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I. Une professionnalisation progressive du recrutement des Administratrices indépendantes (… donc des hommes)
En France, pendant des décennies, la composition des conseils d’administration (CA) relevait davantage de l’arrangement entre amis que d’une réflexion éclairée sur les besoins de l’équipe à constituer en fonction du secteur et de la stratégie de l’entreprise. Cette caractéristique s’expliquant à la fois par de nombreux cas de sociétés où un actionnaire est très majoritaire donc décideur, des prises de participations croisées importantes (disparues aujourd’hui) et le phénomène du réseau d’écoles.
L’introduction de l’administrateur indépendant s’est faite, malgré les combats menés notamment par l’IFA, en répliquant souvent ces caractéristiques de consanguinité, loin des pratiques du Royaume-Uni en matière d’indépendance. Cependant, progressivement une professionnalisation a commencé à intervenir. À l’aune de la loi Copé-Zimmermann incitant à plus de mixité, un phénomène intéressant intervient : après un premier réflexe de répétition du scénario de nominations intervenant au sein des réseaux proches, voire de copains/copines, l’arrivée des femmes s’accompagne d’une tendance certaine, bien qu’insuffisante, à la professionnalisation de la démarche de recrutement.
Une prise de conscience se fait sur l’intérêt d’administrateurs experts et avisés qui peuvent, au sein d’un CA, apporter une vision et des connaissances diversifiées, donc faciliter une prise de décision étayée et aider sur la stratégie et notamment la gestion des risques. Pour faire court on dira que : dans un environnement très mouvant, adopter une stratégie de développement comportant des risques raisonnables, intégrer la RSE, et l’éthique des affaires, recruter et retenir des talents, conquérir des marchés extérieur, etc., requiert des compétences diverses au CA. Dès lors, les dirigeants tentent désormais de multiplier leurs sources de conseils et leurs viviers.
Ainsi, la féminisation (imposée à l’origine) semble mener à une réflexion sur la composition idéale du CA, avec une recherche d’apport de compétences en phase avec les besoins de l’entreprise, donc plus diversifiée et susceptible d’intégrer des profils plus divers.
À partir des données comparées de 2013 et 2016 sur le SBF 120, nous tentons ci-après d’établir dans quelle mesure la féminisation des conseils conduit à changer la donne sur les profils.
II. Y a-t-il des évolutions ou des confirmations de tendance entre 2013-2016 ?
Les données ci-dessous, construites à partir des informations publiées par les sociétés du SBF 120, permettent de tirer quelques enseignements.
A. Quelle poursuite de la dynamique de féminisation ?
La loi Copé-Zimmermann a créé une dynamique de féminisation des conseils d’administration et de surveillance. Une augmentation de plus de 50 % est constatée entre 2013 et 2016. En moyenne, les conseils du SBF 120 sont désormais composés de presque 5 femmes, ce qui établit un taux de féminisation à près de 38 % en 2016. Cette féminisation persiste à se réaliser par la nomination d’administratrices indépendantes (58 % contre 60 %), mais cette petite régression du pourcentage pourrait signifier que les entreprises ont commencé à repérer des Talents au sein de l’entreprise. Nous pouvons espérer que progressivement (car c’est indéniablement plus long) des femmes vont monter dans les Comex et Codir et ensuite intégrer des CA et CS. Les administratrices sont également un peu moins enracinées dans les conseils, puisque la durée de présence recule d’une année sur la période pour être à 3,6 années en 2016, la durée moyenne d’un mandat étant de 3 ans. Il y a là un phénomène à suivre car il semble que les primo-accédantes ne renouvellent pas forcément leur mandat et en comprendre les raisons est intéressant.
B. Y a-t-il une ouverture du vivier à des non dirigeantes ?
Il est clair que les dirigeants ont encore du mal à ne pas rechercher des profils de dirigeantes. C’est ainsi que l’on constate le succès de dirigeantes : Clara Gaymard au conseil de Veolia (2015) puis en 2016 un mandat chez Danone, LVMH et Bouygues ou d’Agnès Touraine, présidente de l’IFA, aux conseils de Darty, Belgacom et Neopost, tandis qu’Yseulys Costes (1000mercis) siège aux conseils de SEB, Kering et Vivendi…Mais ces profils étant rares en fait le phénomène de « busy director » est peu fréquent, seules
3 femmes cumulent plus de 3 mandats dans les conseils le SBF 120. La très grande majorité a un 1,22 mandat (1,24 ?en 2013).
* Dans nos travaux ultérieurs, nous chercherons à établir de manière plus précise l’origine et le parcours des nommées : héritières, dirigeantes, juristes, professions du chiffre, entrepreneurEs, etc.
C. Le rajeunissement se poursuit-il ?
Les femmes dans les conseils du SBF 120 en 2016 sont légèrement plus matures avec en moyenne 54 ans (53 ans et demi en 2013) mais globalement la féminisation rime avec rajeunissement. (…)
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