Dans le Val-d’Oise, une adolescente de 16 ans condamnée pour le meurtre de son violeur

Le tribunal pour enfants de Pontoise a prononcé à l’encontre de la jeune fille, qui avait alors 15 ans au moment des faits, une peine de six ans de prison avec suivi socio-judiciaire.


lundi 15 décembre3 min
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Selon l’avocat de la jeune fille, celle-ci pourrait sortir d’ici un à deux ans ©istock sebastianosecondi

Le ministère public avait requis dix ans d’emprisonnement, c’est finalement six ans de prison qui ont été prononcés.

Vendredi 12 décembre dernier, le tribunal pour enfant de Pontoise dans le Val-d’Oise a condamné une jeune fille de 16 ans qui comparaissait depuis le mercredi 10 décembre pour avoir tué un homme âgé de 27 ans, il y a un an de cela.

En septembre 2024, alors qu’elle n’avait que 15 ans, la mineure a en effet poignardé dans le cœur celui qui l’a violée durant son sommeil.

Cette peine revue à la baisse s’accompagne également d’un suivi socio-judiciaire de six et de cinq années supplémentaires en cas de non-respect. Pour l’avocat de la mineure, il s’agit d’une décision « correcte », rapporte Le Parisien présent à l’audience. « Elle a déjà effectué un an de détention. Avec des aménagements, elle pourra peut-être sortir d’ici un an et demi ou deux. »

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Le tribunal pour enfants a retenu l’altération de son discernement ainsi que l’excuse de minorité dans cet assassinat qui est « l’éblouissement d’un parcours particulièrement chaotique » retracé à l’audience.

« A la limite de la légitime défense »

Ayant grandi au sein d’un foyer emprunt de violences intrafamiliales, la jeune fille aurait essayé de mettre fin à ses jours à l’âge de huit ans, serait tombée dans la drogue très tôt et aurait été victime d’un viol collectif. La plainte déposée dans ce cadre n’aurait d’ailleurs mené à rien, d’après l’avocat. La jeune fille aurait également subi d’autre viols alors que, placée en foyer après avoir fugué, elle se prostituait.

En septembre 2024, elle fréquente un groupe de marginaux dans le quartier de Cergy-Préfecture au sein duquel elle trouve une figure protectrice à travers un homme qui disparait rapidement. Un autre homme lui promet de le retrouver, en échange d’un rapport sexuel, le même qui l’héberge dans un appartement abritant quatre toxicomanes partageant la même chambre.

L’un d’entre eux, qui avait affirmé vouloir coucher avec la mineure qui a refusé, a attendu qu’elle s’endorme pour commettre des attouchements qui l’ont tirée du sommeil, horrifiée. À son tour, la jeune fille a profité que son agresseur soit endormi pour le tuer.

« On est à la limite de la légitime défense », a estimé l’avocat, qui a notamment mentionné le retour d’un expert psy selon lequel la jeune fille aurait vécu l’équivalent d’une « scène de guerre sur le plan psychologique ».

Sur les réseaux, la décision du tribunal a suscité de vives réactions, certains remettant en cause la justice et son choix de condamner la victime qui, si elle avait seulement porté plainte, n’aurait peut-être pas eu gain de cause, d’autres soutenant le geste de la mineure qui « s’est fait justice elle-même ».

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