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50 ans après qu’un astronaute a marché sur la Lune, celle-ci fascine-t-elle encore aujourd’hui ? Est-elle à nouveau un enjeu international ? La réponse est positive, à l’orée des missions et projets à venir.
Les États-Unis vont-ils retourner sur la Lune ?
Après leur retrait des activités d’exploration lunaire, les États-Unis se sont tournés vers le développement des navettes, de la Station spatiale internationale (ISS), de télescopes, de robots envoyés sur d’autres planètes.
Aujourd’hui, pourtant, la course à la Lune semble bel et bien relancée. La déclaration en mars 2019 du Président Trump ne laisse aucun doute à ce sujet, avec un objectif plus lointain, celui d’accéder à la planète Mars : « This time, we will not only plant our flag and leave our footprint, we will establish a foundation for an eventual mission to Mars and perhaps, someday, to many worlds beyond*. »
Ainsi, le Président américain a annoncé son intention d’envoyer à nouveau un astronaute américain sur la Lune dans les cinq prochaines années. L’objectif affiché est d’établir une base permanente qui permettra ensuite aux astronautes de se rendre sur Mars. Plusieurs projets doivent donc être développés dans les années à venir.
Le Projet Artemis a pour objectif le retour
d’astronautes sur la Lune. Ce projet se décompose en
quatre missions : Artemis 1, mission non habitée de vol autour
de la Lune (prévue pour 2020), Artemis 2, mission habitée de vol autour
de la Lune (prévue pour 2022), Artemis 3,
mission habitée d’alunissage et enfin le projet Gateway. L’objectif de ce dernier est de
construire un spaceport en orbite lunaire qui deviendrait une étape pour
les voyages d’exploration sur la Lune et dans l’espace et qui à plus long terme
aurait pour vocation de remplacer l’actuelle ISS.
Ce Gateway est une mini station spatiale en orbite lunaire à laquelle les astronautes en route pour la Lune s’amarreraient pour ensuite utiliser un module d’alunissage. À la fin de leur mission lunaire, les astronautes retourneraient dans le Gateway avant de reprendre un véhicule spatial (Orion en l’occurrence) qui les ramènerait sur Terre.
Les projets russes ?
La Russie, ou plus exactement l’URSS, dans les années 60, était aux côtés des États-Unis, la seule nation à avoir pu accéder à la Lune. L’URSS ayant, en effet, réussi à s’approcher de la Lune (sans y alunir) et à prendre des photos de la face cachée de la Lune. Aujourd’hui, il se pourrait qu’il y ait un regain d’intérêt pour l’exploration lunaire, pas seulement au niveau scientifique, mais aussi au niveau de l’exploitation des ressources ou encore de la mise en place d’une base lunaire pouvant servir de relais aux voyages vers Mars.
Pour illustrer l’engagement de la Russie dans ces nouveaux projets lunaires, en septembre 2017, contre toute attente, la Russie et les États-Unis ont signé un accord de coopération dans le cadre du projet « Deep Space Gateway ».
Les États-Unis et la Russie, alliés dans la reconquête de la Lune ?
La Chine, un nouveau compétiteur ?
De son côté, la Chine veut aussi être considérée comme une nation spatiale, au même titre que les États-Unis ou la Russie. La Chine est ainsi parvenue à faire alunir, en janvier 2019, sur la face cachée de la Lune (ce qui est une première mondiale), un robot Chang’e, qui a permis de procéder à de nombreux relevés. La Chine a également envoyé depuis 2003 pas moins de 12 thaiconautes dans l’espace, elle a construit en orbite un prototype de station spatiale Tiangong-1 (en fonction entre 2011 et 2018). Son objectif est maintenant de construire une station spatiale de l’envergure de l’ISS et d’envoyer d’autres missions robotiques sur la Lune (Chang’e 5 et 6) afin de récolter des matériaux et des ressources à étudier, en vue d’envoyer des thaiconautes sur la Lune d’ici 2025.
Enfin, d’autres nations, comme le Japon ou l’Inde, souhaitent également s’engager dans des missions lunaires.
L’astronaute Edwin E. Aldrin Jr., pilote du module lunaire de la première mission d’atterrissage lunaire, pose pour une photo à côté du drapeau américain déployé lors de l’activité extravéhiculaire (EVA) Apollo 11 sur la surface lunaire – 20 juillet 1969
Le positionnement européen dans les projets d’accès à la Lune
« Moon Village » / « Village lunaire » est projet de l’Agence spatiale européenne (l’ESA).
L’idée de la construction d’une base lunaire habitée ou robotique a été lancée en 2015 par le directeur de l’ESA, Jan Wörner. Il s’agit d’une nouvelle base permanente qui pourrait succéder à la Station spatiale internationale, et qui devrait être achevée en 2025. Cette base lunaire serait construite sur la base d’une coopération internationale (reprenant le modèle de l’actuelle ISS construite en coopération avec l’ESA, les États-Unis, le Japon, le Canada et la Russie), mais en incluant également des partenaires privés. Il semble qu’elle intéresse d’ores et déjà la Russie, le Japon et la Chine. L’objectif du « Moon Village » est d’abriter des laboratoires ouverts à tous les pays. Un des intérêts de cette base lunaire est de comprendre comment le corps humain peut s’adapter sur le long terme aux conditions spatiales, ouvrant ainsi la voie aux voyages vers Mars.
En parallèle, l’ESA mène des discussions pour coopérer avec d’autres États à des projets lunaire. Ainsi, l’agence pourrait coopérer avec la NASA sur le projet Gateway et Artemis, aux côtés du Canada, du Japon et de la Russie. L’ESA fournirait les modules Esprit et I-Hab (module d’habitation).
D’autres projets sont à l’étude, avec notamment la mission Heracles, qui vise à faire revenir sur Terre des échantillons robotiques de la Lune, en utilisant l’infrastructure Gateway, ou encore des études avec des partenaires privés.
La présence plus discrète du secteur privé ?
En parallèle des projets nationaux et internationaux affichés par les États, un certain nombre de projets relevant du secteur privé sont en cours de développement. Ces projets ont des enjeux différents, allant de la coopération avec des entités gouvernementales (dans le cadre d’un accord passé avec la NASA, Blue Origin a pour mission de développer des modules lunaires) à des projets purement privés d’accès à la Lune ou des missions d’exploitation des ressources lunaires.
Il semblerait que l’accès à la Lune soit devenu au mieux une étape nécessaire pour comprendre l’environnement lunaire et préparer les missions d’exploration vers Mars, au pire, une surface pouvant être exploitée et utilisée par les Hommes. Il faudra toutefois veiller à ne pas endommager notre satellite naturel, nous n’en avons pas de rechange.
Cécile Gaubert,
Avocate au barreau de Paris
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