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Cela a sans doute fait tout drôle à feu Pierre de Coubertin, le 8 mars, lorsque la statue du rénovateur des Jeux olympiques qui jugeait « inesthétique » toute « olympiade femelle » a été rejointe, dans le hall de la Maison du sport français à Paris, par celle d’Alice Milliat, pionnière du sport féminin et fondatrice en 1920?de la Fédération sportive féminine internationale. De son côté, le Comité international olympique a confirmé que les Jeux de Paris de 2024?seraient les premiers à proposer une stricte parité entre athlètes hommes et femmes. Mais comment en est-on arrivé là ? Évidemment grâce à la détermination, aux combats de femmes militantes et rebelles pour défendre leurs droits.
Des premières revendications à celles d’aujourd’hui
Le club Femina Sport est créé en 1912, et l’institutrice militante Alice Milliat, devenue présidente du club, va œuvrer à la promotion du football féminin et contribuer, en 1917, à la création de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, pour créer un championnat national de football, d’athlétisme, de basket, de natation… Elle demande en 1919?au Comité international olympique d’inclure des épreuves féminines au programme des Jeux d’Anvers de 1920, mais se heurte au refus des dirigeants, notamment celui de Pierre de Coubertin. La reconnaissance olympique intervient en 1928?aux Jeux d’Amsterdam, où 21?pays délèguent 277 femmes aux épreuves de gymnastique et d’athlétisme.
Un siècle plus tard, le Journal officiel du 2 mars 2017?publie la loi 2017-261?du 1er mars, dont le titre IV est intitulé « Promouvoir le développement et la médiatisation du sport féminin ». La loi 2014-873?du 4 août 2014?édictait déjà à l’article?63-1?que « lorsque la proportion de licenciés de chacun des deux sexes est supérieure ou égale à 25 %, les statuts prévoient les conditions dans lesquelles est garantie dans les instances dirigeants une proportion minimale de 40 % des sièges pour les personnes de chaque sexe ». Ces dispositions figurent désormais dans le Code du sport.
Le 8?mars 2021, à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, la ministre déléguée aux Sports, Roxana Maracineanu, annonce qu’elle souhaite proposer un projet de loi obligeant les fédérations et ligues à atteindre la parité parmi les dirigeants. Une prise de position forte pour l’ancienne nageuse et championne du monde.
Boxeuse et justicière : à égalité de poings et de primes !
Des sportives courageuses, téméraires, ont impulsé ce mouvement de fond pour faire reconnaître l’égalité homme/femme. Nous avons eu le privilège d’en accompagner quelques-unes dans ces combats.
Les pratiquantes du noble art sont-elles des sportives de haut niveau ? La championne Sophie Girard pense que oui. Elle s’est battue contre l’injustice. La jeune boxeuse le prouve notamment quand son compagnon boxeur est empêché de participer au championnat de France à cause d’un certificat médical non conforme : pas un seul officiel ne se lève alors pour expliquer l’incident aux 3 000?spectateurs. Le sang de Sophie ne fait qu’un tour et le speaker du match refusant de passer le micro, elle se précipite : « Je lui ai mis une droite, pas un coup de poing de boxeuse. Plutôt une gifle de femme énervée. » Elle regrette ce geste, mais sa carrière vient de basculer. Le speaker porte plainte, elle est condamnée par le tribunal de police. Radiée à vie par la Fédération, elle voit sa sanction ramenée à deux ans de suspension en appel. L’ex numéro 1?mondiale de la savate nous demande de contre-attaquer la Fédération en justice pour le paiement de primes impayées.
Sophie Girard, qui était membre de l’équipe de France de la Fédération Française de Boxe Française Savate, a obtenu un palmarès impressionnant : championne de France, d’Europe puis championne du monde, sans jamais percevoir la moindre prime de la part de sa Fédération. Elle décide de faire valoir ses droits au nom de l’égalité entre les hommes et les femmes, et le mot « tireur » a son importance, car seuls les hommes sont inscrits sur les listes d’athlètes de haut niveau ! On avait oublié les « tireuses ». À notre mise en demeure de payer, la Fédération répond que les primes à la performance sont prévues aux Règlements B du Haut Niveau et des équipes de France (article
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