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Au salon Vivatech, les acteurs de la deeptech dénoncent les difficultés du secteur


jeudi 12 juin6 min
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12/06/2025 17:37:02 1 11 6508 73 0 Le salon Vivatech se tient jusqu'au 14 juin 2025 9068 5762 5960 (78) Tribunal de Versailles : « Ces faits auraient été montés par une organisation secrète qui vous en voudrait, c'est bien ça ? »

CHRONIQUE. Au tribunal correctionnel de Versailles, Maxime B. comparaît pour des tentatives de vol avec violence dans deux commerces de la ville. En garde à vue, il avait prétendu qu'elles étaient l'œuvre de... son hologramme. Changera-t-il de version ?

Mal cadré en bordure de l'écran, Maxime B. comparaît depuis la maison d'arrêt de Fresnes (Val-de-Marne). On lui reproche des tentatives de « braquage » dans deux commerces d'une même rue passante de Versailles, commises à quelques heures d'intervalle. Dans certaines auditions de parties civiles, il était bien question d'une arme, qui aurait émis un « clic » lorsque Maxime B. l'a sortie de sa poche, mais, faute de description précise – il s'agirait a priori d'un couteau à cran d'arrêt –, cette circonstance n'a pas été retenue : autrement, nous serions aux assises. Mais tout de même, du fait d'une ITT supérieure à 8 jours – retentissement psychologique – et de la récidive légale, Maxime B. encourt un quantum important : 20 ans.

Il avait pris la précaution de changer de tenue entre les deux magasins, mais on a retrouvé les deux en perquisitionnant chez lui. Il portait une capuche et un masque chirurgical, mais les a retirés sur le chemin de la gare de Versailles-Rive-Droite, chemin qui a pu être reconstitué grâce aux bandes de vidéo-surveillance de la ville. Introduites dans la fonction de reconnaissance faciale du fichier de traitement des antécédents judiciaires (TAJ), les captures d'écran ont fait ressortir près de 200 profils, mais le sien est de loin celui qui « matche » le plus. Les bandes d'un commerce voisin ont permis de déterminer qu'il avait fait des repérages la veille, et passé à cette occasion plusieurs coups de fil. Sa téléphonie a d'ailleurs confirmé sa présence à Versailles les deux jours, et par la même occasion, qu'il n'y mettait le reste du temps quasiment jamais les pieds. Bref, le dossier est du genre accablant.

« C'est très ressemblant, mais ce n'est pas moi »

Pourtant, Maxime B. ne reconnaît « pas du tout » les faits. « Sur la photo de la gare, c'est vous ? », demande le président. « C'est très ressemblant », concède le prévenu, « mais ce n'est pas moi ». Et son téléphone, qui a activé à plusieurs reprises les deux antennes-relais les plus proches des magasins ? « Ça ne pouvait pas être mon numéro de téléphone, parce que je n'avais plus de crédit dessus, donc je ne pouvais pas l'utiliser ».

Sur les bandes, on le voit pourtant téléphoner : « Ce serait signer ma culpabilité de faire ça. Je sais quand même qu'un téléphone, ça borne, donc si je veux commettre un acte, je ne prends pas mon téléphone ». Ces parties civiles qui parlent d'une arme blanche ? « Elles disent que je le tenais de la main droite, alors que tous ceux qui me connaissent savent que je suis un pur gaucher ». Mais il a déjà été condamné pour vol avec arme – le premier terme de la récidive –, une arme qu'il tenait, vérification faite, de la main droite.

« Vous avez fait état d'une théorie, dans votre audition », enchaîne le président, perplexe : « Tous ces faits auraient été montés par une organisation qui vous en voudrait, c'est bien ça ? ». Maxime B. confirme. « Donc, vous avez des informations compromettantes contre cette organisation et vous voulez la quitter, mais ils ne vous laissent pas partir ? », relance le magistrat. « Tout à fait », répond Maxime B., imperturbable, avant de préciser qu'il était chargé de surveiller des gens qu'il ne connaissait pas, pour le compte d'un certain « Monsieur Garcia », et de déposer des comptes rendus dans une boîte aux lettres morte. Le sigle qu'il donne correspond à toutes sortes de choses – une association italienne, une fac brésilienne... –, mais, curieusement, à aucune « agence non-gouvernementale » d'agents secrets. « Je n'ai aucun doute sur le fait que vous n'ayez rien trouvé », rétorque Maxime B., imperturbable, « c'est justement pour être un peu sous les radars ».

« On n'aura pas réussi à le ramener à la réalité »

Une première expertise psychiatrique, en garde à vue, n'a rien vu qui clochait chez Maxime B. Une seconde, ordonnée par le tribunal dans le temps du renvoi sollicité par Maxime B. pour préparer sa défense, a au contraire relevé « un trouble psychiatrique majeur », à base de « délires chroniques de type paranoïaque ». À l'expert, qui a conclu à une altération de son discernement, il a indiqué être un ancien militaire et avoir été déployé un temps au Kosovo, d'où il serait revenu traumatisé... sauf que sa propre mère affirme qu'il n'en est rien !

À la demande de Maxime B., son avocate communique un certain nombre de documents, comme des ordres de mission, à en-tête – à l'évidence grossièrement copiée-collée – du ministère de l'Intérieur. D'une part, c'est un peu curieux pour une « agence non-gouvernementale » ; d'autre part, le fait d'avoir forgé des faux met un peu à mal la théorie de l'altération du discernement.

« On n'aura pas réussi à ramener Maxime B. à la réalité », entame le procureur, qui estime que « dans ce dossier, ce n'est pas un faisceau d'indices que nous avons : il est totalement confondu, […] sans aucun élément équivoque, sauf à se demander qui est venu se changer dans sa chambre, parce qu'il est suivi à la trace depuis les magasins et jusqu'à son appartement ». Au chapitre des « dénégations irréalistes », il ajoute que « le fait de se placer en dehors de toute réalité fait qu'on est passé à côté d'un moment important aujourd'hui, […] celui de faire des excuses [aux parties civiles] ». Il poursuit : « Le sujet n'est pas celui de la culpabilité. À mon sens […], elle ne fait absolument aucun doute. Mais celui de la prise de conscience. […] Je ne vois pas d'évolution vers un début de commencement de reconnaissance des faits, […] et aucune empathie non plus pour les victimes ». Il réclame trois ans ferme, avec maintien en détention, mais aussi la révocation des deux ans d'un précédent sursis probatoire.

« Pour ma sécurité, je ne peux pas dire ce que je fais »

« Il est innocent ! », tonne l'avocate de Maxime B : « Innocent des faits pour lesquels vous le poursuivez dans votre monde ». Elle précise que, si sa parole avait été libre, elle aurait plaidé, non pas la simple altération, mais l'abolition du discernement, et donc l'irresponsabilité pénale. « Vous avez un expert qui vient vous dire qu'il serait atteint d'une psychose chronique majeure d'épisodes délirants. […] Et ce n'est pas en détention qu'il pourra suivre les soins lui permettant de ne pas être psychiatriquement et socialement dangereux ». Au sujet des faux à en-tête ministérielle qu'elle vient de produire, elle estime qu'ils n'ont pas vraiment été élaborés par son client mais « par une autre personnalité ».

Maxime B. tient à ajouter quelques mots : « Je comprends la détresse dans laquelle [les parties civiles] se trouvent, mais la personne qui a commis ces actes ce n'est pas moi, et je ne peux pas m'excuser pour quelque-chose que je n'ai pas commis. […] Ces actes, j'en suis incapable, je ne sais pas si c'est du courage ou de la lâcheté, mais j'en suis incapable. [...] Ça fait vingt ans que je subis ma vie à cause de cette organisation, que je mens à ma famille parce que pour ma sécurité je ne peux pas dire ce que je fais. À chaque fois que j'en ai parlé [à quelqu'un], comme par hasard, j'ai été incarcéré ». Suspension, puis reprise : Maxime B. écope de quatre ans ferme, plus de de révocation. « Le tribunal ne retient pas l'altération de votre discernement », conclut le président.

Antoine Bloch

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