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En 2018, un
rapport de l’Assemblée nationale faisait état de 106 fichiers mis à la
disposition des forces de sécurité. Connues régulièrement sous la forme
d’acronymes, ces bases de données entendent participer à la sécurité publique
et la prévention de menaces, notamment terroristes avec les fiches S.
Parfois secrets, ces fichiers n’en demeurent pas moins encadrés. Zoom sur leurs
usages, leurs contrôles et les risques qui y sont associés.
Nos vies peuvent-elles être résumées à des données
enregistrées dans des serveurs ? Régulièrement, la presse se fait le relai de
risques liés à la collecte de données par les GAFAM et leur partage, une
hégémonie aux enjeux économiques énormes qu’on ne semble plus pouvoir arrêter.
Pourtant, et on en parle moins, les acteurs privés ne
sont pas les seuls à se faire les gestionnaires de mégafichiers. Depuis
2016 par exemple, tout Français ayant une carte d’identité ou un passeport est
répertorié dans le fichier TES1 (Titres électroniques sécurisés). Ce dernier
dispose notamment de données biométriques, à savoir les empreintes digitales
(celles des deux index, recueillies lors d’une demande de passeport et de carte
d’identité2) et l’image numérisée du visage de la personne concernée. La
finalité estimée « légitime » par le
Conseil d’État du fichier TES relève de l’instruction des demandes relatives
aux cartes d’identité et aux passeports afin de prévenir et détecter leurs
éventuelles falsifications.
Pour autant, « la
collecte et la centralisation des données personnelles de la quasi-totalité de
la population française fait naître des craintes sur les conséquences
d’éventuelles dérives », souligne le cabinet Haas avocats, spécialisé dans
le droit du numérique, qui relève alors le risque d’une « surveillance
généralisée par l’État ». Sans parler des craintes quant au hackage d’un
fichier si volumineux, ou des risques éthiques associés à ses utilisateurs.
Alors, sommes-nous en train d’assister au fichage généralisé
des Français ? Pour répondre à cette question, le département de recherche
Droit et transformations sociétales de l’université de Bordeaux a organisé, le
30 mai dernier, un webinaire intitulé «
Fichiers policiers, judiciaires et de renseignement : tous surveillés ? ».
L’objectif : s’interroger sur les pratiques de surveillance à l’ère numérique
dans le cadre des politiques de sécurité.
Alain Pariente, directeur adjoint du département, a
ouvert ce colloque en soulevant la contemporanéité de ce sujet qui anime
aujourd’hui les débats publics et interroge tant sur la conception de ces
fichiers régaliens que sur les usages qui en sont faits.
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