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L’audience solennelle de rentrée de la
cour d’appel de Versailles s’est tenue le 24 janvier, en comité restreint,
Covid oblige. À cette occasion, a été installé Jean-François Beynel, nouveau
Premier président. Ce dernier a profité de son discours d’installation pour
proposer « modestement » à la juridiction versaillaise
quelques pistes de réflexion sur ses missions en tant que chef de juridiction,
souhaitant ouvrir le débat.
Jean-François
Beynel est officiellement Premier président depuis le 24 janvier de la 3e plus
grande juridiction de France. Le procureur général Marc Cimamonti, l’a félicité
de son action aux commandes de l’inspection générale durant trois ans, action
qu’il a qualifiée de « parfaite réussite ». « La cour d’appel de
Versailles a ainsi, je le pense sincèrement, de la chance de vous voir nommé à
sa tête », a assuré le Procureur général, non sans rappeler que cette
audience était avant tout celle de la présentation du nouveau chef de juridiction.
Marc Cimamonti a ainsi indiqué que Jean-François Beynel était né à Limoges dans
les années 60. Après une hypokhâgne au lycée Henri IV, diplômé de l’Institut
d’Étude Politique, il est passé par l’École Nationale de la Magistrature (ENM).
C’est en Seine-Saint-Denis qu’il a débuté sa carrière en tant qu’attaché de la
sous-préfecture du Raincy. Quelques années plus tard, Jean-François Beynel a
été nommé juge d’instruction au tribunal de grande instance du Havre, puis à
celui de Saint-Denis de la Réunion. Il a ensuite été président de tribunal de
grande instance à trois reprises, à Cambrai, à Castres et à Mulhouse.
Jean-François Beynel a également travaillé à deux occasions en cabinet
ministériel aux côtés des gardes des Sceaux Elisabeth Guigou et de Christiane
Taubira. En 2015, il a été nommé pour la première fois Premier président à la
cour d’appel de Grenoble, dont il est resté à la tête pendant trois ans.
La
confiance basée sur le dialogue
Dans
son discours, le Premier président a martelé que « la justice se caractérise
par son indépendance » et « qu’établir la confiance sans faille de nos
concitoyens est une condition de base à l’efficacité de l’action judiciaire
», alors qu’un Français sur deux n’a plus confiance en la justice, d’après une
enquête Ifop de 2019 pour L’Express. Pour Jean-François Beynel, la
plupart des reproches envers la justice proviennent d’un manque de connaissance
sur le fonctionnement de cette institution qui est pourtant une « valeur
fondamentale dans un État de droit ». « L’action du pouvoir judiciaire a besoin
de la confiance des citoyens pour prospérer », et chacun est responsable de la
préservation de cet Etat de droit car celui-ci « garantit l’exercice effectif
de la démocratie, qui n’est pas immortel ». Pour y remédier, le nouveau Premier
président a cité Dominique Lottin, magistrate française, membre du Conseil
constitutionnel depuis 2017 : « C’est dans le dialogue et dans l’écoute que
pourra être restaurée la confiance de nos concitoyens, pas dans l’invective et
la caricature », avait-t-elle dit aux auditeurs de justice lors de la
visite des présidents des assemblées parlementaires à l’ENM, en octobre dernier.
Le
chef de juridiction envisage de mettre en place des actions pédagogiques sur le
long terme, comme par exemple un partenariat avec l’Éducation nationale pour la
formation des jeunes ou bien faire de la pédagogie par voie de presse.
En
tant que Premier président, Jean-François Beynel a également garanti qu’il
interviendrait pour protéger les magistrats des attaques dont ils font l’objet
afin, de surcroît, de protéger la légitimité et la crédibilité de
l’institution.
Un
Premier président au service des justiciables
Pour Jean-François Beynel, le Premier président doit
toujours agir dans l’intérêt des justiciables, mais surtout, « le service de
justice s’adresse en premier lieu aux plus pauvres, aux plus démunis, et aux
laissés-pour-compte ». Le chef de juridiction a proposé que ce public soit
au cœur d’actions et de réflexions. Il a indiqué vouloir revoir le plus
rapidement possible l’action des conseils départementaux de l’accès au droit
avec les présidents des tribunaux judiciaires, mais aussi évaluer sur le
terrain les dispositifs d’accueil des justiciables en vue de les améliorer si
nécessaire. Jean-François Beynel n’a pas oublié de mentionner la problématique
persistante du manque de moyens, et a encouragé, pour y faire face, à fixer des
priorités, des objectifs.
Un
Premier président qui aime dialoguer
Le chef de cour, a estimé
Jean-François Beynel, doit être un lien entre l’administration centrale et les
juridictions pour assurer des dialogues de gestion et s’assurer de la bonne
gestion des fonds. Le Premier président compte faire rapidement le tour de
toutes les juridictions de son ressort et promet de le faire de façon
régulière. L’objectif de ces visites est de rencontrer les acteurs de première
instance afin de mettre en place un dialogue constructif avec les chefs de
juridiction en organisant des réunions bilatérales régulières et des réunions
globales, et en incitant sur la tenue d’échanges thématiques sur les domaines
juridictionnels entre juridictions et la cour.
La fonction de Premier président
impose d’être responsable de la gestion des ressources humaines, une des
missions essentielles qui doit « à la fois accompagner, évaluer, identifier
les potentiels et les capacités et assurer la veille déontologique » a
estimé Jean-François Beynel. Ce dernier a d’ailleurs particulièrement insisté
sur ce point, et a proposé d’intégrer des échanges réguliers avec les
présidents du ressort pour construire un dialogue de confiance et les conduire
à être en alerte. Il a également proposé de permettre aux magistrats et aux fonctionnaires
de questionner « sans risque et librement » une institutionnalisation de
rendez-vous déontologiques, au moment de la prise de fonction des chefs de
juridiction et des chefs de service : « Cette veille déontologique ne doit
pas être conçue comme une méfiance vis-à-vis des magistrats et des
fonctionnaires, mais comme une garantie forte à apporter à l’enceinte de
l’institution regarde des missions essentielles et sensibles qui lui sont
confiées. Établir la confiance sans faille de nos concitoyens et une condition
de base à l’efficacité de notre action. »
Tina Millet
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