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Le CNRS, notamment le site de Gif-sur-Yvette, a participé à l’élaboration depuis 2018 d’un programme de recherche Sciences 2024 pour améliorer les performances sportives grâce aux sciences. À l’annonce des Jeux olympiques d’été à Paris en 2024, c’est une centaine de chercheurs et un budget de vingt millions d’euros qui ont été mis au service de la collaboration des deux domaines.
Elles étaient treize grandes écoles, une université et
deux centres de recherches dispersés en France entre Paris, Lyon ou encore Rennes. Elles avaient vingt
millions d’euros pour cinq ans et une centaine de chercheurs financés et dédiés
à cent pour cent par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS),
doctorants et postdoctorants à leur disposition. Toutes ces munitions pour armer les équipes des fédérations
françaises aux Jeux olympiques de Paris. Dès 2015, Polytechnique travaillait
déjà pour les Jeux olympiques d’hiver de PyeongChang 2018 avec la fédération de
biathlon, et notamment le biathlète Martin Fourcade. En coopérant, ils ont pu
améliorer la glisse suivant la température de la neige. Le projet Sciences
2024, s’est monté en 2018, à l’annonce de Paris 2024.
Christophe Clanet est directeur de recherche au Centre
national de la recherche scientifique (CNRS) et chercheur de la délégation de
Gif-sur- Yvette dans le sud-est de
Paris. Un seul constat pour lui : « Les nations qui performent le plus en
sport sont aussi celles qui font de la recherche sur le sujet comme les
États-Unis, la Chine et le Royaume-Uni. »
Le programme prioritaire de recherche (PPR) nommé « Sport
de très haute performance » s’est étalé en douze projets, dont Neptune porté
sur la natation, Revea s’inspirant de l’importance de la réalité virtuelle,
Fulgur impliqué en athlétisme, rugby et sports de glace, ou encore THPCA.
Christophe Clanet s'est, lui, principalement concentré sur le projet cyclisme et
aviron, le THPCA « Très haute
performance en cyclisme et aviron ». « On a dans un premier temps travailler
le matériel avant de penser à l’athlète », explique le chercheur. En effet,
ces cinq années de travail se sont passées au sein des équipes scientifiques,
mais aussi parmi les fédérations françaises de sports olympiques. Il confie : «
C’est compliqué, il faut obtenir leur confiance avant de s’immiscer dans leur
quotidien et dans leur sport. »
Par exemple, concernant le cyclisme, il y a différentes
épreuves et au total vingt-deux médailles d’or à aller chercher. « On a dû
s’adapter à chaque compétition, cyclisme sur route, cyclisme sur piste, bmx
freestyle, bmx racing et le mountain bike. Il fallait apporter la bonne réponse
à chaque équipe. » Peu importe le sport choisi au sein des projets, les
hommes et les femmes ont été étudiés. « Sur la première étape du matériel,
il a fallu aussi faire comprendre qu’il n’y avait pas toujours le ressenti du
performeur à prendre compte, mais surtout les paramètres. Suivant les épreuves,
si c’était de l’endurance ou du sprint, une seule roue ne peut pas être
optimale sur tous les terrains. »
Pour réaliser un bilan précis, c’est encore un peu tôt. «
C’est surtout que le début », souligne Christophe Clanet. Il rappelle que «
les Anglais ont commencé à coupler la science et le sport en 1996 et ce n’est
qu’en 2012 qu’ils ont énormément performé. Il leur a fallu plusieurs
olympiades. » La France ne commence qu’en 2024, mais des idées de
prochaines pistes sont déjà imaginées. « Le champ est vierge et immense, on
pourrait étudier plusieurs points, dont la force mentale. » Ces cinq
dernières années, les programmes se sont principalement appuyés sur la
technique et le matériel, dont les premiers résultats sortiront cet été après
les épreuves qui se déroulent entre le 26 juillet et le 11 août, et le 28 août, et le 8 septembre pour les
paralympiques.
« Est-ce qu’on a répondu parfaitement à la question ? » La réponse reste en suspens. Le chercheur du CNRS
explique qu’il faut « trouver le point d’équilibre entre ce qui est utile ou
non pour les sportifs et ce qui est utile ou non pour les chercheurs. » Il illustre
cela par deux barres, l’une horizontale et l’une verticale, le point de
rencontre sera celui où les deux disciplines auront trouvé « le même centre de
gravité ».
Pour cette première session de recherche mêlant sport et
sciences, il y a eu vingt millions d’euros de la part de l’Etat, soit quatre
millions par an. « Sans ce financement, nous n’aurions jamais pu réaliser
cette collaboration », affirme le directeur de recherche. Pour continuer à
entremêler fédérations françaises et centres d’études, il faudra des
financements. Mais ce qui reste positif, c’est le lien qui s’est construit
entre les deux domaines. « Si, là, à la veille des JO, nos équipes sont
encore parmi les fédérations, c’est qu’elles nous ont fait confiance et qu’on a
su se rendre utile », conclu Christophe Clanet impatient d’avoir les
résultats de cinq années intensives.
Tessa Biscarrat
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