Experts-comptables et greffiers, partenaires au service des entreprises


jeudi 16 juin 20224 min
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Lorsqu’il s’agit d’accompagner les entrepreneurs, greffiers et experts-comptables sont essentiels. En s’appuyant sur des outils numériques de plus en plus performants, chaque profession agit dans son rôle de prévention et dans la lutte contre le blanchiment.

On ne le dira jamais assez : en ce qui concerne les services alloués aux entreprises, greffier et expert-comptable sont complémentaires. C’est justement pour mettre en avant ce binôme que le 21 avril dernier, « Au cœur de la profession », l’émission du Conseil national de l’ordre des experts-comptables (CNOEC), accueillait Thomas Denfer, président du Conseil national des greffiers des tribunaux de commerce (CNGTC), et Jean-Luc Flabeau, vice-président de l’Ordre des experts-comptables.

Une complémentarité entre les deux professions qui s’est matérialisée en 2021 par la signature d’une convention, organisée autour de trois axes majeurs : continuer à progresser sur l’anticipation des difficultés de prévention auprès des entreprises en difficulté, assurer une meilleure transparence de la vie des entreprises, et continuer à accentuer la lutte contre le blanchiment, « sujet sociétal important » , souligne Jean-Luc Flabeau.

Les CIP et la prévention des entreprises en difficulté

Développés depuis plus de dix ans, les centres d’information sur la prévention (CIP) sont des plateformes d’accueil et d’écoute des chefs d’entreprise, présentes sur tout le territoire. Les experts-comptables, aux côtés des avocats, des greffiers, ou encore d’anciens juges du tribunal de commerce, conseillent et accompagnent, de façon bénévole, les dirigeants d’entreprise en difficulté. Pour Jean-Luc Flabeau, la première étape de la prévention consiste à « combattre le déni du chef d’entreprise » en difficulté : « c’est le travail de plusieurs années, de plusieurs dizaines d’années voire de toute une vie, et il a du mal à analyser les difficultés de son entreprise », constate l’expert-comptable et commissaire aux comptes. Une fois ce déni dépassé, il sera ensuite question d’effectuer un audit, mené par plusieurs professions.

Dans les CIP, au cours des « Entretiens du jeudi » menés anonymement et confidentiellement, un expert-comptable, un avocat et un juge consulaire accueillent le dirigeant. Le but : dédramatiser la situation. « Le tribunal de commerce fait peur », remarque Jean-Luc Flabeau, il faut dans ce contexte expliquer au dirigeant que « le tribunal est aussi là pour protéger le chef d’entreprise ». Car dans ces démarches, il y a un volet judiciaire, certes, mais il y a aussi tout un volet amiable, rappelle-t-il.

Face aux difficultés des entreprises, et toujours dans un souci de prévention, l’Ordre des experts-comptables a débuté un partenariat avec l’université de la Sorbonne sur un cursus diplômant de redressement des entreprises.

Le numérique pour un meilleur accompagnement du chef d’entreprise en difficulté

Pour faciliter ces démarches, le digital, en complément de l’humain, vise à améliorer l’accompagnement du dirigeant. Il faut dire que les greffiers des tribunaux de commerce sont précurseurs en termes de technologie. « Notre profession est empreinte d’une vraie capacité d’innovation et d’une culture numérique », se félicite Thomas Denfer. Infogreffe a par exemple fêté l’année dernière ses 35 ans, « c’est la première legal tech française qui survit aux années », se réjouit le représentant des greffiers. Innovante, la profession se dote ainsi d’outils qui apparaissent bien utiles pour l’entrepreneur en difficulté. « À travers les outils numériques, dans un complément d’information vers le chef d’entreprise, pour l’aider à se saisir de sa propre situation, la profession a mis en place un indicateur de performance, accessible uniquement au chef d’entreprise, pour connaître la tendance de son entreprise », explique Thomas Denfer. Ainsi, via un algorithme qui utilise l’information existante certifiée par les greffiers, le dirigeant peut de façon autonome réaliser son propre audit et disposer d’un état des lieux de la situation de son entreprise à l’instant T.

Un fois que l’entrepreneur s’est saisi de cette information, que faire ? Pour le greffier, il faut l’orienter. Et dans un souci de complémentarité, Thomas Denfer l’assure : « nous avons tendance à l’orienter vers un expert-comptable », professionnel du chiffre et du conseil, pour recevoir un accompagnement adapté à sa situation.

Rebondissant sur cette peur du tribunal évoquée plus haut par l’expert-comptable, le président du CNGTC le reconnaît lui aussi : malgré ce travail de prévention, franchir physiquement les portes d’un tribunal peut terrifier. « L’intérêt d’avoir des outils numériques en complément de ce qui existe en présentiel », précise Thomas Denfer, c’est aussi de permettre au dirigeant de « franchir cette porte en ligne » via le Tribunal digital. Cet espace dématérialisé, véritable porte d’accès en ligne aux 141 tribunaux de commerce français, rend la justice commerciale accessible à tous, à tout moment, et permet par exemple à l’entrepreneur d’utiliser les mécanismes de prévention des difficultés directement en ligne, de saisir le président du tribunal ou encore de réaliser une demande de rendez-vous. Une voie parallèle moins traumatisante, reconnaît Thomas Denfer.

Dans le prolongement, les experts-comptables développent eux aussi des outils numériques. Il y a par exemple Business Story prévention, un dispositif de pré-diagnostic des difficultés des entreprises, conçu par le CNOEC et mis à la disposition de l’ensemble des cabinets d’expertise-comptable.

Quand il s’agit de prévention, « le plus important, c’est la fraicheur de l’information », pointe Jean-Luc Flabeau. Mut but est de travailler avec les données les plus récentes permettant d’avoir une vision actuelle de la situation de l’entreprise et potentiellement d’anticiper les actions, l’Ordre travaille actuellement sur de nouveaux outils plus prédictifs, basés sur la data, offrant ainsi la possibilité de croiser un maximum d’informations. Un dispositif qui fait assurément écho à l’une des missions premières des greffiers, à savoir la sécurisation juridique de l’économie, à travers la tenue de différents registres de publicité légale, et la mise à disposition du public d’une information fraiche et certifiée.

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