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jeudi 2 novembre 20236 min
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02/11/2023 10:51:16 1 5 4170 23 0 2896 3781 3908 Inégalités, pouvoir d'achat et écoanxiété au cœur du rapport annuel du CESE sur l'état de la France

Cette étude, qui recense les principales préoccupations des Français, a été présentée en séance plénière le 25 octobre 2023. Elle met notamment en lumière des inégalités préoccupantes qui se traduisent par « de[s] difficultés d’accès à l’emploi, à l’enseignement supérieur, à la santé, aux services publics et à la mobilité ».

L'édition 2023 du rapport annuel du CESE s'appuie sur une étude Ipsos, menée entre le 1er et le 14 septembre 2023, qui a exploré divers aspects du bien-être des Français, leur niveau d'optimisme, leurs sources d'inquiétude, leur rapport au travail et l'évolution de leur pouvoir d'achat.

Le rapport met en avant trois constats saillants, lesquels ont été détaillés en séance plénière le 25 octobre dernier.

Des inégalités « alarmantes »

Il souligne en premier lieu, chez les citoyens, une « perception aigüe des inégalités et de leurs conséquences sociales en France » - inégalités dont l'accroissement est qualifié « d'alarmant » par le CESE, comme on peut le lire dans la fiche de présentation du rapport.

Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre délégué chargé du renouveau démocratique, a en effet reconnu lors de la séance plénière du 25 octobre qu'elles persistaient « malgré les efforts pour les réduire ».

Il ressort du sondage mené que pour les Français, le premier facteur d’inégalités est le lieu de résidence (67%), suivi par l’origine géographique ou culturelle (63%), et la couleur de peau (62%). Or, alerte le CESE, ces inégalités se traduisent par « de plus grandes difficultés d’accès à l’emploi, à l’enseignement supérieur, à la santé, aux services publics et à la mobilité ». Ainsi, dans les Quartiers Prioritaires de la Ville (QPV), le taux d’emploi est de 45,5 % contre 68 % au niveau national.

Lors d'une table ronde de la séance plénière, a ainsi été mise en lumière l'importance de l'emploi, « levier crucial pour réduire les inégalités », a souligné Saïd Hammouche, président fondateur de Mozaik et membre du CESE, qui invite à se focaliser sur ces quartiers prioritaires.

A ce titre, le CESE préconise de « développer et de financer, dans le cadre des contrats de ville, des actions de médiation entre offre et demande de travail pour améliorer le recrutement des habitants dans les quartiers prioritaires de la ville », et demande à ce que « les aides à l’alternance bénéficient davantage aux jeunes habitants des QPV ».

La perte du pouvoir d'achat également au cœur des préoccupations

Autre inquiétude prégnante, montre le rapport : le pouvoir d'achat, ou, plus précisément, la perte de pouvoir d'achat. 40 % des Français placent en effet ce sujet en tête de leurs préoccupations personnelles, et même 58 % pour les familles monoparentales, nous apprend la fiche de présentation. En cause, du moins en partie : le contexte d’inflation qui dure. Ce dernier « induit un manque d’argent qui devient le premier frein au bien-être (51 %), largement devant les questions de santé (38 %) ou le manque de temps (30 %) ».

Sur ce point, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement et ministre délégué chargé du renouveau démocratique, admet lors de la séance plénière que des personnes « peinent à joindre les deux bouts » en raison de l’inflation. Une situation qui, selon lui, a des implications profondes sur la vie quotidienne et la capacité à vivre dignement.

Le CESE, qui met en évidence la situation particulièrement préoccupante des territoires d'Outre-mer, note en outre que le « budget de référence des familles est très hétérogène, et partout supérieur aux seuils de pauvreté pris en compte par les organismes sociaux », ce qui pose la question, dit-il, de la réévaluation des prestations sociales.

Il alerte donc sur « l’accumulation des crispations liées à l’accroissement de la pauvreté et de l’exclusion sociale, à la saturation des structures d’accompagnement et aux difficultés qu’engendre la pauvreté sur l’accès aux droits et la satisfaction des besoins les plus élémentaires », compte tenu de l’augmentation des demandes auprès d’organismes d’aide alimentaire.

Les Français de plus en plus éco-anxieux

Enfin, le rapport met en lumière l'écoanxiété croissante parmi la population française, puisque 80 % des Français se disent inquiets des conséquences du dérèglement du climat ; « niveau le plus élevé jamais mesuré en France », ajoute le CESE. L’environnement est même la 3e préoccupation personnelle des Français et le 3e frein au sentiment de bien-être, « quasiment au même niveau que le manque de temps et d’argent », relève la fiche de présentation. Une majorité d'entre eux sont également conscients qu'ils ont leur rôle à jouer en matière de transition environnementale.

Durant la seconde table ronde, à l'occasion de la séance plénière, Paola Fabiani, présidente du Comex40 et vice-présidente du MEDEF, a souligné que le phénomène d'écoanxiété était « une réalité croissante » et qu'il fallait « encourager l'engagement citoyen dans la transition écologique ». De son côté, Olivier Véran a observé ce sentiment était exacerbé par des barrières financières qui empêchent de s'engager facilement dans la transition écologique.

De l'avis du CESE, les entreprises doivent « prendre leur part à l’adaptation de leurs activités au changement climatique », et sur ce point, les nouvelles réglementations européennes et normes extra-financières constituent aussi une opportunité pour elles de davantage prendre en compte l'impact de leurs activités sur la planète « et les contraintes que le changement climatique fait peser sur leurs activités voire leur raison d’être ». Le Conseil prône donc qu'elles soient mieux accompagnées en la matière.

Par ailleurs, le CESE rappelle que la Loi de Programmation Énergie Climat, qui devait être promulguée avant le 1er juillet 2023, a pris du retard. « Compte tenu de l’impact de ces arbitrages sur nos modes de production, de consommation et nos flux financiers », le Conseil appelle le législateur à présenter « rapidement » sa feuille de route.

Le CESE révise sa méthode d’observation

Jacques Creyssel, président de la commission Économie et Finances du CESE, a insisté sur les nouveautés du rapport sur l'état de la France en 2023. L'une d’elles est le recours aux sondages pour recueillir des données qualitatives et quantitatives sur les préoccupations des citoyens français. Ce choix permet d'appréhender d’autres aspects comme le bien-être, le niveau d'optimisme pour l'avenir du pays et du monde, ainsi que les sources d'inquiétudes liées au travail ou à l'évolution du pouvoir d'achat.

Le président de commission met également en avant l'utilisation d'indicateurs alternatifs au PIB. En pratique, le CESE ne se limite pas à des mesures économiques traditionnelles pour évaluer la situation du pays. Le rapport 2023 s'appuie sur des données sociales, économiques et environnementales supplémentaires pour offrir une vision plus complète. En explorant toutes ces dimensions qui vont de l'effort de recherche, à l'indice de position sociale, en passant par la rénovation globale des logements et des bâtiments du secteur tertiaire, le CESE établit une image nuancée de la réalité nationale.

Le rapport annuel sur l'état de la France du CESE indique les points qui mobilisent l’attention des Français en 2023. L'avis présenté par Marianne Tordeux-Bitker au nom de la Commission Economie et finances du CESE a quant à lui été adopté à l'unanimité avec 127 voix pour à la séance plénière du 25 octobre 2023.

 

Bernard B.

Bérengère Margaritelli

 

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