Santé : fake news, la guerre est déclarée


lundi 26 avril 20213 min
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Prenant le taureau par les cornes, début avril, le Lab Médicament et Société s’est emparé du (vaste) sujet des fake news, en direct depuis Europe 1. À travers une série de tables rondes, professionnels de santé, journaliste, spécialiste en stratégie digitale, député & co ont livré leurs constats et leurs solutions à travers leur propre prisme. À l’instar du sociologue Gérald Bronner, qui n’a pas hésité à parler d’un « défi civilisationnel » et à tancer la dérégulation du marché de l’information.

 


Mais de quand datent les fake news, au juste ? N’y en aurait-il pas toujours eu ? La question est posée par le journaliste Bruno Rougier, le 1er avril, depuis les studios d’Europe 1, lors du colloque « Les fake news nuisent gravement à la santé » organisé par le Lab Médicament et Société, laboratoire d’idées réunissant les parties prenantes sur les enjeux liés aux médicaments.

Gérald Bronner, sociologue, opine : oui, ces fausses informations ont toujours existé au cours de l’humanité, prenant la forme « de rumeurs, de superstitions, de théories pseudo-scientifiques ou complotistes », en particulier dans le domaine de la santé. Il explique qu’au cours de l’Histoire, avec l’apparition de la peste, du choléra, ont surgi de soi-disant thérapies alternatives, mais aussi une stigmatisation à l’égard de certains traits (on disait par exemple que l’alcoolisme favorisait le choléra) ou populations (les Juifs étaient soupçonnés d’attraper plus facilement la peste ; pendant le choléra, les Gitans étaient accusés d’empoisonner l’eau des puits). « Chaque fois, avec les mêmes questions : quelle origine ? Qui est responsable ? Vers qui me tourner pour exprimer ma colère ? » résume Gérald Bronner.

C’est donc de l’incertitude que se nourrissent les fake news. Pourquoi ? Car alors que la santé fait partie des préoccupations majeures des êtres humains, c’est aussi « l’un des noyaux de l’incertitude ». Or, l’incertitude fait partie des facteurs avec lesquels nous avons le plus de mal à négocier intellectuellement, explique le sociologue. En l’occurrence, quoi de plus incertain que le surgissement d’une épidémie ? « L'incertitude met au croisement à la fois notre manque d’informations et nos désirs – survivre, ne pas contracter la maladie » souligne Gérald Bronner. L’incertitude cristallise notre attention, précise-t-il : à partir du moment où nous n’avons pas toutes les réponses, nous allons chercher de l’information, et « cette recherche frénétique fait surgir des propositions intellectuelles pas forcément conformes avec les normes de la rationalité ».




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