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La profession accède ainsi à la catégorie A depuis longtemps revendiquée. Ce nouveau corps de débouché, qui s’accompagne d’un rééchelonnement indiciaire, concernera 3 200 greffiers déjà en poste, sur candidature. Les recrutements seront étalés de janvier 2025 à janvier 2026.
« C’est fait ! »
Pour la profession qui la réclamait de longue date, c’est un pas de géant. La
création du statut de « cadre greffier », créée par le décret n°
2024-1089 du 3 décembre 2024, a été entérinée hier par la publication au
Journal officiel des textes du protocole d’accord. Elle est intégrée au
protocole d'accord sur la revalorisation des métiers de greffe signé par le
ministre de la Justice le 26 octobre 2023 avec trois des organisations
syndicales représentatives de fonctionnaires des services judiciaires.
« Les greffiers vont pouvoir
bénéficier d’une évolution de carrière en catégorie A tout en continuant
d’exercer leur cœur de métier : des missions juridictionnelles et non
administratives ! » s’est réjoui par communiqué le syndicat Unsa SJ,
premier syndicat au sein du ministère de la Justice et des services judiciaires.
Auprès de JSS, Yoan Bourquin, secrétaire régional, n’hésite pas à parler
« d’avancée historique ».
A la clef notamment, des « perspectives
de carrière inédites », soutient-il, accompagnées d’un échelonnement
indiciaire à la hausse. Si un greffier pouvait jusqu’alors prétendre à un indice
brut maximum de 736, correspondant à l’échelon
le plus élevé, pour un greffier principal, ce plafond est désormais porté à 821
pour les cadres greffiers et à 1015 pour les cadres greffiers principaux. Un écart
« énorme, incomparable », assure Yoan Bourquin.
Des montagnes russes
La bataille a été rude ;
« plus de 15 ans de lobbying et de combats menés » par les
syndicats. Enfin, c’était sans compter le retard accusé sur la
lignée d’arrivée. Après avoir eu gain de cause il y a quelques mois, les
représentants de la profession avaient dû composer avec les aléas politiques. La
parution des textes négociés, attendue au début de l’été, s’était finalement heurtée
à la dissolution de l’Assemblée nationale et à la période de battement avant la
désignation du gouvernement de Michel Barnier.
Il a donc fallu attendre fin 2024
pour que le protocole d’accord soit validé par le Conseil d'Etat - l’annonce avait été faite par la sous-direction
des ressources humaines des greffes (SDRHG), lors du comité de suivi du 20
novembre -, puis pour voir les textes paraître au JO. Un peu plus et leur
publication aurait toutefois été une fois de plus repoussée aux calendes grecques
: quelques heures après, le gouvernement était de nouveau renversé.
À lire aussi : ENQUÊTE. Greffiers, génération sinistrée
« Cette victoire est
loin d’être suffisante et ne compense pas tout ce qui ne va pas »,
admet Yoan Bourquin, en écho aux nombreuses doléances des greffiers (à l’instar
du manque d’effectifs et de moyens), notamment formulées avec vigueur lors de la
grève sans précédent de l’été 2023. « Mais c’est une grande étape dans
la bonne direction », tempère-t-il.
Délais contraints
Ce nouveau corps de débouché concernera
3 200 nouveaux cadres greffiers recrutés parmi le corps, sur
candidature, « sans nécessité d’être proposé par sa hiérarchie ». « L’avis
de l’autorité hiérarchique sera néanmoins demandé mais devra être justifié en
cas d’avis réservé ou défavorable ». Après une formation « d’un
mois minimum », entre tronc commun et formation individualisée, les heureux
élus seront affectés dans leur juridiction actuelle.
Dans le détail, 1 200
greffiers principaux seront promus avec effet rétroactif au 1er janvier
2025, par la voie de la sélection professionnelle. Dans un second temps, 1 000 greffiers
prendront du galon au 1er juillet 2025 : 340 greffiers principaux recrutés
par la voie de la sélection professionnelle et 660 greffiers par voie d’examen
professionnel ouvert à tous ceux justifiant de quatre années de services
effectifs. Enfin, 1 000 greffiers seront promus au 1er janvier 2026 : 700
greffiers principaux recrutés par la voie de la sélection professionnelle et
300 greffiers par voie d’examen professionnel.
Si le dépôt des candidatures,
qui se fera « exclusivement en ligne », est détaillé
dans une note de gestion de la Direction des services judiciaires publiée dans la foulée, Yoan Bourquin et toute l’Unsa SJ s’attendent
d’ores et déjà à être « très sollicités pour la constitution des dossiers
». Dossiers enfermés en effet dans des délais extrêmement contraints,
puisque tous les agents candidats à une promotion au titre de l’année 2025
devront postuler dès cette fin d’année. Une deuxième campagne de candidature
sera ensuite ouverte pour l’année 2026.
Accélération de carrière
En parallèle de cette avancée
phare s’agissant de la fameuse catégorie A, le protocole d’accord prévoit d’autres
progrès, souligne l’Unsa SJ. En particulier, le texte permet d’accélérer la
carrière des greffiers en réduisant la durée dans quatre échelons, en
supprimant un échelon et en « décontingeant » le plus élevé,
permettant à tous les greffiers principaux de l’atteindre.
L’accélération concernera
également l’avancement au grade principal : étant donné que le corps des
cadres greffiers sera « constitué au départ de 70 % de greffiers
principaux donc le grade sera vidé de ses effectifs et devra être reconstitué à
l’identique », de nombreux greffiers pourront être promus au grade
supérieur.
Par ailleurs, les épreuves
pour l’examen professionnel d’accès au grade principal seront modifiées à
compter de septembre 2025, avec la suppression de l’épreuve écrite relative aux
statuts et à l’environnement professionnel pour recentrer les épreuves sur la
seule procédure.
Bérengère Margaritelli
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