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Celui qui enseignait à Assas
depuis 1969 s'est éteint le 27 mai dernier à l'âge de 93 ans. Élu à l'Académie
des sciences morales et politiques, il a contribué à une série de propositions
de réformes du droit des obligations.
François Terré, figure
emblématique du droit privé français, est décédé ce lundi 27 mai à l'âge de 93
ans. Membre de l'Académie des sciences morales et politiques depuis 1995, il a
marqué de son empreinte plusieurs générations d'étudiants et de professionnels
du droit. Né le 23 juillet 1930, François Terré était agrégé de droit privé,
docteur en droit et licencié ès lettres.
Lui rendant hommage sur X
(ex-Twitter) Vanessa Bousardo, vice-bâtonnière du Barreau de Paris a déclaré
que François Terré « fut l’un des plus grands pédagogues et penseurs du
droit privé ». Sacha Houlié, président de la commission des Lois
ajoute qu’il était « une forme d’apôtre » du droit civil. L’Académie
des sciences morales et politiques lui rendra un hommage en séance le 3 juin
2024.
François Terré débute sa
carrière en tant qu'avocat à la cour d'appel de Paris de 1954 à 1957, avant de
se tourner vers l'enseignement. De 1955 à 1957 il est chargé de cours à la
faculté de droit de Strasbourg, avant d’obtenir l'agrégation de droit et son
détachement à la faculté de droit du Cambodge, de 1957 à 1959. Il poursuit son
parcours académique comme professeur à la faculté de droit de Strasbourg de
1959 à 1963, à Lille de 1963 à 1968, à Nanterre de 1968 à 1969, avant de finalement
rejoindre Paris 2 Panthéon-Assas en 1969, où il deviendra professeur émérite en
1999.
Son héritage continue
d'influencer le paysage juridique français, notamment grâce à son ouvrage Introduction
générale au droit (Dalloz, 1991), dont il est le coauteur, incontournable
pour tous les étudiants de première année à l'université. Parmi ses autres
ouvres, on compte ses Réflexions sur la loi bioéthique (Mare Martin,
2012) et Le dictionnaire insolite du droit (LGDJ, 2016).
Conseiller technique du
ministre de la Justice
En parallèle de sa carrière
académique, François Terré joue également un rôle crucial dans l'administration
publique. Il est conseiller technique auprès de Jean Foyer, ministre de la
Coopération de 1960 à 1962, puis garde des Sceaux de 1962 jusqu’à 1967. Pendant
cette période, il contribue notamment à la rédaction de la loi du 24 juillet
1966, qui modifie le droit des sociétés commerciales. En 1967, Marie-France
Garaud, conseillère de Georges Pompidou, lui suggère de se lancer en politique,
proposition qu'il décline. Commandeur de la Légion d’honneur et chevalier de
l’ordre national du Mérite, François Terré a été chroniqueur et éditorialiste
pour Le Figaro pendant plus de trente ans.
À lire aussi : Réforme du droit des contrats : c’est fini !
Un de ses grands faits
d'armes est la direction d'un groupe de travail au sein de l’Institut de
France, plus précisément à l'Académie des Sciences morales et politiques,
section « Législation, droit public et jurisprudence », qui propose à la fin
des années 2000 une série de réformes du droit des obligations. En 2008, le
ministère de la Justice présente un projet de réforme du droit des contrats
s'appuyant sur ce rapport. À la suite de l'habilitation accordée au
gouvernement pour réformer le droit des obligations par voie d'ordonnance, un
nouveau texte intégrant les propositions du « comité Terré » est
soumis à consultation publique. Ces travaux aboutissent à l'ordonnance n°
2016-131 du 10 février 2016 portant réforme du droit des contrats, du régime
général et de la preuve des obligations.
Romain
Tardino
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