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À l’occasion de son Congrès annuel qui se tenait à Amsterdam du 30 janvier au 2 février 2020, Eurojuris France a élu Thierry Voitellier à la tête de son réseau. Au cours de ce mandat d’un an, quelles orientations le président souhaite-t-il donner au premier réseau de professionnels du droit en France ? Entretien.
Pouvez-vous revenir brièvement sur votre parcours ?
En 1998, après mon DEA de droit des contrats commerciaux, j’ai directement intégré le département « banque et assurance » d’un grand cabinet parisien dans lequel je suis resté près de dix ans. J’ai ensuite rejoint le cabinet Courtaigne Flichy Daste & Associés à Versailles, qui a été rebaptisé depuis Courtaigne Avocats. J’interviens aujourd’hui sur de nombreux dossiers liés au droit commercial et pénal.
Vous êtes investi dans le réseau depuis plus de 13 ans. Était-il important pour vous d’en prendre la présidence ?
Le réseau Eurojuris m’a beaucoup apporté, notamment à travers Jurismus, le groupe des avocats du réseau de moins de 40 ans. Partage d’expériences, rencontres professionnelles, j’ai pu grâce au réseau faire partie d’un écosystème de droit qui réunit de nombreux cabinets d’excellence. Il me paraît important aujourd’hui de partager cette richesse dont j’ai pu bénéficier et de la faire fructifier.
Vous affirmez que votre ambition « est de continuer à faire d’Eurojuris une fabrique de cabinets d’excellence ». Pouvez-vous nous en dire plus ?
Le réseau Eurojuris a pour objectif de réunir et d’accompagner les cabinets partout sur le territoire, de développer des projets innovants et de faire foisonner un écosystème riche. Depuis de nombreuses années, il a pour mission de faire « prendre de la hauteur » aux cabinets. Formation, adaptation aux nouvelles technologies, maillage national et international, le réseau a de nombreux outils en main pour accompagner les cabinets dans leur recherche de l’excellence. Nous avons aussi mis en place au sein du réseau une Charte de transparence que chaque Cabinet doit s’engager à suivre, et le réseau a été certifié ISO 9001. Ce sont des gages de qualité et d’excellence. Aujourd’hui, notre réseau regroupe plus de 1 000 professionnels du droit avec une implantation dans toute la France, ainsi qu’à l’international.
Que retenez-vous principalement du mandat de votre prédécesseur, Sophie Clanchet ?
Sophie Clanchet s’est beaucoup investie dans les nouvelles technologies et a permis au réseau Eurojuris de conforter sa position de réseau innovant. De nombreux outils ont été développés sous sa présidence.
Elle a aussi permis au réseau de s’ouvrir et de sortir de son écosystème grâce à des partenariats innovants ; Legal Storm en est l’exemple parfait. Créé l’année dernière, en partenariat avec l’Union Nationale des Huissiers de Justice, Legal Storm rend possible la fédération des professionnels du droit qui veulent innover et financer la création d’outils digitaux innovants utiles à leur exercice. Legal Storm a déjà collecté plus de 250 000 euros auprès des membres des réseaux Eurojuris et de l’UNHJ, et une levée de fonds est en cours auprès de l’ensemble des professionnels du droit.
En janvier dernier s’est tenu le congrès Eurojuris, dont le thème principal était consacré au bien-être au travail. Pourquoi ce choix ?
Aujourd’hui, le travail occupe la plus grande partie de nos vies, et sur des professions comme les nôtres, le temps n’est pas vraiment compté. Nous sommes à l’écoute des besoins et des attentes de nos membres, et la notion de « bien-être » revenait depuis plusieurs années, surtout auprès des jeunes générations d’avocats. Prendre du plaisir à aller travailler, être heureux dans ses échanges avec les autres, faciliter et améliorer nos pratiques professionnelles pour mieux travailler sont des notions importantes, voire prépondérantes.
Nous sommes un réseau d’excellence, et l’excellence passe aussi par la qualité de vie au travail.
Quels sont les principaux défis auxquels sera confrontée la profession dans les prochaines années ?
De nombreuses questions se posent actuellement sur les datas et les algorithmes, laissant à croire que, demain, une justice informatisée et sans avocat est possible. Mais le droit n’est pas un programme informatique binaire. Salomon et saint Louis n’étaient pas des informaticiens. Le droit c’est avant tout l’art du juste et du bon. Ce qui fait la force d’un avocat, c’est de combler la faille de l’algorithme et de proposer à ses clients une solution juste, humaine et adaptée à sa situation. Le réseau Eurojuris souhaite clairement que les cabinets s’emparent des Nouvelles Technologies, mais veille à ce que les solutions choisies, quelle que soit leur forme, leur permettent de garder cette valeur ajoutée unique : le regard humain.
En tant qu’avocat, quel regard portez-vous sur la réforme des retraites qui a mobilisé la profession ?
Eurojuris n’est pas un réseau politique ou syndical. Notre rôle est d’accompagner les professionnels de droit qui font œuvre de justice partout en France. À ce titre, nous sommes soucieux de la cohésion territoriale et des cabinets qui œuvrent au quotidien pour rendre justice dans les territoires. La proximité avec nos clients est une force, et si demain les charges imposées aux cabinets ne leur permettent plus de répondre aux besoins de tous, cela sera une atteinte à la justice pour tous.
Les nouvelles technologies investissent la profession du droit. Quel regard portez-vous sur cette mutation digitale ?
L’informatique n’est pas la solution mais un outil. Un outil utile et pratique certes, mais comme je l’ai dit le regard humain est primordial. Le réseau Eurojuris a décidé d’investir dans les Nouvelles Technologies en prenant soin que chacun de ses membres puissent être acteur de la transformation numérique. Nous travaillons et réfléchissons avec les cabinets, nous réalisons des hackathons pour penser les outils de demain et enfin nous leur proposons même d’investir financièrement dans le développement de ces outils. Nous voulons qu’ils soient parties prenantes de leur avenir.
Propos recueillis par Constance Périn
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