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« Vous venez ainsi d’intégrer un monde actif et ouvert qui est bien loin des clichés véhiculés, d’une Cour repliée sur elle-même et arc-boutée sur les voûtes rigides d’une tradition séculaire et dédiée à des exercices de style desséchants ainsi qu’à un juridisme stérile. (…) Plus que jamais dans votre carrière, sans doute, aurez-vous le sentiment d’exercer pleinement ce rôle de régulateur et d’artisan du bien social qui est celui de magistrat. » Ainsi Philippe Ingall-Montagnier souhaitait-il avec vigueur, le 3 septembre dernier, la bienvenue aux 27 magistrats installés à la Cour de cassation.
Si le doyen des premiers avocats généraux semblait visiblement à l’aise dans l’exercice de l’intérim du procureur général, l’arrivée à ce poste convoité du digne remplaçant de Jean-Claude Marin, parti à la retraite le 30 juin dernier, s’annonce cependant imminente.
Alors que quatre candidats s’étaient manifestés – Philippe Ingall-Montagnier lui-même, Robert Gelli, procureur général de la cour d’appel d’Aix-en-Provence, Pierre Valleix, procureur général de la cour d’appel de Montpellier, et François Molins, procureur de Paris, c’est ce dernier que la garde des Sceaux avait proposé de nommer, le 29 juin dernier. Le « visage de l’antiterrorisme français » devrait donc a priori quitter son poste actuel début novembre afin d’être promu procureur général de la Haute juridiction, suite à l’avis favorable du CSM : pour la première fois, un procureur général près la Cour de cassation ne sera pas nommé directement en conseil des ministres, conformément à la loi du 8 août 2016 ayant ouvert le poste selon la procédure de « transparence ».
En attendant, la succession de François Molins au parquet de Paris fait beaucoup parler d’elle. Début juillet, Maryvonne Caillibotte, avocate générale à Paris, Marie-Suzanne Le Quéau, procureure générale de Douai, et Marc Cimamonti, procureur de Lyon et favori de Nicole Belloubet, avaient été reçus par la ministre de la Justice. Mais contre toute attente, le 24 septembre, la Chancellerie lançait un nouvel appel à candidatures. Selon le Canard Enchaîné, Emmanuel Macron aurait tout bonnement rejeté les trois prétendants. « Du jamais-vu dans les annales judiciaires », écrit l’hebdomadaire satirique. Le Syndicat de la Magistrature, lui, s’insurge, et accuse le président de la République d’avoir mis en danger « l’indépendance de la justice ». Le mercato judiciaire se poursuit donc, avec un léger parfum de scandale.
Bérengère Margaritelli
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