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Pensant rejoindre un master affilié à l’université, des étudiants se sont retrouvés inscrits dans une formation privée qui ne délivre « aucun diplôme reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur », rapporte une enquête de l’Ares. Le procureur de Créteil a été saisi de l’affaire par l’UPEC.

Une enquête de la Fédération nationale des associations représentatives des étudiants en sciences sociales (Ares), publiée le 18 novembre à la suite de plusieurs signalements d’étudiants, a dévoilé l’envers du stratagème employé par une prétendue école qui aurait réussi à piéger 69 élèves de l’université Paris-Est Créteil (UPEC) dans le Val-de-Marne.
Attendant les résultats des demandes de master effectuées sur la plateforme Mon Master en avril 2025, ces étudiants de l’UPEC ont eu la surprise d’être contactés par le directeur du « Master Innovation et Création d’Entreprise » (ICE) de l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de l’UPEC, qui leur a accordé un entretien.
Dans ce cadre, les étudiants auraient finalement été réorientés vers le master « Business Développement et Entrepreneuriat », « davantage en cohérence avec les projets professionnels de ces étudiants », rapporte l’enquête. Master qui serait toujours hébergé par l’IAE, selon le directeur. L’opportunité, pour ces étudiants, de s’assurer une orientation avant même la publication des résultats tant attendus.
« En réalité, derrière cette inscription, se cache une supercherie montée par une école privée, se présentant comme partenaire officiel d’une université publique parisienne, pour détourner des étudiants d’une formation publique », la Makers Factory, marque commerciale d’un CFA nommé CALEIDO constitué sous la forme d’une association loi 1901, révèle l’Ares.
« Un montage juridique et organisationnel déroutant » qui aura réussi à duper ces étudiants jusqu’à la rentrée, moment où plusieurs anomalies sont apparues, à commencer par le changement de cursus : « Rapidement, il apparaît qu’ils ne sont inscrits ni au master Innovation et Création d’Entreprise, ni au Master Business Development et Entrepreunariat, ni même à l’UPEC, mais à une formation “Manager d’affaires” exclusivement privée », détaille l’Ares.
De plus, les étudiants n’auraient jamais été conviés au siège de la Makers Factory à Paris, dont le directeur s’avère être un ancien étudiant du master de l’IAE. Ce dernier réservait d’ailleurs des salles du l’UPEC à un usage privé, en les attribuant à d’autres formations existantes au sein de l’université.
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Enfin, la disparition du logo de l’UPEC sur les documents a fini de semer le doute dans la tête de ces 69 étudiants. Usage frauduleux qui a contribué à « entretenir la confusion et à tromper sur la nature réelle de la formation », poursuit l’enquête.
Mais le coup de grâce pour ces étudiants réside dans la non-délivrance d’un diplôme officiel national de master. « Ce dispositif ne permet pas aux titulaires d’obtenir un diplôme d’État » reconnu par le ministère de l’Enseignement supérieur, puisqu’il suit une formation dont le niveau est celui d’un titre RNCP (Répertoire national des certifications professionnelles). Seule une certification professionnelle du CFA CALEIDO est finalement délivrée. « De la sorte, la portée académique et professionnelle est considérablement réduite pour les étudiants », complète l’Ares.
Par ailleurs, l’école aurait utilisé les données des étudiants hors cadre légal pour recruter des étudiants dans une école privée, ce qui contrevient à plusieurs articles Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD).
Devant ce constat, la panique qui s’est emparée des étudiants qui ne sont plus considérés comme tels et qui « ne peuvent, par conséquent, plus exercer leurs droits étudiants », dont celui de bénéficier des services du CROUS.
Une situation aux conséquences « nombreuses », tant sur leur vie professionnelle et personnelle que sur leur santé mentale, avec un stress « considérable » et une « inquiétude constante », alerte l’association. Elle poursuit : « Certains souffrent de troubles anxieux depuis les premières révélations. Certains révèlent même qu’ils n’arrivent plus à dormir en raison des problématiques financières, universitaires et professionnelles que cela engendre. »
Car si aucune solution n’est trouvée, ces 69 étudiants risquent de perdre leur alternance et de surcroît leur salaire. L’UPEC, qui a assuré être en recherche d’une solution pour que ces étudiants puissent intégrer une vraie formation au sein de l’université, a saisi le procureur de la République de Créteil, à l’instar, de l’Ares afin de « mettre en lumière ce montage frauduleux, et faire cesser cette situation qui met grandement en péril l’avenir de ces étudiants, et ce, dans les plus brefs délais ».
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