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« L’électrochoc, c’est une onde électrique que l’on fait passer dans l’encéphale pour traiter certaines maladies mentales et la dépression. C’est notamment la thérapie pratiquée par l’infirmière tortionnaire dans Vol au-dessus d’un nid de coucou. On pourrait donc peut-être sous-titrer cette journée Vol au-dessus d’un nid d’avocats ! », a suggéré le cinéphile directeur de l’EFB, Pierre Berlioz, lors d’un colloque consacré à l’Électrochoc numérique, le 15 mai dernier. À condition qu’elle n’aboutisse pas à une lobotomie comme dans le film de Milos Forman, la révolution numérique aura-t-elle un effet thérapeutique pour les avocats et les justiciables ?
Pourtant, certains spécialistes la redoutent. Les legaltechs vont-elles capter leur clientèle, et des robots, finir par revêtir leurs robes noires ? Court-on dans la gueule de l’ubérisation du droit ? Après tout, le rapport Haeri l’a prédit : « Nos interlocuteurs les plus élémentaires, sur des sujets usuels, seront des boîtes de dialogue qui répondront à des questions usuelles (...) Enfin, l’intelligence artificielle va s’orienter vers les outils prédictifs qui, en toutes matières et pour tous usages, vont modifier nos comportements ».
En guise de modification, faisons le pari que le perfectionnement du numérique permettra un accès facilité à la prestation juridique. De plus en plus, déjà, celle-ci devient une forme de consommable. Elle transforme le regard du justiciable. Alors certes, aujourd’hui, le client discute les prix ; discute la qualité. La prestation de l’avocat perd de son sacré pour devenir un simple produit. Produit, disons-nous ? Oui, mais peut-être cela n’est-il pas aussi péjoratif que l’on veut bien le croire. D’autant que, et Pierre Berlioz l’a plutôt bien exprimé, « L’avocat ne peut plus simplement être le spécialiste qui attend le client dans sa tour d’ivoire. Il doit devenir un prestataire de services, avec une démarche entrepreneuriale ». Et, dans cette lignée, le directeur de l’EFB refuse d’opposer legaltech et professionnels du droit : « L’objectif est que l’avocat soit capable d’intégrer la legaltech dans son activité pour effectuer rapidement un certain nombre de tâches et afficher une valeur ajoutée. Aujourd’hui, 75 % des besoins en droit ne sont pas satisfaits. Il y a donc un intérêt à développer le service juridique, pour favoriser l’accès à la connaissance du droit. C’est-à-dire sensibiliser au droit, le faire rentrer dans les maisons, dans les entreprises, dans les consciences. »
Bérengère Margaritelli
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