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Après le meurtre d’une surveillante de 31 ans, poignardée devant le collège où elle travaillait par un adolescent de 14 ans, Laure Beccuau plaide pour « engager des actions de prévention » et rappelle l’existence du pôle national de lutte contre la haine en ligne au sein du parquet de Paris.
Que faire pour « éviter
les drames » ? Invitée de l’émission « C ce soir » sur France 5, mercredi 11 juin, en compagnie d’autres invités issus notamment de
l’enseignement et de la psychologie, la procureure de la République de Paris Laure
Beccuau a rappelé la position du parquet parisien sur les phénomènes de
violences à l’arme blanche commises par des mineurs.
« Faut-il parler
d’une nouvelle culture de la violence et d’une culture du couteau, comme le
fait le Premier ministre ? », s’interrogeait l’émission ce soir-là. Au
cœur de la discussion, le drame survenu dans un lycée à Nogent (Haute-Marne),
où une surveillante a été tuée par un collégien de 14 ans armé d'un couteau.
« La réponse pénale est
indispensable », a exprimé la magistrate. Mais selon elle, cette dernière
est insuffisante : « Bien qu'elle puisse être dissuasive dans certains
cas de violence, dans les phénomènes de rixes ou de bandes, il arrive que cette
violence soit intériorisée comme faisant partie de l'intégration au clan. »
À lire aussi : La justice et
l’éducation en peine face aux rixes : « La réponse pénale est toujours un
constat d’échec »
« Je ne suis pas capable de vous faire
le portrait type d’un adolescent qui prend les armes aujourd’hui. Mais
j’espère être capable, grâce à ce qu’on apprend des dossiers, collectivement, d’essayer
d’engager des actions de prévention », a poursuivi la procureure. Une prévention
qu’elle juge « essentielle », pour « faire comprendre
cette dangerosité ».
Faisant le point sur la
politique pénale appliquée à Paris, la procureure a aussi rappelé l’existence
du pôle national de lutte contre la haine en ligne, au sein du parquet de Paris,
ainsi que des Cenomed, ces cellules pour mineurs en difficulté qui réunissent
aussi les élus, la PJJ, l’aide sociale à l’enfance. Elles ont pour but de
faciliter l'échange d'informations entre différentes institutions et
professionnels concernés par la protection des mineurs en difficulté.
A Paris, un mineur trouvé en
possession d’une arme est déféré « s’il n’est pas connu du tout »
devant un délégué du procureur et fait l’objet d’une mesure de réparation, où
il est « dans le collectif, où on lui explique le pourquoi du comment
de ses agissements ».
Contact avec les jeunes,
écoute et « empathie »
Le 4 mars dernier, le parquet
de Paris, la préfecture de police de Paris, la Ville de Paris, l'Académie de
Paris et la Protection judiciaire de la jeunesse - Île-de-France et Outre-mer
ont signé un plan de prévention et de lutte contre le port et l’usage des armes
blanches par des mineurs, depuis qualifié parfois de « plan couteau »
par les médias.
Ce plan prévoit entre autres
« l’intervention en milieu scolaire des médiateurs et d’agents de la police
municipale de la Ville de Paris et des policiers de la mission de prévention,
de contact et d’écoute (MPCE) formés spécifiquement à la prévention auprès des
jeunes ». Objectif : faire face aux affrontements violents entre
groupes de jeunes – dits « rixes » à Paris. « Il a été constaté que le
port du couteau chez les adolescents se banalisait, notamment pour se protéger »,
pointait le communiqué de la mairie de Paris qui annonçait le lancement de ce
dispositif.
Un constat partagé par les
professionnels présents sur le plateau de France 5 le 11 juin. « Le
sentiment de réalité devient de plus en plus complexe chez les jeunes »,
a relevé Serge Hfez, psychiatre, psychothérapeute familial et psychanalyste,
qui attribue aussi ces violences à la « désertion du sentiment
d’empathie » chez les adolescents.
Prenant l’exemple du
collégien auteur des coups de couteau mortels à Nogent, - un adolescent « gentil,
normal, avec des parents aimants (…) mais qui ne comprend pas ce que c’est que
la mort », le psychiatre s’est dit « inquiet par ce qui est en
train de se jouer chez les jeunes aujourd'hui. Ils sont biberonnés par les
téléphones, les réseaux sociaux, etc. Or l'empathie s'acquiert dans la relation
aux autres ».
Mylène
Hassany
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