Vers une nouvelle gouvernance dans les conseils d'administration


samedi 25 août 20182 min
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Le Canard enchaîné le pointait dans son édition du 22 août : l’arrivée de Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du Medef en juillet dernier a beau avoir été l’occasion pour l’organisation de renouveler ses instances dirigeantes, la mixité n’y a pas fait de percée spectaculaire. Car si le nombre de femmes siégeant au conseil exécutif est passé de 5 à 10, ces dernières restent 3,5 fois moins nombreuses que leurs pairs masculins.

Sa présidence aussi a manqué sa chance de se féminiser. En mars, l’ancien patron des patrons, Pierre Gattaz, lui-même successeur de Laurence Parisot, unique femme à avoir dirigé l'organisation depuis sa création en 1945, avait pourtant lancé un « appel aux femmes cheffes d'entreprises, adhérentes du Medef, qui voudraient se positionner comme candidates ». Elle a été la seule à se manifester : Dominique Carlac'h, ancienne sportive de haut niveau, qui déclarait sur le plateau de France 2 qu’être une candidate femme était  « une chance, car cela incarne la possibilité de la diversité ». Possibilité retombée comme un soufflé lorsque le président de Notus Technologies s’est vu préférer à la candidate et aux 7 autres candidats en lice. 

La parité, si elle fait beaucoup parler d’elle, semble donc avoir encore du mal à s’imposer dans les hautes sphères, même celles du plus gros représentant des entreprises.

Au CAC40, le chiffre est sans appel : 100 % des PDG sont des hommes. Isabelle Kocher (Engie) est la seule femme directrice générale du CAC, oui mais elle n'est pas présidente.

Dans les comités exécutifs et de direction, ce n’est guère mieux : selon les chiffres d’Ethics & Boards, la féminisation atteint une triste moyenne de 15,3 % dans le SBF 120 et de 14,7 % dans le CAC 40. Seuls Publicis, Danone, L'Oréal et Orange tirent (un peu) leur épingle du jeu.

Alors, qui ou que peut-on blâmer ? Un manque de contraintes légales, des mentalités surannées, des femmes qui n’osent pas ? Pourtant, la loi Copé-Zimmermann donne l’exemple. Le texte de 2011, qui prévoyait (notamment) le gel des jetons de présence si le quota de 40% du sexe sous-représenté dans les conseils des entreprises cotées n’était pas atteint en 2017, a porté ses fruits : au 28 février 2018, les conseils d'administration et de surveillance du CAC 40 comptaient 42,3 % de femmes (contre 22% en 2013) et ceux du SBF 120, 42,6 %. Alors qu’Engie, Ipsos ou encore Vivendi affichent une majorité d’administratrices, le groupe Kering arbore même un conseil d'administration féminisé à 60 %. A tel point que le groupe ne peut plus élire de femmes désormais, sous peine de voir la part d'hommes passer en-dessous des 40 %. Inédit… Et inspirant.

 

Bérengère Margaritelli

 

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