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En octobre, le parquet du département de Seine-Saint-Denis a intensifié sa lutte avec plusieurs condamnations prononcées, dont celle d’un individu à quatre ans d’emprisonnement pour avoir organisé la prostitution de plusieurs jeunes femmes.
« La lutte contre le proxénétisme et la traite des êtres humains constitue une priorité constante pour le parquet », a déclaré le procureur de la République de Bobigny, Éric Mathais.
Une volonté qui s’inscrit dans un département particulièrement touché : en 2024, parmi les 153 personnes signalées à la Division de la famille et de la jeunesse, 97 % étaient mineures, dont la quasi-totalité des filles. L’âge médian des victimes y est établi à 14 ans et 8 mois.
Dans un post publié sur LinkedIn le 15 octobre 2025, le magistrat a dressé le bilan d’octobre 2025, marquant l’intensité de l’action judiciaire : un dossier en flagrance, cinq opérations impliquant neuf proxénètes, ainsi que sept dossiers audiencés – six devant le tribunal correctionnel et un devant le tribunal pour enfants – concernant quatorze proxénètes majeurs et deux mineurs.
Le procureur a notamment tenu à souligner « la condamnation significative du 23 septembre 2025 », prononcée par la 18ᵉ chambre correctionnelle. Le prévenu a été condamné à quatre ans d’emprisonnement, 10 000 euros d’amende et cinq ans d’interdiction de port d’arme. Les faits concernaient une jeune fille de 16 ans, particulièrement vulnérable, en fugue de son lieu de placement.
Déjà connu de la justice pour trafic de stupéfiants et alors placé en semi-liberté, l’homme avait organisé la prostitution de plusieurs jeunes femmes, dont deux majeures de 21 ans.
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Les enquêteurs ont mis au jour un faisceau d’éléments accablants : transactions sur des plateformes d’annonces prostitutionnelles, réservations de logements, échanges explicites et enregistrements audio attestant de son rôle actif. Malgré cela, le prévenu a nié les faits tout au long de la procédure, a précisé Éric Mathais.
Le procureur de la République a également fait part de son inquiétude face à un « phénomène en évolution » : celui de la part croissante des mineurs impliqués dans des affaires de proxénétisme. « Le parquet constate une implication de plus en plus fréquente de mineurs, parfois à la fois victimes et auteurs », a-t-il alerté.
Deux condamnations récentes viennent, selon lui, illustrer cette tendance. En juin 2025, le tribunal pour enfants a condamné un mineur à trois ans d’emprisonnement, dont un an assorti d’un sursis probatoire de deux ans, avec mandat de dépôt à l’audience. Un mois plus tôt, en mai 2025, une jeune fille victime, devenue auteure, avait écopé de huit mois d’emprisonnement, avec incarcération immédiate et révocation partielle de son sursis probatoire.
Face à ce phénomène en pleine mutation, « le parquet demeure pleinement mobilisé pour protéger les victimes, en particulier les mineurs, sanctionner fermement les auteurs et renforcer la prévention ainsi que la coopération institutionnelle », a précisé le magistrat. Et de conclure en insistant sur la complexité et la gravité de ces affaires, qui témoignent à la fois de « la réalité de l’exploitation » et de « la détermination collective des acteurs de terrain à la faire reculer ». Une lutte qui, a-t-il rappelé, repose sur trois piliers indissociables : « la prévention, la protection et la répression ».
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