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Sa bâtonnière Yolaine Bancarel a choisi l’artiste Honoré Daumier et neuf de ses lithographies « les plus terribles », issues de sa fâcheuse expérience de la justice, pour orner les murs de l’ordre.
« Il était un clin d’œil à notre justice fatiguée et est indiscutablement l’un de ceux qui ont su le mieux évoquer son époque. »
C’est le lithographe, peintre et sculpteur Honoré Daumier que la bâtonnière Yolaine Bancarel a souhaité mettre à l’honneur, à l’occasion de la nouvelle exposition éphémère du barreau du Val-de-Marne. Et plus précisément neuf des lithographies « les plus terribles » de la série « Les gens de justice » de l’artiste, publiées dans la revue satirique Le Charivari.
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Et pour cause, Honoré Daumier « n’a pas oublié [ces gens] qu’il a croqués avec une fougue rancunière tant était vivace le souvenir cruel de la prison », rappelle la bâtonnière, reprenant les propos du journaliste et critique d’art Arsène Alexandre.
En effet, une caricature – genre qu’il a popularisé – du roi Louis-Philippe à l’effigie de Gargantua aura valu à Honoré Daumier un séjour de six mois en prison, à la suite duquel il a consacré 39 lithographies où il n’épargne « ni les magistrats, ni les avocats », nous détaille Yolaine Bancarel.
Point question toutefois des lithographies originales, ce sont des copies encadrées qui ornent actuellement les murs du barreau. Parmi elles, « Le jeu des avocats », montrant un avocat se penchant vers son client pour lui murmurer quelques mots à l’oreille, accompagnée du texte suivant : « – Laissez dire un peu de mal de vous… laisser dire… tout à l’heure, moi je vais injurier toute la famille de votre adversaire !… ».
Un peu plus loin, « L’accusé », qui met en scène un avocat semblant se frotter les mains devant la geôle de son client qu’il s’apprête à visiter, est complété de ces quelques lignes : « – Il parait décidément que mon gaillard est un grand scélérat… tant mieux… si je parviens à le faire acquitter, quel honneur pour moi ! »
Les neuf lithographies sélectionnées sont à observer jusqu’à la rentrée, après quoi une nouvelle exposition éphémère prendra la suite des « Gens de justice ». Si la bâtonnière reste secrète à ce sujet, elle affirme en revanche « avoir déjà en tête » « les deux derniers thèmes » qui seront valorisés pour le reste de son mandat, lequel prendra fin en décembre 2025.
Orner les murs de l’ordre : cette initiative avait été impulsée par Yolaine Bancarel elle-même à son arrivée à la tête du barreau. « Dès le début de mon mandat, j’ai souhaité offrir [à mes confrères] une respiration, une pause dans la course continuelle qu’impose la mission qui est la nôtre », nous confie-t-elle. La bâtonnière espère bien voir cette entreprise « perdurer après la fin de [s]a mission ».
Les précédentes expositions peuvent être visualisées sur le site du barreau, lesquelles ont notamment rendu honneur aux femmes avocates célèbres dans le cadre de la journée internationale des droits des femme 2024, ainsi qu’aux femmes afghanes et aux poètes de la Résistance, pour ne citer qu’elles.
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