Article précédent

15/07/2024 17:04:06
1
10
5103
70
0
Le CSM prévoit lui aussi de publier une charte de déontologie plus tard dans l'année
7151
4597
4766
(78) Surpopulation, difficultés de prise en charge des malades, travaux : le barreau de Versailles a rendu son rapport sur la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy
Soulignant les importants
travaux déjà réalisés, les bâtonniers ayant visité l’établissement
pénitentiaire ont néanmoins mentionné les « conditions déplorables de
surpopulation ».
Edifiant. Le JSS a pu avoir accès au
rapport de visite de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, réalisée le 31 janvier
dernier par le bâtonnier Raphaël Mayet, aux côtés de Frédéric Champagne, bâtonnier
2020-2021, et en présence du personnel de direction ainsi que les soignants et surveillants de
la prison.
D’après les observations établies à cette occasion, le taux d’occupation dans l'établissement pénitentiaire s’élèverait aujourd'hui à 181 %, contre 153 % à la même période l'an dernier. Un chiffre d’autant plus inquiétant qu’il est en réalité sous-évalué, des travaux en cours au moment de la visite réduisant le nombre de cellules disponibles.
Le barreau de Versailles estime ainsi que la
maison d’arrêt, en ne comptant que les cellules habitables, est en réalité
remplie à 200 %. « Cela signifie très concrètement que près de 60
cellules destinées à un encellulement individuel sont occupées par trois
personnes qui y vivent de façon continue en se partageant 9 m² »,
déplore le barreau, qui parle d’une situation « [inacceptable] au regard de
l’exigence minimale de dignité des conditions de détention ».
La situation pourrait encore empirer
Constat avéré lors
de la visite des quartiers de détention classiques de la prison : le barreau
dénonce en effet dans son rapport des « conditions déplorables de suroccupation »,
lesquelles ne permettent pas aux détenus « d’avoir un espace vital nécessaire et
des conditions de vie dignes en détention ». L’étroitesse des cellules en parallèle du surnombre rend par ailleurs impossible la prise de repas en commun pour les codétenus. Aucun réfectoire n’a pour l’heure été aménagé. Sur
ce point, l’Ordre redoute une détérioration de la situation en raison des
travaux en cours.
Du côté du quartier
disciplinaire, le barreau de Versailles note la propreté « convenable »
des cellules, mais soulève les problèmes de conception de la salle d’audience.
Celle-ci impose en effet au détenu de rester debout durant toute la durée de
l’audience, « ce qui le met dans une situation de vulnérabilité »,
estime l’Ordre, qui demande l’installation d’un strapontin ou d’un tabouret
pour permettre au prisonnier de s’asseoir lorsqu’il n’a pas la parole.
L’état des sanitaires est, lui, jugé « variable », certaines douches étant très entartrées et
présentant de la moisissure. Point rassurant toutefois : dans l’ensemble
des lieux de vie, les bâtonniers font remarquer qu’ils n’ont pas constaté la
présence d’insectes ou de rongeurs nuisibles.
En ce qui concerne les
parloirs, l’Ordre remarque un accès compliqué à ceux réservés aux familles,
« notamment pour les personnes à mobilité réduite », puisque les
locaux ne permettent pas d’y accéder en fauteuil roulant. Le parloir
parents/enfants est en revanche, selon les bâtonniers, « aménagé de façon adéquate pour
que les détenus parents puissent recevoir la visite de leurs enfants ». Ce qui n'est pas le cas des locaux de fouille à la sortie du parloir avocat, ces derniers étant pourvus de portes vitrées qui les rendent visibles
depuis les lieux de passage. Un point déjà signalé par le Contrôleur général
des lieux de privation de liberté (CGLPL) en 2022.
La prise en charge des
troubles mentaux pas adaptée
Les bâtonniers relèvent
également la problématique de l’accès aux soins des détenus, principalement en
cas d’incarcération d’une personne nécessitant à son entrée dans la prison un
avis médical urgent. « Si l’arrivant se présente à la maison d’arrêt
tard dans la soirée ou le week-end, il n’est pas visité immédiatement par un
médecin, et la question peut se poser de savoir si le nouvel arrivant ne
devrait pas passer par le service des urgences de l’hôpital pour bénéficier de
cet avis médical urgent », recommande l’Ordre.
Dans son rapport, le barreau
de Versailles insiste en particulier sur la question de la santé mentale des
détenus, « question particulièrement importante » selon lui. Les
malades « ne peuvent pas être transférés dans une unité hospitalière
spécialement aménagée à bref délai, puisqu’il nous a été indiqué que des délais
d’attente de trois à quatre mois étaient nécessaires pour bénéficier de l’accès
à une telle structure » située au groupe hospitalier Paul Guiraud de
Villejuif, constate le barreau de Versailles, qui rappelle que « ces
structures sont les seules adaptées à l’accueil de détenus souffrant de
troubles mentaux ».
À
lire aussi : À quoi ressemble la première structure d’accompagnement vers la
sortie inaugurée par Éric Dupond-Moretti à Noisy-le-Grand ?
Pour remplacer cette
structure, les détenus qui doivent faire l’objet d’une hospitalisation sous
contrainte sont transférés une à deux fois par semaine dans les établissements
de santé mentale du département, et sont placés à l’isolement. Cela « constitue
une atteinte à leurs droits fondamentaux qui n'est pas justifiée », dénonce
le barreau.
Ce dernier note néanmoins la
prise en compte de certains points soulevés par le CGLPL. Une rénovation du
système électrique a permis l’installation de plaques chauffantes en lieu et
place de réchauds artisanaux qui augmentaient les risques d’incendie. En outre, des
tablettes numériques ont été installées dans plusieurs cellules pour permettre
aux détenus de gérer leur comptabilité et leur bon de cantine. Quant aux cuisines,
elles ont été considérées dans un état « satisfaisant », à
rebours des constatations du CGLPL qui, en 2022, l’avait jugé « insalubre ».
La nourriture était distribuée « à température acceptable », contrairement, là encore, aux constats dressés en 2022.
Le barreau résume que « si
des travaux de rénovation ont été réalisés de manière importante et effective, permettant ainsi aux détenus de disposer dans leur cellule, pour beaucoup, de
plaques chauffantes et de glacières électriques, il n’en reste pas moins que la
surpopulation carcérale ne permet pas, à chaque détenu, d’être privé de sa
liberté dans des conditions de dignité minimale nécessaire ».
Une fin de travaux prévue en
2025
Cette visite organisée en
début d’année faisait suite aux recommandations formulées en urgence par le
Contrôleur général des lieux de privation de liberté en octobre 2022, lui-même
en visite un mois auparavant. Le CGLPL y dénonçait « un établissement
surpeuplé et des conditions d’enfermement indignes ». Entraves à
l'accès aux soins, recours excessif aux mesures de contrôle et de contrainte et
désorganisation générale de la détention étaient entre autres mentionnés. Le
contrôleur faisait notamment remarquer que « les détenus ne
[disposaient] pas d’un espace suffisant pour vivre et se mouvoir en cellule »
et que « les diners étant distribués à partir de 17 heures, la plupart
des détenus mangent froid ».
En avril 2023, cinq barreaux
d’Île-de-France avaient saisi la justice et obtenu que l’État soit contraint
par le tribunal administratif de Versailles à appliquer rapidement des mesures
pour lutter contre l’insalubrité des locaux. Cela avait provoqué le lancement
de travaux qui devraient s’achever au premier semestre 2025.
Alexis
Duvauchelle
THÉMATIQUES ASSOCIÉES
Les plus vus
Au cœur de l'actualité !
Infos locales, analyses et enquêtes : restez informé(e) sans limite.
Abonnez-vous à la Newsletter !
Recevez gratuitement un concentré d’actualité chaque semaine.
0 Commentaire
Laisser un commentaire
Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *