussi leurs projets, quitte à les rendre orphelines des idées qu’elles voulaient offrir à leur pays. Se faire intégralement spolier des projets dont le message et le sens sont dénaturés lorsqu’ils sont portés hors de la ville où ils ont pris racine, c’est trop », pointent-ils dans une tribune.
Sur France Culture, le 24 septembre dernier, la sociologue Sarah Gensburger en convenait : la localisation d’un attentat est primordiale pour sa commémoration. À ce titre, comment choisir un seul lieu qui rassemblerait la mémoire de tous les attentats et parlerait au nom de toutes les victimes ? D’autant plus que « souvent, les projets sont portés par les associations dans un premier temps, et l’État se les réapproprie ou s’y associe dans un second temps. Là, l’État serait premier, et la centralité parisienne aussi ». Christophe Prochasson, historien, soulevait un autre écueil : alors qu’un musée est généralement érigé pour clore une séquence historique, « il n’est pas certain que les attentats soient derrière nous ». Un manque de recul que ce dernier met sur le compte d’intérêts éminemment politiques. « Emmanuel Macron agit certainement moins en fonction du respect pour la vérité historique – bien qu’il en ait souci – ou de la souffrance des acteurs, que d’intérêts qui lui sont propres : l’unité de la nation, sa popularité... Car c’est cela, les objectifs des politiques ».
Bérengère Margaritelli
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