La conquête spatiale à l’épreuve du développement durable


vendredi 2 août 20193 min
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Lorsque l’aventure spatiale éclot en 1957 avec le lancement de Spoutnik, l’enjeu est avant tout militaire et scientifique. L’objectif premier des pionniers, tels que les États-Unis et la Russie, est en effet de démontrer leur puissance militaire, et la guerre froide sera surtout marquée par des records de lancements.


Aujourd’hui, c’est une rivalité d’une toute autre nature qui se joue : elle est technologique. En effet, grâce aux missions spatiales, et ce n’est qu’un exemple, la médecine bénéficie d’avancées considérables, partant, nous guérissons ou vivons mieux et plus longtemps. C’est aussi grâce aux satellites que l’on peut regarder en direct la Coupe du monde de football quel que soit l’endroit où l’on se trouve sur la planète, que nous bénéficions d’Internet, des nombreux progrès en météorologie, et que l’on assure la sécurité aérienne et bien sûr la défense militaire.  


C’est peu dire que lorsque le 20 juillet 1969, Neil Armstrong marche pour la première fois sur la Lune, autre symbole de la conquête de l’espace, les hommes sont loin d’imaginer les bouleversements que tout cela allait engendrer. Mais tout progrès s’accompagne de sa part d’ombre. Aussi, pour éviter de commettre les erreurs du passé en matière de protection de notre environnement, nous devons nous soucier des conséquences de l’activité spatiale dont tout porte à croire qu’elle ne peut que s’accélérer dans les années à venir et des solutions à apporter.


L’on sait que l’impact environnemental de l’exploration spatiale est réel (I), mais en dépit du cadre juridique en place (II), il nous revient de protéger durablement notre univers (III).


 


La pollution liée aux activités spatiales


Contrairement à ce que l’on suppose, il existe déjà une véritable pollution liée à l’activité spatiale, qui se fait à deux niveaux, générée par les lancements réalisés depuis 1957.
En effet, en un peu plus d’un demi-siècle, ce ne sont pas moins de 5
 000lancements réalisés dans l’espace, 23 000débris de la taille d’une balle de baseball, 500 000objets d’un centimètre et un milliard d’objets d’une taille inférieure (1) qui peuplent dorénavant l’espace.


L’exploration spatiale a une double conséquence, car les débris peuvent avoir un impact dans l’espace à proprement parler mais également sur la terre. Cela se traduit par des dommages environnementaux, par des dommages à la propriété, ainsi que par un risque pour les populations exposées à ces débris. Rolf Densing, directeur des opérations de l’agence spatiale européenne, estimait en 2017 le nombre de débris à 750 000 (2). Si leur taille varie considérablement, il n’en demeure pas moins que chaque débris peut endommager une station ou un satellite. Ainsi, en 2016, le Centre d’orbitographie opérationnelle du CNES répertoriait plus de deux millions d’alertes collisions (3). Cette année-là, 17 manœuvres de satellites français et européens ont été nécessaires. Par ailleurs, si la majeure partie des débris se désintègre à leur entrée dans notre atmosphère, 10 à 20 % atteignent la surface de la Terre.


Certes on ne recense à ce jour aucun incident majeur, mais dans l’immédiat, on ne mesure pas encore très bien les conséquences pour les populations. Toutefois, ces débris ont nécessairement une incidence sur notre vie « à terre » puisque certains déchets quittent le champ de gravitation et retombent sur la planète Terre, la polluant davantage, et on ne parle pas des engins s’abîmant dans les océans avec des conséquences que nous sommes aujourd’hui malhabiles encore à mesurer.


Enfin, il faut aussi garder à l’esprit que les lancements spatiaux peuvent avoir des conséquences plus immédiates pour notre environnement terrestre. En France, par exemple, la question de l’impact de l’activité spatiale guyanais (CSG) sur la faune avoisinante est posée par certains qui redoutent que ne soit rompue l’harmonie de la faune et de la flore (4).


On voit bien que l’intensité de l’activité spatiale ne manquera pas d’avoir des conséquences que l’on mesure encore mal, c’est la raison pour laquelle il convient de tout mettre en œuvre pour en limiter la portée.



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