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L’activité,
rémunérée pour certains, de quelque 150 000 influenceurs sur nos médias
numériques manquait d’encadrement. La commission économique de l’Assemblée
nationale a répondu à ce vide avec une proposition de loi qui a été adoptée le
30 mars.
Le texte pour « lutter
contre les arnaques et les dérives des influenceurs sur les réseaux
sociaux » est désormais débattu par les sénateurs qui voteront à leur
tour le 9 mai prochain. Ses deux premiers articles établissent respectivement
une définition de l’influenceur et de son agent éventuel. Les trois suivants
visent à protéger le consommateur : les opérateurs de plateforme doivent
mettre en place les moyens permettant de signaler les contenus illicites, ils
ont l’obligation de fournir aux autorités les informations relatives à de la
publicité mensongère et une sensibilisation aux risques de manipulation et
d’escroquerie en ligne est également prévue.
Avant que le parlement ne
s’en saisisse, la direction générale de la concurrence, de la consommation et
de la répression des fraudes (DGCCRF) s’était déjà mobilisée sur le sujet, et
elle accélère le rythme de ses investigations. Les agents ont contrôlé 50
influenceurs au premier trimestre 2023, soit quasiment autant que sur toute l’année
dernière. Un constat d’infraction, passible de poursuites pour pratiques
commerciales trompeuses, a été dressé pour 30 influenceurs parmi les 50
contrôlés. Dans chaque cas, l’influenceur occultait ses intentions commerciales
ainsi que l’identité de la personne pour le compte de laquelle il agissait. Ces
mauvaises pratiques conduiront au prononcé de 18 injonctions de cesser des
méthodes illicites, et à 16 procès-verbaux pénaux. Les sanctions prononcées à
l’encontre de certains influenceurs seront rendues publiques dans une optique d’incitation
à la loyauté, et dans le respect des procédures du code de la consommation.
Un influenceur sur les
réseaux sociaux, qu’il respecte les bonnes pratiques ou pas, touche couramment 10
000 personnes. Dès lors, la mobilisation et la vigilance de la DGCCRF se
comprennent pour surveiller ce secteur qu’elle considère comme une priorité
actuelle de ses services. Il est d’ailleurs programmé la mise en place d’une « brigade
de l’influence commerciale », en septembre, qui se consacrera à ces
contrôles.
Dans ce contexte, l’ensemble
des mesures contenues dans la proposition de loi, adoptée à l’unanimité
l'Assemblée nationale, visant à lutter contre les arnaques et les dérives des
influenceurs sur les réseaux sociaux, tombe à point nommé. D’une part, elle fixe
les premiers fondements d’un cadre légal à l’activité d’influence. D’autre
part, elle protège les consommateurs, grâce à une clarification des règles à
respecter en matière de publicité, et à un encadrement des relations
commerciales entre les marques, les influenceurs et leurs agents.
Ce texte renforce, en outre,
les pouvoirs de la DGCCRF pour faire cesser plus rapidement les comportements
illicites, et réaffirme au plan national les obligations des plateformes
numériques consacrées par le droit européen (règlement DSA) concernant la lutte
contre les contenus illicites et la modération des comptes d’influenceurs.
La DGCCRF rappelle que les
consommateurs peuvent signaler toute pratique déloyale à sa plateforme Signalconso,
qui comporte une rubrique dédiée à l’influence commerciale.
C2M
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