Entretien avec Ulrich Lepoutre, directeur juridique d’Immochan


vendredi 5 août 20163 min
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Pourriez-vous nous expliquer votre projet qui a remporté le prix du public et le prix du jury de l’Innovation en management juridique ? Comment vous est venue cette idée ?

La plupart des directions juridiques d’entreprise, quand cette tâche n’est pas confiée à des avocats, dispense des formations auprès des opérationnels. Cela participe également au rayonnement des équipes juridiques au sein de l'entreprise. En effet, outre l’accompagnement quotidien, il s’agit de faire partager son savoir-faire à une époque où la mise en place d’indicateurs de performance est un challenge imposé à beaucoup de directeurs juridiques. Mais surtout, la transmission d’une culture juridique au sein de l’entreprise participe à sa performance sur son marché.

En effet, le risque juridique induit souvent un risque financier, les sujets sont intimement liés, et la bonne prise en compte du premier a un effet bénéfique sur le second. Pour autant, les formations consomment beaucoup de temps aux équipes (préparation/dispense) et la demande des opérationnels est forte, chacun conscient de l’importance de la culture juridique. Mais paradoxalement, même si les appréciations données à la fin des sessions sont excellentes et la technique de l’expert saluée, la capitalisation de ces formations sur le long terme montre des limites, les bénéfices s’estompent trop rapidement.

Or, la récurrence des formations présente un coût, et la répétition décourage les opérationnels et ne sert donc pas le positionnement et l’intérêt de la fonction juridique en entreprise. Les fonctions opérationnelles ont ensuite une pensée que le droit reste une matière difficilement appropriable, d’expert. Dans le domaine du management des pratiques et de la transmission de la culture juridique, il nous fallait donc imaginer une approche différente pour diffuser ces messages à enjeu stratégique. Ce choix a été fait par la direction juridique Immochan sur le thème du montage d’opérations en partenariat et du bail commercial.

Pour « faire évoluer » les pratiques et diffuser dans l’entreprise la culture juridique nécessaire, nous avons mis en place une nouvelle méthode de formation juridique ludique par la création de véritables jeux de sociétés juridiques. C’est une formation sous la forme de jeux de société et non de jeux qui accessoirement permettraient la formation. L’univers ludique permet la création d’un échange de manière non moralisante mais en prenant soin de faire percevoir le sens sous-jacent de chaque épreuve, de chaque exigence. Les jeux crées sont propres à la société Immochan, il s’agit donc d’un exemplaire unique puisque réalisés par les juristes Immochan avec l’expertise de la société Kelje car il fallait un véritable ingénieur du jeu pour que la mécanique du dé fonctionne. Rien n’aurait été possible sans l’accompagnement de cette start-up, la complémentarité a été excellente.


Vous avez reçu les deux prix, du jamais vu depuis la création de ces récompenses. Comment ont-ils été accueillis ?

À la façon de l’ADN de notre entreprise : de façon professionnelle et conviviale. Toutes les équipes du siège, tous métiers confondus, ont été rassemblées dès le lendemain midi à la demande de notre directeur financier, pour fêter cela.

Nous avons été félicités par notre direction générale, mais également par la direction générale de notre Holding, ainsi que par de nombreux pays dans lesquels Immochan est implanté.

Outre les bénéfices de la méthode, cela a été une vraie opération marketing de notre direction juridique vis à vis de ses « clients internes », une autopromotion, un travail sur le packaging de notre matière.


Il semble que le métier de juriste d’entreprise soit passé depuis quelques années d’un rôle de réparateur de « pots cassés » à un rôle plus impliqué dans les prises de décisions. Avez-vous vous même constaté cette évolution ? Si oui comment ?

Il est vrai que l’on parle désormais de business partner, à raison. Le juriste a su s’ouvrir et prendre la mesure de son environnement. Il n’est d’ailleurs plus rare que les juristes aient une double formation, juridique et commerciale ou financière par exemple. Et de fait, les directions juridiques sont devenues de véritables centres de profit. (…)

Propos recueillis par Constance Périn

Retrouvez la suite de l’article dans le Journal Spécial des Sociétés n°61 du 3 août 2016

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