À Rosny-sous-Bois, une élue démise pour avoir hébergé une famille en détresse dans son jardin

C’est la mise en ligne d’une vidéo sur TikTok qui a poussé le maire (LR) de Rosny-sous-Bois, Jean-Paul Fauconnet, à mettre un terme, lundi 1er septembre, à une situation qui perdurait depuis Pâques.


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Romain Tardinomercredi 3 septembre3 min
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Danièle Maillot, adjointe au logement de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), a dû quitter ses fonctions. Le 21 août, des images diffusées sur le réseau social TikTok montraient une famille – un couple et leur enfant de 11 ans, visages cachés – témoignant de leurs conditions de vie, et installée sous une tente dans un jardin de la ville depuis Pâques. Terrain qui s’est révélé appartenir à l’élue elle-même. Dans la vidéo, la famille expliquait avoir « tout perdu » depuis la pandémie de Covid-19, malgré un suivi social régulier, en raison de la pénurie de logements disponibles.

Face au tollé suscité par la diffusion de cette vidéo, le maire de Rosny-sous-Bois, Jean-Paul Fauconnet, a annoncé le 1er septembre, dans un communiqué sur les réseaux sociaux, qu’il retirait les délégations de son adjointe. Selon lui, cette décision est intervenue « à sa demande », Danièle Maillot ne souhaitant pas « prendre le risque que la probité de la direction du logement et de l’habitat soit entachée ». Le maire a également évoqué un problème « d’absence de lisibilité entre son mandat et sa décision personnelle d’aider une famille en détresse ».

Le lendemain, mardi 2 septembre, l’élue a tenu à préciser qu’elle n’avait commis « aucune faute légale », affirmant avoir agi selon une exigence morale en offrant un toit provisoire à cette famille. L’adjointe a aussi insisté sur son souhait de ne pas voir « la polémique ouverte sur les réseaux sociaux et alimentée par un groupe politique » nuire au bilan du maire en matière de logement, ou au travail des agents de la direction de l’habitat, qu’elle a qualifié de « remarquable », rapporte Le Parisien dans ses colonnes.

« Mme Maillot ne peut en rien être assimilée à un marchand de sommeil »

La veille encore, Jean-Paul Fauconnet, affichait publiquement son soutien à Danièle Maillot. « Contrairement à ce que certains commentaires laissent entendre, Mme Maillot ne peut en rien être assimilée à un marchand de sommeil », assurait-il sur les réseaux sociaux. Contacté par nos confrères, il martèle : « Je récuse toute faute légale de sa part ! Elle a agi par générosité, par grand cœur. Elle et son mari ont vu cette famille en détresse il y a quelques mois et leur ont proposé de venir chez eux. Elle leur a permis d’éviter les dangers de la rue », rejetant toute idée de contrepartie financière.

Une version confirmée par l’élue : « À l’inverse, c’est mon époux et moi-même qui avons, sur nos deniers personnels, acheté la tente et les matelas afin de les leur offrir », explique-t-elle, ajoutant que la famille avait également accès aux sanitaires de son pavillon.

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Mais cette défense n’a pas convaincu un élu de l’opposition. Dans un courrier adressé dès lundi matin au maire, Ivan Itzkovitch (DVD) s’inquiète : « Si ces faits sont avérés, ils sont d’une particulière gravité compte tenu des responsabilités exercées par cette élue et des conséquences pour la santé des personnes hébergées. On ne peut pas être élue au logement et en même temps vecteur d’insalubrité. Cela la disqualifie pour traiter les questions de logement. »

La famille, quant à elle, a apparemment été prise en charge lundi matin par le Samu social, en partie grâce à l’intervention de la députée socialiste du 93, Fatiha Keloua-Hachi, sollicitée par Danièle Maillot. Elle a quitté le jardin de l’ex-adjointe dans la foulée.

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