INTERVIEW. Jeux olympiques de Paris : le nettoyage social a-t-il eu lieu ?


vendredi 26 juillet 20247 min
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Dans un long entretien accordé au JSS, la vice-présidente de la Ligue des droits de l'homme et magistrate honoraire Évelyne Sire-Marin dresse l'inventaire des atteintes aux droits et libertés qui ont émaillé la préparation des JO de Paris, dont la cérémonie d'ouverture se tient le 26 juillet. La LDH, qui doit bientôt publier un rapport à ce sujet, craint de voir des mesures d’exception prises pour les JO être pérennisées dans le droit commun.

Le plus grand événement jamais organisé en France, 16 millions de visiteurs attendus, des milliards de téléspectateurs au niveau mondial : les Jeux olympiques et paralympiques d’été de Paris, qui débutent officiellement ce vendredi 26 juillet avec la cérémonie d’ouverture sur la Seine, pourraient bien battre tous les records.

Cependant, tout le monde ne voit pas la vie en rose, à tel point que la Défenseure des droits s’est auto-saisie pour enquêter sur la situation. Depuis plusieurs années, des associations alertent contre les risques d’atteintes aux droits et libertés des populations habitant près des lieux des JO. Parmi eux, le collectif Le Revers de la médaille a publié plusieurs rapports sur les risques d’exclusion des populations en situation de précarité.

Composé d’une centaine d’associations, il pointe les risques en matière d’occupation de l’espace public, d’accès à l’alimentation et à l’eau (plusieurs distributions alimentaires ayant été déplacées), de santé, d’hébergement et d’accès au droit. Il a également proposé un ensemble de solutions pour y remédier.

La Ligue des droits de l’homme fait partie du collectif, et publiera prochainement un rapport portant sur quatre thématiques : techniques de surveillance, textes sécuritaires, logement, justice. L’occasion de faire le point avec sa vice-présidente, Évelyne Sire-Marin, magistrate honoraire et ancienne présidente du Syndicat de la magistrature.

Journal spécial des sociétés : Peut-on employer le terme de nettoyage social, utilisé lors des précédentes éditions des Jeux olympiques et paralympiques, pour ceux de Paris ?

Évelyne Sire-Marin : Le terme, utilisé par l’association Le Revers de la médaille, est un peu brutal, mais résume assez bien [la situation]. Il y a des éléments [qui le démontrent] depuis les lois sur l'organisation des Jeux olympiques, celle du 26 mars 2018, qui modifie les règles d’urbanisme, et la plus récente du 19 mai 2023.

Il y a eu ensuite l'expulsion d’étudiants de leur logement, avant la fin de l'année universitaire. Au 4 juin, il y en avait déjà 3 000. Beaucoup de gens se sont aussi vu signifier par leurs bailleurs la fin de leur bail et sont partis sans rien dire. Cela a été massif en début d’année. Malheureusement à Paris il y a énormément de contrats meublés, pas du tout contrôlés, à l’inverse d’un contrat de droit commun.

C’est extrêmement souple et défavorable au locataire. Le délai pour lui donner congé est court, trois mois, sans besoin de motif. Ces questions de droits concernent des locataires en situation de faiblesse par rapport au bailleur. C'est vraiment une conséquence déplorable des Jeux olympiques sur le logement.

Il y a aussi le problème de l'immobilier en région parisienne. Beaucoup de logements

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