L'IA menace-t-elle de court-circuiter l'école ?

Désinformation, dilution des connaissances, baisse de l’attractivité de l’enseignement… L’ombre de l’intelligence artificielle plane sur le monde enseignant, percuté par la massification d’un outil qui questionne son monopole de la transmission du savoir. Comment l'école peut-elle s'adapter aux défis posés par l'arrivée de ces assistants personnels de la pensée ?

Enseignement contre intelligence artificielle : lequel aura raison de l'autre ? Révolution technique encore en germe imposée au forceps médiatique, l’IA s’immisce déjà dans les pratiques quotidiennes au sein de l’école. Et ce au prix de certains biais et inexactitudes qui jurent dans ces temples du savoir. Elèves et corps enseignant doivent apprivoiser ce nouvel outil qui dégaine des réponses toutes faites plus vite que les têtes blondes n’ont le temps de les comprendre. Comment ne pas laisser cette technologie prometteuse ringardiser l’acquisition profonde des savoirs ? Le mercredi 7 février dernier, la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale a organisé une table ronde sur le thème de l’école et de l’intelligence artificielle. De quoi apporter quelques réponses.

Ont participé aux échanges avec les parlementaires, Florence Biot, sous-directrice de la transformation numérique, à la direction du numérique pour l'éducation, au ministère de l’Éducation nationale, Daniel Andler, mathématicien et philosophe, professeur émérite de l’Université Paris Sorbonne, Colin de la Higuera, professeur en informatique à Nantes Université, et enfin, André Tricot, professeur en psychologie cognitive à l’université Paul Valéry Montpellier 3.

En introduction, la députée Isabelle Rauch (Moselle), présidente de la commission, présente l'IA comme un domaine suscitant beaucoup de fantasmes, entre « espoirs et craintes », liés notamment à la technicité du sujet. Elle rappelle que l’idée de reproduction de l'intelligence humaine, utilisant les mathématiques et l'informatique, n'est pas né d'hier, puisqu'elle a émergé dès les années 50. Cependant, ce n'est qu’avec les avancées technologiques, que le sujet est « devenu une priorité stratégique des autorités publiques depuis quelques années ». Ainsi, en France, le gouvernement a lancé une stratégie sur le sujet, répartie en deux phases, entre 2018 et 2025, pour améliorer notre compétitivité dans le domaine.

Afin de cerner l’emprise de l'IA, la présidente de la commission souligne que dans une « société où plus de 98% de l'information est numérisée », « l'économie, le droit, l'éthique la santé, la défense nationale, la sécurité, la communication,