Journal Spécial des Sociétés n° 79 - Audience de rentrée du Jeune Barreau de Rouen

mercredi 19 octobre 20162 min

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Le Palais de justice de Rouen est sans aucun doute l’un des plus beaux de France. Classé au titre des monuments historiques, cet édifice à l’architecture gothique – un des rares à être affecté à une utilisation civile – a été construit entre la fin du XV^e et le XX^e siècle. Pointés vers le ciel, les nombreux pinacles de la façade procurent une forte impression de verticalité, tandis que l’ornementation riche et délicate offre un certain raffinement à ce bâtiment large de 65 mètres.

Au fond à droite de l’imposante salle des procureurs, dans laquelle plaidait Corneille lorsqu’il était avocat, l’ancienne grand’chambre, aujourd’hui Cour d’assises, possède un magnifique plafond à caissons, décoré de rosaces et d’ornements dorés. C’est là que s’est déroulée la rentrée solennelle de la Conférence du Jeune Barreau de Rouen. Ce 30 septembre, devant Dominique Lebrun, l’archevêque de Rouen, le bâtonnier Arnaud de Saint Rémy a commencé son discours en rendant hommage au père Hamel assassiné à Saint-Etienne- du-Rouvray. Il a ensuite évoqué les liens forts qui unissent son barreau à celui de Paris, grâce à maître Sénard qui fût jadis bâtonnier de la capitale et de Rouen. Frédéric Sicard, présent lors de la rentrée, a d’ailleurs remis à Arnaud de Saint Rémy une réplique du buste de l’illustre prédécesseur. C’est lui qui avait défendu Gustave Flaubert en 1857. Et c’est précisément ce procès (celui de Madame Bovary) que les deux secrétaires de la conférence, Fabien Lacaille et Morgane Beauvais, ont eu à rejouer.

Le célèbre auteur, alors inconnu, est jugé pour complicité d’« outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes moeurs ». Il devra faire face à « un petit homme au visage pointu et au timbre métallique », le procureur impérial, « l’implacable Ernest Pinard » pour reprendre les termes d’Arnaud de Saint Rémy, « le redoutable Pinard » pour paraphraser Baudelaire. Mais Flaubert fait appel à l’avocat Jules Sénard, un génie oratoire, qu’on surnommerait aujourd’hui « acquitator ».