Noëlle Lenoir, première femme directrice de cabinet d’un garde des Sceaux


mardi 6 octobre 20202 min
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Le nouveau garde des Sceaux vient de nommer une directrice de cabinet (1). Elle est seulement la troisième femme à assumer cette fonction et la seule magistrate. C’est l’occasion de se souvenir de la première à avoir accédé à cette responsabilité : Noëlle Lenoir.

Celle-ci naît à Neuilly-sur-Seine le 27 avril 1948. Issue d’une famille de juristes, elle grandit dans le milieu judiciaire : un arrière-grand-père président de chambre à la cour d’appel de Nancy, une grand-mère émigrée russe avocate en France dès 1909, un père avocat, une tante bâtonnière. Avec humour, elle plaide : « j’ai de lourds antécédents judiciaires (2) ».

Naturellement, elle entame des études de droit à l’université d’Assas en 1967, et poursuit en 1969 à Sciences Po. Sa famille la soutient beaucoup dans ses études : « ma mère et mon père avaient vraiment envie que je réussisse en tant que femme, la transmission générationnelle a énormément compté ».

Elle passe le concours d’administratrice du Sénat en 1972 et rejoint la Commission des lois en 1975, où elle est en charge des textes de droit pénal et du suivi du budget de la Justice. Après avoir été directrice juridique de la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), en 1982, elle intègre le Conseil d’État au tour extérieur en 1984 en tant que maître des requêtes, avant de devenir commissaire du gouvernement.

Pionnière à plusieurs reprises au cours de sa carrière (3), un des premiers postes qu’elle conquiert est celui de directrice de cabinet du garde des Sceaux. Elle ignore pourquoi le Conseil d’État, vivier de la haute fonction publique, lui propose ce poste, jamais dévolu à une femme. Elle l’accepte « par principe », consciente que trop souvent les femmes refusent les responsabilités par autolimitation.

Le 4 novembre 1988, à 40 ans, elle prend la tête d’une équipe déjà constituée de 12 personnes dont huit femmes, du jamais vu à l’époque.

Elle se met au service de Pierre Arpaillange ; devenu garde des Sceaux le 12 mai 1988. Elle apprécie ce magistrat, fils d’instituteur qui, sous l’ère mitterrandienne, affirme son attachement au respect des droits de l’homme. Lui-même avait été directeur de cabinet de trois ministres de la Justice gaullistes, mais aussi directeur des Affaires criminelles et des Grâces, et enfin procureur général près la Cour de cassation depuis 1984.

 

 

 

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