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L’hydrogène décarboné fait l’objet d’un cadre juridique en
cours de déploiement depuis plusieurs années, tant en termes de planification
que de règlementation.
L’hydrogène est aujourd’hui largement
produit à partir d’énergies fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole...) via des
procédés fortement émetteurs de gaz à effet de serre. Mais il peut également
être produit par électrolyse de l’eau, à partir d’électricité décarbonée ou
renouvelable. L’hydrogène est alors dit « décarboné », car ni sa
production ni son utilisation n’émettent de CO2.
L’objectif est d’inscrire l’hydrogène
décarboné comme fondement d’un cercle économique et environnemental vertueux.
L’hydrogène décarboné représente ainsi un enjeu à la fois scientifique,
technologique, environnemental et économique.
L’hydrogène décarboné doit permettre
de servir les objectifs que la France s’est fixés en matière de développement
des énergies renouvelables et de réduction des émissions de gaz à effet de
serre et des polluants, tout en étant compétitif. Il s’agit de créer et
structurer un écosystème industriel de pointe qui soit compétitif à
l’international.
Le plan hydrogène présenté dès
2018 par Nicolas Hulot, ministre d’État, ministre de la Transition écologique
et solidaire, a pour objectif d’accompagner l’innovation et les premiers
déploiements industriels de l’hydrogène décarboné, pour être prêt à en faire un
pilier de la transition énergétique à moyen terme. Il fixe ainsi des objectifs
de développement de l'hydrogène dans la transition énergétique.
Le plan hydrogène part du constat que
l’hydrogène est actuellement utilisé en raison de ses propriétés chimiques dans
l’industrie pétrolière, et dans l’industrie chimique (consommation française de
l’ordre de 900 000 tonnes par an qui engendre de l’ordre de 9 millions de
tonnes de CO2 par an). Cette molécule présente
cependant un intérêt énergétique majeur qui n’est pas exploité aujourd’hui.
L’hydrogène peut être utilisé pour la production d’énergie sur le réseau, ou
dans les transports, et c’est une solution pour le stockage de l’énergie,
notamment de l’électricité, ce qui sera le défi des systèmes énergétiques du 21e siècle.
En outre, grâce aux progrès de la
technologie de l’électrolyse, il peut être produit de façon décarbonée,
économique, et contribuer aux objectifs que la France s’est fixés, en
particulier pour la poursuite de la transition énergétique vers la neutralité
carbone à l’horizon 2050.
Le plan repose sur les forces de la
filière française, particulièrement présente dans la production d’hydrogène, et
cherche avant tout à « verdir » les usages industriels existants de
l’hydrogène, en commençant par les usages les plus proches de la rentabilité
économique. En capitalisant sur ces développements, il sera alors possible de
développer les nouveaux usages, liés à la mobilité, d’abord autour de flottes
captives, puis de stockage de l’énergie renouvelable dans le réseau de gaz,
lorsque le besoin apparaîtra.
Ce plan nourrira la stratégie du
gouvernement en matière d’hydrogène qui aura vocation à se traduire en
particulier dans la Programmation Pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour la
période 2019-2028, et dans les PPE qui seront réalisées pour chacune des zones
non interconnectées au réseau métropolitain.
La feuille de route hydrogène se
structure ainsi autour des trois axes suivants :
AXE 1 : Production d’hydrogène par
électrolyse pour l’industrie, phase d’amorçage du plan français. Le plan
français propose de démarrer la courbe d’apprentissage de la filière
électrolyse sur la production de l’hydrogène à usage industriel en mettant en
place des dispositifs de soutien public au déploiement, qui viendront en
complément des soutiens déjà existants sur la R&D et l’innovation.
AXE 2 : Une valorisation par des usages de
la mobilité en complémentarité des filières batterie.
AXE 3 : Un élément de stabilisation des
réseaux énergétiques sur le moyen-long terme. À un horizon plus lointain
(>2035), l’hydrogène sera un élément de stabilisation des réseaux
énergétiques. Outre les expérimentations d’injection d’hydrogène dans les
réseaux de gaz à accélérer, des premières expérimentations et premiers
déploiements de services au réseau électrique pourront être lancés dans les
zones non interconnectées (ZNI) dont le contexte différent rend cette
technologie potentiellement plus intéressante plus rapidement.
Le soutien apporté par l’État à la
filière, ces dernières années, a ainsi été important :
• le programme d’investissements
d’avenir (PIA) a mobilisé plus de 100 millions d'euros en soutenant la mise en
œuvre de démonstrateurs et la prise de participation dans des entreprises à
fort potentiel ;
• l'agence nationale de la recherche
(ANR) a soutenu la recherche publique en mobilisant plus de 110 millions
d'euros sur les dix dernières années ;
• Bpifrance a accompagné de nombreuses
start-up ou des PME dans leurs projets d’innovation et de développement
technologiques ;
• l’Ademe a soutenu le déploiement de
la mobilité hydrogène en apportant 80 millions d'euros ;
• la Banque des Territoires a soutenu
des projets de déploiements portés par les collectivités.
Dans le cadre du plan de relance
« France Relance », la ministre de la Transition écologique, Barbara
Pompili, et le ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, Bruno Le
Maire, ont présenté, en septembre 2020 la stratégie nationale pour le développement
de l’hydrogène décarboné en France.
La stratégie pour le développement de
l’hydrogène décarboné constitue un axe prioritaire d’investissement pour la
France, compte tenu :
• des enjeux environnementaux :
l’hydrogène est pourvoyeur de nombreuses solutions pour décarboner l’industrie
et les transports ;
• des enjeux économiques :
l’hydrogène offre l’opportunité de créer une filière et un écosystème
industriels créateurs d’emplois ;
• des enjeux de souveraineté énergétique :
pour réduire notre dépendance vis-à-vis des importations d’hydrocarbures ;
• des enjeux d’indépendance
technologique : pour valoriser les atouts dont dispose la France dans la
compétition mondiale.
Dotée d’une enveloppe significative
de 2 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance, la stratégie pour le
développement de l’hydrogène décarboné s’étend au-delà de la période
2020-2022 et fixe une trajectoire qui court jusqu’en 2030 avec au total
7 milliards d’euros de soutien public.
La stratégie fixe ainsi trois
priorités.
Première priorité : décarboner
l’industrie en faisant émerger une filière française de l’électrolyse
• Faire émerger une filière française
de l’électrolyse : la stratégie retient l’électrolyse
qui apparaît comme le plus prometteur des procédés, sur lequel la France
dispose déjà d’industriels à fort potentiel. Le marché de la production
d’hydrogène décarboné par électrolyse doit évoluer vers des projets de plus
grande taille et de plus importante capacité. La France se fixe ainsi un
objectif de 6,5 GW d’électrolyseurs installés en 2030.
• Décarboner l'industrie en remplaçant
l'hydrogène carboné : l’objectif est de remplacer les procédés de production à
partir de combustibles fossiles pour décarboner cet hydrogène. C’est un des
axes de la programmation pluriannuelle de l’énergie.
Deuxième priorité : développer
une mobilité lourde à l’hydrogène décarboné
• Développer une offre de mobilité
lourde à l’hydrogène : particulièrement adaptées aux véhicules lourds, les technologies
de l’hydrogène offrent une capacité de stockage complémentaire à celle des
batteries électriques. L’hydrogène répond aux besoins de fortes puissances
motrices ou aux besoins de longue autonomie, notamment pour les flottes
captives parcourant de longues distances à flux tendus. Le déploiement de
l’hydrogène sur ce segment répond à l’objectif de décarbonation de ces
mobilités dites « lourdes ».
• Développer des projets territoriaux
d’envergure en incitant à mutualiser les usages : pour accélérer le déploiement des
mobilités professionnelles à l’hydrogène sur le territoire national, la
stratégie propose la mutualisation de la demande, à la fois dans le secteur
industriel et dans celui de la mobilité, à l’échelle des territoires. Il s'agit
de faire émerger des partenariats forts entre collectivités et industriels afin
de synchroniser au mieux l’émergence de l’offre et le développement des usages.
Troisième priorité : soutenir
la recherche, l’innovation et le développement de compétences afin de favoriser
les usages de demain
• Soutenir la recherche et
l’innovation :
pour accélérer la préparation de la future génération des usages de
l’hydrogène, la stratégie propose un ensemble d’outils qui permettront de
poursuivre l’effort de R&D dans le domaine de l’hydrogène et rester à la
pointe au niveau international, la France possédant une recherche de premier
plan dans ce domaine, de soutenir l’innovation en faveur de l’industrialisation
de nouvelles technologies.
• Développer les compétences : la stratégie mise sur le
renforcement des compétences, afin de soutenir le développement des usages de
l’hydrogène sur le territoire. L’enjeu est de former à la spécificité du gaz
hydrogène et de ses utilisations, aux composants et aux modalités
d’intervention.
En janvier 2021, l’installation du
nouveau Conseil national de l’hydrogène a été annoncée, afin d’assurer la mise
en œuvre de la Stratégie nationale pour le développement de l’hydrogène
décarboné. Ce nouveau conseil devra structurer les échanges entre l’État et les
parties prenantes (en particulier les filières industrielles) de la mise en
œuvre de la stratégie, et identifier les éventuels freins.
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