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La juridiction a considéré
que si le collectif avait en effet incité à la violence à l’encontre de biens,
la mesure de dissolution « ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire
et proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d’être portés à l’ordre
public ».
C’est un gros revers pour le
gouvernement. Le Conseil d’État a annoncé, ce jeudi 9 novembre, l’annulation de
la dissolution du collectif Les soulèvements de la Terre, décidée en conseil
des ministres le 21 juin dernier. La décision avait provoqué au début de l’été
la saisie du Conseil pour « excès de pouvoir » par le collectif ainsi que par
plusieurs associations, particuliers et partis politiques, comme Europe
écologie – Les verts. La plus haute juridiction de l’ordre administratif avait
déjà suspendu cette
dissolution au mois d’août, dans l’attente d’un jugement au fond,
intervenu donc aujourd’hui.
Dans un communiqué publié ce
jour, le Conseil d’État a tenu à rappeler que le fait de dissoudre une
organisation « porte une atteinte grave à la liberté d’association,
principe fondamental reconnu par les lois de la République. Elle ne peut donc
être mise en œuvre que pour éviter des troubles graves à l’ordre public. »
La juridiction a considéré
qu’« aucune provocation à la violence contre les personnes ne pouvait
être imputée aux Soulèvements de la Terre ». Admettant néanmoins que
le collectif relayait « avec une certaine complaisance » des
images d’affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, notamment
contre la construction des bassines à Sainte-Soline, il a cependant affirmé que
cela « ne constituait pas une revendication, une valorisation ou une
justification de tels agissements ».
Le Conseil d’État a estimé en
revanche que Les soulèvements « se sont bien livrés à des provocations
à des agissements violents à l’encontre des biens », acte entrant bien
dans le champ d’une dissolution. Cependant, la juridiction a estimé que la
dissolution « ne constituait pas une mesure adaptée, nécessaire et
proportionnée à la gravité des troubles susceptibles d’être portés à l’ordre
public au vu des effets réels qu’ont pu avoir leurs provocations à la violence
contre des biens, à la date à laquelle a été pris le décret attaqué ».
L’autorité administrative a
également profité de cette décision pour préciser les critères justifiant la
dissolution d’une association d’un groupement. Depuis 2021, l’article L212-1 du
Code de la sécurité intérieure permet de dissoudre une
association ou un mouvement en cas d’« agissements violents à
l’encontre des personnes ou des biens ». « Une dissolution est
justifiée à ce titre si une organisation incite, explicitement ou
implicitement, par des propos ou des actes, à des agissements violents de
nature à troubler gravement l’ordre public », a expliqué le Conseil
d’État, citant comme exemples le fait de légitimer publiquement des agissements
d’une gravité particulière, ou de ne pas modérer sur ses réseaux sociaux des
incitations explicites à commettre des actes de violence. Autre raison valable
pour dissoudre une association selon le Conseil d’État : celle « qui
provoque ou contribue à la discrimination, à la haine ou à la violence envers
les personnes en raison notamment de leurs origines ou de leur identité ».
Alexis
Duvauchelle
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