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Vingt-sept
ans après l'introduction de la notation ESG en France, il est toujours impossible d’identifier
simplement le caractère éthique des milliers de produits d'investissement. Le temps est venu de compter ce qui compte vraiment, et
c'est par le climat que passe déjà la solution. La notation ESG (Environnement, Social et Gouvernance) est au cœur des stratégies d'investissement responsable,
évaluant les entreprises à partir de dizaines voire centaines
de critères.
Ces notations sont essentielles pour la création de fonds
indiciels cotés (ETF) : il en existe
3000 dans le monde, dont 1200 orientés ESG. Toutefois, l'opacité et la
divergence des notations ESG suscitent de nombreuses critiques. La finance
durable a besoin de transparence, de critères clairs et d’une vraie prise en
compte du climat, mère de toutes les batailles, pour
retrouver sa crédibilité et son efficacité.
La vérité, c’est qu’on ne sait rien de la performance des fonds
durables. Même celle des fonds labellisés ISR n’est pas calculée. Il faut distinguer les fonds des grands réseaux bancaires
et les ETF ESG, qui s’écartent peu des grands indices traditionnels (tracking error de 3%) ; leur performance est donc en ligne.
Les fonds de boutiques, adeptes de la gestion active affichent plus de
personnalité et voient leur tracking error culminer à
8-10 %. Ils sont souvent surinvestis en valeurs de croissance ou en valeurs moyennes,
notoirement à la traîne depuis plusieurs mois. Les sociétés de gestion expliquent trop peu ces biais.
45 % des fonds
labellisés ISR sont exposés aux énergies fossiles
Le Label ISR va être réformé
pour exclure les investissements dans les énergies fossiles. Actuellement,
TotalEnergies figure dans 356 fonds durables pour une valeur totale de 3,5
milliards d’euros, représentant 2% de sa capitalisation boursière.
Avec la nouvelle réglementation, ces actions vont devoir changer
de mains. Pourquoi ne pas les transférer dans
un fonds national d’engagement plutôt que de les vendre à des
actionnaires peu soucieux de climat ? Cette approche
permettrait de poursuivre le dialogue avec l’énergéticien
et, aux fonds ISR de conserver cette participation à
leur actif. On ne peut pas demander aux sociétés de gestion de faire de
l’engagement et laisser partir un très gros émetteur de CO2 comme TotalEnergies.
Selon le baromètre Morningstar, sur les 1 200 fonds labellisés ISR en France,
45 % sont exposés à des degrés divers aux énergies fossiles, pouvant atteindre
13,8 %. Le transfert de ces actions dans un fonds national d’engagement
offrirait une solution viable pour respecter les nouvelles normes par une stratégie d'engagement proactive.
L’ESMA propose une nouvelle réglementation qui ne sera pas la
dernière tant que ne sera pas définie l’entreprise
durable ! L’ESMA propose notamment une clarification des noms des fonds, souvent trompeurs et,
un recul du greenwashing. 80 % des investissements
devront respecter des objectifs durables, dans six catégories : environnement,
durabilité, impact, social, gouvernance et transition.
Les fonds durables devront reprendre les exclusions des indices
PAB/CTB (climat) : les armes
controversées, le tabac, les violations de traités internationaux, les énergies
fossiles et les centrales thermiques.
Selon Morningstar, la dernière réglementation de l’ESMA changerait
les dénominations de 60 % des 2500 fonds en actions « durables ». Une étude
d’Axylia en novembre 2021 avait la première trouvé 72 % de fonds en risque. Pour améliorer la
transparence, les agences de notation de fonds devraient
ventiler les souscriptions et rachats des fonds et
ETF, par degré de température ou Score Carbone.
Pour
les fonds durables qui ne changeraient pas de
noms, principalement des ETF ESG et des fonds
sectoriels, ils devront désinvestir, ce qui
représente 40 milliards d’euro de cessions. Les valeurs concernées incluent
TotalEnergies, Tencent Holdings, Ecolab, Shell, Airbus, Thalès, Safran, et même
le chinois BYD qui a une petite filiale dans les produits du tabac.
1. Arrêter
l’inflation de documents que personne ne lit intégralement,
2. Créer
un fonds souverain d‘engagement,
3. En
finir avec 27 ans de notation ESG,
4. Compter
ce qui compte vraiment : la solution passe par le climat (score carbone),
5. Pousser
la transparence : le site du Label ISR doit proposer un parcours client ESG,
6. Morningstar
doit proposer des statistiques de marché/collecte orientées carbone pour TOUS
les fonds, ESG ou pas
La finance durable doit évoluer pour susciter
une large adhésion de la part des épargnants. Cela
passe par moins de complexité, une absolue transparence, des critères clairs et une réelle prise en
compte du climat. La solution se trouve dans l’affichage des émissions de CO2, le seul indicateur mondialement
utilisé et disponible et, des trajectoires de décarbonation.
Vincent Auriac
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