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Pendant dix mois, entre décembre 2023 et septembre 2024, la délégation aux droits des femmes du Sénat s’est penchée sur la situation de ces femmes invisibilisées. Elle a entendu plus d’une cinquantaine de personnes pour parvenir à un rapport d’information adopté le 8 octobre dernier. Ampleur du phénomène, violences systématiques,... Retour sur la réalité du sans-abrisme des femmes en 7 faits et chiffres marquants.
Chaque soir, environ 3 000
femmes et près de 3 000 enfants sans abri passent la nuit dans la rue. Les
femmes représenteraient actuellement 10 à 15 % des personnes dormant dans la
rue, contre seulement 2 % il y a 10 ans. « On les voit peu, mais elles
sont de plus en plus nombreuses. C'est inédit et historique », souligne
la sénatrice Anne Evren, rapporteure du texte. « À l'époque de la
création du Samusocial, on n'imaginait pas une seule seconde qu'une femme
pouvait rester à la rue. Et a fortiori, aucun enfant n'y était laissé ».
Si dans l'imaginaire
collectif, les personnes sans domicile sont souvent perçues comme des hommes,
plutôt âgés, souvent très désocialisés ; en réalité, 40 % des personnes sans
domicile hébergées par l’Etat sont aujourd'hui des femmes, soit environ 120 000
personnes en France. Et parmi elles, une majorité de femmes migrantes. En 2012,
plus de la moitié des femmes sans domicile déclaraient être nées à
l’étranger.
La quasi-totalité de ces
femmes a subi des violences physiques et sexuelles dans la rue. « Au bout
d’un an passé à la rue, 100 % des femmes ont subi un viol, quel que soit leur
âge, quelle que soit leur apparence. Pour elles, c’est un trauma parmi d’autres
», selon Aurélie Tinland, médecin-psychiatre à l’AP-HM, auditionnée dans le
cadre du rapport.
Parmi les femmes sans
domicile nées en France, plus d’un tiers ont été victimes de violences dans
leur enfance et 1 femme sur 4 a connu un passage par l’Aide sociale à l’enfance
(ASE). En outre, 15 % ont perdu leur logement à la suite de violences intrafamiliales.
Ces différentes catégories pouvant bien sûr se recouper.
D’amical, cet hébergement
n’en a que le nom. Il désigne un logement octroyé en échanges de services
sexuels et/ou domestiques que les femmes sans domicile, très exposées à la
traite d’être humain et à la prostitution, se voient proposer.
Si les femmes ont longtemps
bénéficié d’une meilleure protection institutionnelle que les hommes, ce n’est
plus le cas. En Île-de-France, pour être classée prioritaire dans l’attribution
d’un hébergement d’urgence, il faut être soit une femme victime de violence,
soit être enceinte de plus de six mois, soit avoir un bébé de moins de 3 mois.
« Avec un bébé de plus de 3 mois, vous n’êtes pas prioritaire »,
s’indignent les rapporteures du texte. Le rapport estime à 10 000 le nombre de
places d’hébergement nécessaire pour garantir une prise en charge immédiate de
ces femmes et familles.
Tout au long de l’année,
entre 30 et 40 femmes enceintes ou avec un nouveau-né sont hospitalisées, faute
de solution d’hébergement, dans des maternités franciliennes qui mobilisent des
lits pour ne pas les remettre à la rue. À la maternité Delafontaine à Saint-Denis,
« environ 25 femmes et une dizaine d’enfants sont mises à l’abri dans le hall
de l’hôpital chaque soir, et encore davantage dans le cadre du plan Grand Froid
».
Delphine Schiltz
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