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Le 30 novembre dernier, la Conciergerie, autrefois haut lieu de détention où nombre de prisonniers attendaient leur exécution, a été le théâtre d’un formidable mouvement d’unité de la profession d’avocat. « Cette rentrée solennelle incarne l’unité de notre profession qui s’exprime enfin d’une seule et même voix », s’est réjouie Marie-Aimée Peyron, bâtonnière de l’Ordre des avocats du barreau de Paris dans son allocution. Après une année vent debout contre le projet de loi Justice porté par le gouvernement, qui fait craindre « une justice sans avocats, sans citoyens et sans juges », selon les termes de la cheffe de file du plus grand barreau européen, les « robes noires » semblaient plus solidaires que jamais. Bonnes joueuses, elles ont cependant invité la garde des Sceaux, Nicole Belloubet, à venir éclaircir sa position. Celle-ci a assuré être attentive aux protestations et inquiétudes des avocats. S’inspirant de Péguy, pour qui manquer à la vérité, c’est « manquer forcément à la justice », elle a toutefois mis en garde contre l’écueil de la mauvaise foi : « Beaucoup de commentaires ou d’allégations [sont] éloignés de la réalité des choses, du texte, des engagements que j’ai pris », a-t-elle regretté. Pire encore, « Quand on qualifie cette réforme de “catastrophe” ou de “liberticide”, on perd le sens de la mesure », a insisté la ministre de la Justice. Se voulant rassurante, cette dernière a garanti, entre autres, que la plainte en ligne ne se substituerait pas à l’accueil physique des victimes, qu’il n’y aurait aucune fermeture de lieux de justice, que la création d’une juridiction chargée de l’indemnisation du préjudice corporel des victimes serait davantage protectrice pour le justiciable, et que la réforme de la justice pénale des mineurs ne sacrifierait aucun des grands principes en vigueur. Ses propos ontils réussi à convaincre des professionnels bien décidés à faire entendre leur voix ? Il semble que non, puisque le 17 décembre 2018, le barreau de Paris, le Conseil national des barreaux et la Conférence des Bâtonniers ont signé ensemble une pétition demandant officiellement « au nom des 68 000 avocats, à Monsieur le Président de la République, d’arrêter le processus parlementaire concernant la loi de programmation pour la Justice, afin de laisser les Français débattre de l’avenir de leur justice ».
Maria-Angélica Bailly
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